
Disparition du Chef service de l’administration et des finances de l’hôpital de Zone de Savè : Le bureau du Csaf, une »banque » illégale, l’hypothèse d’une fuite organisée
À l’hôpital de Zone de Savè, le Chef service de l’administration et des finances (Csaf) est introuvable depuis plus de deux semaines. Cette disparition soudaine était en première ligne dans la grille des observations des pôles de journalistes spécialisés au Département enquête et investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel. Cette disparition du Csaf ne pouvait d’ailleurs pas passer inaperçue. Dans les allées de l’hôpital de zone de Savè, les bruits de couloir se faisaient entendre. Ici et là, l’absence prolongée du Csaf au poste alors même qu’aucun titre de congé, de permission, de vacance et de mise en disponibilité n’avait été signé, nourrissait aussi des questions. Où est-il passé ? Pas de réponses fiables à cette question posée à maintes reprises par les agents du Dei de Le Potentiel aux potentiels cibles qui, de par leurs profils, étaient censées fournir des éléments de réponse. Nos interlocuteurs aussi sont plongés dans des questionnements. Les essais de réponses dans lesquels ils s’inscrivent écartent d’office deux hypothèses et renforcent une troisième. Les deux premières hypothèses amenaient à penser que le Csaf s’est absenté de son poste en raison d’un accident grave et ou des problèmes majeurs en famille. La troisième hypothèse, celle qui semble se confirmer, postule que le Csaf a organisé une fuite volontaire vers une destination inconnue.
*De l’argent liquide au bureau, ça a donné des idées au Csaf !*

Pour qu’un agent recruté et placé dans une fonction de direction comme celle de Chef service de l’administration et des finances n’en arrive à prendre la décision de fuire, c’est qu’il s’est donné les moyens de sa fuite. Personne ne disparaît les mains vides. Même dans les scénarios les plus impensables, cette piste ne tiendra pas plus d’une seconde. Fuir les mains et les poches vides, c’est signer de facto son arrêt de mort. Et dans le cas d’école qui met sur scène l’hôpital de zone de Savè, rien n’oblige à penser que le Csaf a pris la poudre d’escampette les mains et les poches vides. Ce n’est pas non plus parce qu’on n’est ni marié et qu’on n’a pas d’enfants qu’on se volatilise dans la nature comme un aventurier qui laisse son gagne pain d’ici pour aller à la recherche d’un mieux ailleurs. Les sources croisées approchées par le Dei laissent entendre que le Csaf serait parti en emportant avec lui plusieurs millions de francs CFA. « 4 à 8 millions FCFA ou un peu plus », lâche une source parlant du montant qu’aurait emporté le Csaf. Les fonds volatilisés concomitamment à la disparition du Csaf seraient le cumul des avantages des agents et des recettes non versées. Ainsi donc, à en croire les sources qui évoquent l’origine des fonds emportés, le Csaf gardait de l’argent liquide au bureau. D’autres sources renseignent que quelques jours avant sa disparition, le Csaf s’était rendu à la banque, aurait retiré une forte somme en espèce. Cet argent liquide devait servir à payer en espèce certains avantages des travailleurs de l’hôpital. Les mêmes sources laissent entendre que les recettes en liquidité devraient être versées au trésor. Faute de connexion au moment du versement, le Csaf aurait gardé par devers lui les gros montants. L’estimation faite en cumul des avantages à payer aux travailleurs et des recettes non versées au trésor n’est pas précise. Certaines sources sont presque formelles, le Csaf serait parti avec au moins 5 millions FCFA et au plus 10 millions FCFA. Il s’agit cependant d’une estimation qui reste à confirmer au bout d’un processus rigoureux d’enquête approfondie. Toutefois, la situation de la disparition du Csaf avec de l’argent liquide soulève des questions sur la gouvernance financière à l’hôpital de Zone de Savè. Qui a autorisé le décaissement des fonds que le Csaf devrait utiliser pour payer les avantages des travailleurs ? Trainer l’argent liquide d’une certaine hauteur chez soi et dans l’administration est interdit. Ce retrait d’argent viole de fait les principes de bonne gouvernance. De ce fait, tous les acteurs impliqués dans la chaîne des finances de cet hôpital ont assurément des comptes à rendre. Il en est de même pour les recettes non versées au trésor pour défaut de connexion. C’est tentant, on le sait. L’argent peut faire perdre la raison par moment. C’est pour cela que les règles de bonne gouvernance et de sécurisation des ressources interdisent la détention hors système financier formel d’importantes sommes d’argent. Toute cette histoire laisse finalement croire que le Csaf ne pouvait pas disparaître avec autant d’argent sans bénéficier d’un réseau de complicité interne. Est-il seul à valider des ordres de décaissement ? Qui et qui ont signé les ordres de décaissement des avantages des travailleurs par exemple ? À qui devrait-il rendre compte dès qu’il n’a pas pu verser les recettes au trésor pour défaut de connexion ? Cette personne ou ces personnes ont-elles été informées ? Si oui, qu’ont-elles fait ou pris comme mesure pour éviter que ces fonds ne séjournent aussi longtemps dans le bureau du Csaf? Autant de questions qui se posent. Sur ces questions, la Brigade économique et financière (Bef) devra s’atteler à ouvrir une enquête, écouter les responsables de l’hôpital à divers niveaux, chercher à démasquer d’éventuels réseaux de complicité. Aucun crime n’étant parfait, celui-ci a certainement laissé des failles. Si des degrés de fautes sont établis, la Bef, bras opérationnel de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) aidera ainsi la justice à sanctionner les auteurs.
B. K. S
