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Prière collective des dignitaires Vodun après les événements du 7 décembre 2015 : Le Vodun au chevet du pays pour la paix

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Le Vodun a parlé par les gestes, les chants et le silence habité. Samedi 20 décembre 2025, à Houèdo Adjagbo, dans la commune d’Abomey-Calavi, plus de 500 fidèles et dignitaires se sont réunis pour une prière collective. Le message est simple, la paix du pays compte, la vie avant tout. Le Vodun, invoqué sans détour, a été appelé à veiller sur le Bénin et sur le président Patrice Talon, après la tentative de coup de force du 7 décembre 2025.
Dès l’aube, le sanctuaire de Baba Avimadjènon déborde. Véhicules alignés, motos serrées, curieux aux abords. Des pagnes aux colliers de perles, toutes les sensibilités du Vodun sont là. Les invocations montent, parfois sans traduction possible, mais leur sens est clair. Thron, Hêviosso, Sakpata, chaque force est appelée. Les chants portent l’allégresse et l’avertissement. Les ennemis de la République sont nommés sans détour.
Cette prière marque aussi deux ans de sacre de Dodji Amouzouvi comme Aklunon, pontife du Vodun Sakpata. Pour les dignitaires présents, l’échec du putsch n’est pas un fait banal. « Les ancêtres n’ont pas suivi », résume un membre du comité des rites Vodun. La peur a traversé le pays, mais elle n’a pas pris racine.
Dodji Amouzouvi récuse toute lecture politicienne. Le Vodun, rappelle-t-il, ne se célèbre pas dans la guerre. Prier pour les dirigeants revient à prier pour le pays. Le chef de l’Etat est cité comme premier citoyen, pas comme symbole partisan. Le Vodun est convoqué pour la concorde, condition du développement.
La parole du pontife touche parce qu’elle est portée par un parcours rare. Professeur de sociologie religieuse, intellectuel assumé, Dodji Amouzouvi s’expose sans masque. En 2023, des images de lui en état rituel ont circulé, suscitant débats et critiques. Il continue. Ses initiatives sur la théologie du Vodun et le dialogue entre croyances, menées avec l’Université d’Abomey-Calavi, suivent une ligne claire, transmettre sans complexe, expliquer sans travestir.


À la tribune, des voix venues d’ailleurs confirment l’instant. La Haïtienne Suzanne Céleste Delaunay parle d’énergie partagée, de dignité collective. Pour elle, le Bénin montre qu’on ne bâtit rien sur le chaos. Les rituels accomplis, dit-elle, ont réduit l’impact recherché par les auteurs du putsch.

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À Houèdo Adjagbo, le Vodun n’a pas cherché le spectacle. Il a rappelé une évidence, la violence ne règle rien. Le dialogue demeure la voie. En ce matin de prière, le Bénin a été confié aux forces ancestrales avec une émotion retenue, sans excès. Une demande simple, que la paix tienne, et que la vie continue.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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