Choix de gouvernance et positionnement sur les listes de candidatures en 2026 : Talon – Toko, une trajectoire d’amitié abîmée

Un jour pour se rencontrer, tisser des relations, découvrir des centres d’intérêts communs et construire des valeurs à travers l’amitié. Puis un jour, pièce par pièce, tout commence par s’écrouler. Dans les relations humaines comme en politique, le détricotage de tout et absolument tout ce qui a pu unir deux amis peut s’amorcer en douce avec des effets aussi dévastateurs qu’éprouvants. Patrice Talon et Charles Toko semblent désormais être obligés de vivre aussi cette phase difficile de leur relation vieille de plus de 30 ans. Le premier, Patrice Talon, est un richissime homme d’affaires longtemps restés dans les couloirs de la scène politique. En 2016, il monte lui-même sur la scène politique, prenant les premiers rôles et réussissant à se faire élire président de la République. Le second, Charles Toko, journaliste aux plumes osées, s’est reconverti en politique. Lui aussi a connu ses heures de gloire en politique avec des mandats d’élu municipal, de maire de la municipalité de Parakou, puis de député à l’assemblée nationale. L’ascension politique de Charles Toko s’est construite sous les 10 ans de pouvoir du Président Patrice Talon. Lui, qui, hommes d’affaires, avait déjà soutenu son ami journaliste, Charles Toko avec plus de 10 millions FCFA pour le lancement de son quotidien le Matinal. Cette confidence, l’écrivain Tiburce Adagbè l’a si bien étalé dans son ouvrage intitulé  »Mémoires du chaudron ». Loin des confidences livresques, les bonnes relations d’amitié entre Patrice Talon et Charles Toko ont été observées par des témoins vivants. Plusieurs sources décrivent une « relation de confiance et de loyauté », des  »liens d’amitié si forts » et des  »compagnons complices ». À Parakou, ville de Charles Toko, Patrice Talon y trouve une deuxième commune d’appartenance. Lors de ses visites au Nord-Bénin, Patrice Talon loge dans la résidence de Charles Toko, confient les habitants de la cité des kobourous. Il s’agit là, d’éléments visibles, signes d’une bonne amitié et d’entente entre Patrice Talon et Charles Toko.

Et puis, le déclin !!!

Aussi beau qu’il puisse paraître, amour fraternel entre deux personnes connait presque toujours des phases de pause, de rouille et d’extinction au pire des cas. Dans le cas de Patrice Talon et de Charles Toko, l’amitié se conjugue désormais avec distance et froideur, racontent plusieurs observateurs de la vie politique. S’ils ne peuvent confier avec précision les raisons du refroidissement des relations entre le Chef de l’État, Patrice Talon et Charles Toko, les acteurs questionnés ici et là se rabattent sur des évènements tangibles. Deux éléments émergent des analyses, à savoir les intérêts économiques et les intérêts politiques. Le premier (raison économique) découle d’une option de gouvernement entrée dans sa phase réelle en conseil des ministres du 12 novembre 2025. Le compte-rendu dudit Conseil des ministres annonce la constitution du Parc national des Monts Kouffè – Wari Maro. Pour le gouvernement du président Talon, ce projet répond à une politique de conservation des espaces naturels boisés et divers niveaux du territoire national pour créer un réseau des zones protégées. Mais, de l’avis de plusieurs citoyens de la ville de Parakou, la ferme KDK de Charles Toko qui se trouve dans l’arrondissement de Béterou, commune de Tchaourou, est directement menacée par le projet gouvernemental. La ferme de Charles Toko se retrouverait dans le périmètre défini pour la constitution du Parc national des Monts Kouffè – Wari Maro. Si cela se confirme, toute la zone sera déclarée d’utilité publique et les particuliers qui y sont devront plier bagage et dégager. Charles Toko n’échappera pas à cette opération de libération, avec des conséquences sur sa ferme.
Le deuxième élément est politique. Quelques jours après le conseil des ministres du 12 novembre 2025, le parti politique Bloc républicain auquel appartient Charles Toko a géré le dossier des positionnements sur les listes de candidatures aux élections communales et législatives du 11 janvier 2025. Surprise ! Charles Toko n’a pas été positionné. Son nom ne figure ni sur la liste de candidature des élections communales ni sur celle des législatives. Interrogé par nos confrères de Radio Peace FM, Charles Toko dira qu’il s’agit d’un retrait volontaire pour faire la promotion des jeunes. Sauf que cet argument peine à convaincre certains analystes qui préfèrent voir une éjection de Charles Toko des listes dans un contexte où certains proches de l’homme politique assurent qu’il avait déjà apprêté son quitus fiscal. Au regard de ces éléments, dire que les amitiés entre Charles Toko et Patrice Talon sont abîmées devient une hypothèse bien solide. Entre une ferme menacée et un déclin politique en raison d’une absence sur les listes de candidatures, Charles Toko devrait être en train de mal vivre cet épisode de ses amitiés avec le Chef de l’État Patrice Talon. Sauf à observer des effets contraires (repêchage dans d’autres cercles de pouvoir, mesure protectrice de la ferme KDK), on peut s’attendre à ce que les distances se creusent encore plus entre Patrice et Charles. Comment les deux frères-amis vont-ils aborder cette nouvelle phase de leurs relations ? Wait and see…

B. K. S