
L’interpellation de Chabi Yayi, survenue au petit matin de ce dimanche 15 décembre 2025, a provoqué une réaction immédiate de son parti, Les Démocrates. Dans un communiqué officiel, la formation politique dénonce une arrestation jugée abusive et réclame la remise en liberté de son secrétaire national aux Affaires étrangères. Sur le papier, le ton est ferme. À la lecture attentive, le malaise saute aux yeux.
Le document est bien estampillé « Les Démocrates » et porte le cachet du président du parti. Problème, aucune signature manuscrite. Or, le président n’est autre que l’ancien chef de l’État Boni Yayi, père de la personne interpellée. Silence total de sa part. Aucun vice-président n’a pris la plume. Le secrétaire général est resté discret. Le porte-parole aussi. Même le chargé de communication a préféré observer. Résultat , un communiqué sans visage, comme écrit à plusieurs mains… mais assumé par personne.
Sur le plan politico-juridique, ce détail n’en est pas un. Dans un contexte d’interpellation de Chabi Yayi, chaque mot engage, chaque signature expose. Le parti crie à l’enlèvement, mais ses cadres marchent sur des œufs. L’émotion est là, palpable, presque familiale. La prudence aussi, presque judiciaire. On proteste, tout en regardant derrière soi, au cas où le droit pénal déciderait de s’inviter à la table.

L’humour de la situation est amer , un parti qui parle d’une seule voix, mais avec la gorge serrée. Une dénonciation collective, sans responsable identifié. Comme un chœur où chacun chante faux pour éviter d’être reconnu. La peur n’est pas écrite noir sur blanc, mais elle transpire entre les lignes.
Le pool politique du département enquête et investigation (DEI) du groupe de presse Le Potentiel, a relevé cette anomalie. Dans cette affaire d’interpellation de Chabi Yayi, Les Démocrates affichent une solidarité officielle et une retenue individuelle. Le droit avance, la politique hésite. Et le communiqué, lui, flotte dans l’air, sérieux dans le fond, presque comique dans la forme.

Joseph Sossou
