
La tentative de putsch du dimanche 7 décembre 2025 continue d’alimenter les discussions. Au-delà de l’épisode lui-même, plusieurs enseignements émergent, utiles pour comprendre la solidité actuelle du Bénin et les tensions régionales qui pèsent sur lui. La tentative des mutins n’a rencontré aucun écho dans les rues. Malgré leur brève apparition à la télévision nationale, personne n’a célébré leur action. Les réactions ont plutôt montré que l’idée d’un coup d’État ne correspond plus au climat actuel du pays. L’opinion a estimé que le Bénin progresse, que le Président Talon n’est pas rejeté et que l’ordre républicain reviendrait vite. C’est un rappel simple de l’époque où un putsch pouvait attirer spontanément les foules n’est plus d’actualité au Bénin.
Un putsch sans soutien
Le coup est resté isolé. Les mutins ont bien réussi à lire un message à la télévision nationale, mais rien n’a suivi. Pas de foule dans les rues, pas d’effet d’entraînement. Au contraire, les réactions les plus fréquentes questionnaient l’intérêt même d’un coup d’État dans le Bénin d’aujourd’hui. Dans les échanges en ligne, la plupart des commentaires rejetaient l’initiative et anticipaient un retour rapide à l’ordre. Ce refus populaire montre que les putschistes se sont trompés sur l’état d’esprit du pays.
La gêne de certains voisins face aux résultats béninois
Les comptes les plus actifs en soutien aux mutins provenaient de profils liés aux pays de l’AES. Une partie de l’intox ayant circulé dans les jours suivants est née là. Cette hostilité répétée traduit un agacement face aux performances du Bénin. Dans des États où l’espace civique est verrouillé et où les institutions sont fragiles, la trajectoire béninoise devient un contre-exemple embarrassant. D’où des tentatives récurrentes de semer le doute ou l’instabilité. Les progrès réalisés irritent certains régimes voisins, qui y voient une comparaison défavorable. Cette pression extérieure n’est pas nouvelle, mais ce dimanche 7 décembre 2025 a montré qu’elle reste active et organisée.
Une pluie qui a fait parler
La fine pluie tombée le lendemain du putsch raté a interpellé. Dans la culture béninoise, ce type d’averse est souvent interprété comme un signe positif. Beaucoup y ont vu une forme de « nettoyage » symbolique après l’épisode du dimanche. Derrière cette lecture, une certitude, personne n’était en mesure d’affirmer ce qu’aurait été le pays si les mutins avaient réussi. Les prises de position enthousiastes de certains soutiens étrangers ont d’ailleurs vite laissé place au silence.
Les réformes institutionnelles ont pesé

L’échec du coup rappelle l’importance des réformes engagées depuis plusieurs années qui ont renforcé les institutions, y compris la modernisation de l’Armée. Les investissements dans les équipements et la structuration interne ont contribué à éviter une vulnérabilité majeure. Sans cette montée en puissance progressive, le scénario aurait pu être tout autre. Le coup d’État échoué souligne la valeur de cette consolidation institutionnelle.
La nécessité d’une Armée hors du jeu politique
Cet épisode montre à quel point il est essentiel que l’Armée reste centrée sur sa mission , à savoir la protection du territoire, elle ne gère pas la compétition politique. Tout militaire intéressé par la politique dispose d’une option, quitter l’uniforme et assumer sa nouvelle orientation. Tant qu’il sert, il doit rester en dehors des calculs partisans. L’épisode montre le danger de certaines influences qui tentent encore de s’appuyer sur l’institution militaire pour régler des problèmes politiques.
Un tournant dans une sous-région instable
Depuis plusieurs années, presque tous les coups d’État tentés dans la région ont abouti. Le Bénin devient le premier pays à briser cette série de coups d’État qui ont réussi dans la sous-région ces dernières années. Cet élément compte, il rassure les partenaires économiques et conforte l’image d’un État qui tient debout. Après un bref moment de doute, la confiance devrait se réinstaller, condition nécessaire pour poursuivre les projets engagés. La confiance peut rester intacte et les projets en cours peuvent continuer.
Le 7 décembre 2025 n’est pas qu’un échec pour les mutins. C’est un test grandeur nature sur la maturité institutionnelle du pays, la perception de sa gouvernance et les pressions venues de l’extérieur. Et, pour l’heure, le Bénin a montré qu’il sait encaisser la secousse.
Ces six angles montrent qu’au-delà d’un putsch manqué, c’est surtout la résilience du pays, la maturité de l’opinion et la solidité des institutions qui ont été mises en lumière.
Brivaël Klokpê Sogbovi
