
Révision constitutionnelle au Bénin : Patrice Talon justifie le Sénat et le passage au mandat présidentiel de sept ans
Le président de la République, Patrice Talon, a défendu la nouvelle Constitution promulguée le mercredi 17 décembre, qui introduit un Sénat dans l’architecture institutionnelle du Bénin et prolonge la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Face à la presse, le chef de l’État a assuré qu’il s’agit d’une réforme structurelle répondant aux réalités du développement national, et non d’un calcul personnel.
Après neuf années à la tête du pays, Patrice Talon est revenu sur son engagement pris en 2016 de n’exercer qu’un seul mandat. Selon lui, l’expérience du pouvoir a mis en évidence les limites du quinquennat face à l’ampleur des défis sociopolitiques et économiques du Bénin. « Cinq ans, c’est trop court », a-t-il martelé, estimant que la temporalité de l’action publique ne coïncide pas toujours avec celle de la reddition des comptes. Pour étayer ses propos, le président a cité plusieurs chantiers majeurs lancés sous ses mandats. la réinvention de la cité lacustre de Ganvié, la relocalisation du marché international de Dantokpa, le bitumage des routes ou encore la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Autant de projets qui, selon lui, ont nécessité de longues phases d’études et de contre-expertises, retardant leur achèvement. « J’avais de l’enthousiasme, mais les réalités techniques et administratives imposent du temps », a-t-il reconnu.

Interrogé sur le fait que le septennat n’est pas la norme dans plusieurs démocraties occidentales, Patrice Talon a invoqué la différence des paradigmes de développement. À ses yeux, dans des pays comme la France, l’Italie, le Canada ou les États-Unis, les gouvernants ne sont plus confrontés aux urgences liées à l’accès à l’eau potable, à l’électricité, aux routes ou aux écoles. « Les priorités y concernent l’immigration, l’insécurité ou les retraites, des enjeux de confort de vie », a-t-il expliqué. À l’inverse, le Bénin doit encore satisfaire des besoins fondamentaux. « Nous faisons un saut dans l’avenir avec des besoins qui datent du Moyen Âge », a-t-il lancé, soulignant que certaines décisions, ailleurs, peuvent être réglées rapidement, parfois par simple décret.
En conclusion, le chef de l’État a insisté sur le sens de la réforme constitutionnelle. Pour lui, un mandat plus long offre aux dirigeants, qu’ils soient bons ou mauvais, la possibilité réelle d’agir. « Quand le temps est court, il ne permet à personne de faire quelque chose de significatif », a-t-il affirmé, avant de rassurer l’opinion publique : « Le septennat n’est pas à mon profit. Il sera au profit du Bénin ».
Médard Clobechi
