
Sélection des opérateurs pour la gestion des cantines scolaires : Anan : des irrégularités dénoncées dans l’attribution du lot 11
L’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) est attendue pour arbitrer un litige dans l’attribution des marchés au niveau de l’Agence nationale de l’alimentation et de la nutrition (Anan). Au cœur de la procédure, une dénonciation de violations de la réglementation, et ou des clauses du dossier d’appel n°008/2025/PR/ANAN/DG/DAF/PRMP/A-PRMP du 04 avril 2025 relatif à la sélection des opérateurs pour la gestion des cantines scolaires (accord cadre triennal à bons de commande). Plus spécifiquement, c’est le lot 11 de ce vaste marché qui alimente les débats. À l’initiative de la procédure de contestation, l’organisation non gouvernementale dénommée Centre de recherche et d’expertise pour le développement local (Credel).

21 février 2025. L’Anan publie sur le portail web des marchés publics l’appel sus visé. Comme toutes structures répondant aux qualifications requises suivant le dossier d’offre, Credel va soumissionner. 18 août 2025. La Personne responsable des marchés publics (Prmp) de l’Anan va notifier, par courrier, à Credel la non attribution du lot 11 . « Nous avons été recalés au motif que notre offre n’est pas économiquement la plus avantageuse », confient des sources proches des responsables de Credel interrogés par notre rédaction. Chose curieuse, « aucune mention n’a été faite sur le plan technique de notre offre » alors que ce lot 11 a été attribué à une autre organisation. Convaincu que son offre était la meilleure, Credel va contester cette attribution par le recours gracieux n°579/CREDEL/DE/RAF/SA du 20 août 2025. Dans ce recours gracieux, Credel a notifié à la Prmp de l’Anan que son offre était bien économiquement plus avantageuse que celle de la structure concurrente adjudicataire du lot 11. En réponse, la Prmp de l’Anan va apporter des précisions sur le rejet. Il s’agit de la fourniture d’une liste du personnel de 4 superviseurs au lieu de 5 superviseurs. Le dossier de Credel serait ainsi rejeté pour non conformité au dossier d’appel. Pour Credel, il s’agit là d’un motif nouveau avec des variances qui fondent à penser que son dossier n’a pas été examiné en profondeur. Les Termes de référence de l’appel, soutient Credel, ont spécifié qu’un superviseur doit encadrer 5 animateurs ou soit 60 écoles. Il s’ensuit qu’un des mots de ce DAO devrait avoir 4 superviseurs conformément au Tdr de l’appel. Le DAO laisserait par ailleurs la possibilité à chaque soumissionnaire de déterminer les nombres de superviseurs et de médiateurs en fonction du lot choisi. Sur la base d’une lecture globale des termes de l’appel de l’Anan, Credel défend devant l’Armp que la Prmp a »péché » dans l’analyse des offres en appliquant un critère de sélection spécifique à des lots à tous les lots. Une telle approche, soutient-il, devrait conduire au rejet systématique de toutes les offres pour non conformité. Un autre point de grief porté sur le montant total proposé par Credel l’organisation concurrente. Credel a proposé un montant de 268 850 350 FCFA contre 284 072 160 FCFA pour sa concurrente. Credel se demande comment la Prmp de l’Anan a pu attribuer le marché du lot 11 à une structure qui a proposé un coût de prestation nettement plus élevé que celui affiché dans son offre. Les expériences dans le secteur de l’alimentation scolaire dans les zones ciblées par les lots, les justificatifs et autres sont d’autres points en jeu. Se fondant sur ces différents points Credel a saisi l’Armp pour constater une « fantaisie dans l’analyse des offres des soumissionnaires, un obstacle à une participation saine des candidats à une procédure » en violation des dispositions légales régissant la commande publique en République du Bénin. Credel redoute que la validation d’une offre comportant 5 superviseurs au lieu de 4 n’ait des incidences financières de plus de 25 millions FCFA sans réelle base pertinente. Dans cette affaire, le regard attentif de l’Armp, du haut commissariat à la prévention de la Corruption (HCPC) et même le Chef de l’État est appelé. Nourrir les enfants dans les écoles, c’est bien. Mais s’en servir pour des procédures peu orthodoxes ne rend aucun service au programme des cantiques scolaires, soutient Credel. Dans les écoles bénéficiaires du lot 11, les repas sont régulièrement servis aux enfants depuis le premier jour de la rentrée des classes, soit depuis le 15 septembre 2025, fait savoir Credel qui ne comprend pas la raison pour laquelle on se précipite pour attribuer un marché à une autre structure dans des conditions pareilles. La décision finale de l’Armp est attendue pour lever les zones d’ombres dans cette affaire. La suite dans nos prochaines publications. A suivre.
B. K. S
