
Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme: La CRIET tranche , Achille Chaou acquitté faute de preuves suffisantes
Poursuivi pour escroquerie via internet, l’homme d’affaires Achille Chaou a été relaxé au bénéfice du doute par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), ce lundi 22 décembre 2025. La juridiction a estimé que les éléments soumis à son appréciation ne permettaient pas d’établir, avec la certitude requise en matière pénale, la culpabilité du prévenu.
La décision ouvre la voie à la libération immédiate de Achille Chaou. Statuant en son intime conviction, la cour a refusé de suivre les réquisitions du ministère public, considérant qu’un doute sérieux subsistait quant à la matérialité et à l’imputabilité des faits reprochés.
Le parquet avait pourtant requis cinq ans d’emprisonnement ferme et deux millions de francs CFA d’amende, soutenant que le prévenu aurait recouru à de fausses manœuvres pour soutirer de l’argent à des tiers. Selon l’accusation, Achille Chaou se serait présenté comme « ambassadeur d’une confrérie » à laquelle appartiendrait l’acteur politique Richard Boni Ouorou, actuellement incarcéré dans une procédure distincte. À ce titre, il aurait utilisé des formulaires d’assurance afin d’obtenir indûment des fonds.
Ces documents, retrouvés dans l’ordinateur du prévenu, étaient présentés par le ministère public comme des indices suffisants d’une utilisation frauduleuse caractérisant l’infraction d’escroquerie via internet, sévèrement sanctionnée par le droit pénal béninois.

La défense, elle, a méthodiquement déconstruit l’argumentaire de l’accusation. À la barre, les avocats de Achille Chaou ont soutenu que la procédure reposait davantage sur des suppositions que sur des preuves établies, allant jusqu’à évoquer une instrumentalisation indirecte liée à la proximité supposée de leur client avec Richard Boni Ouorou.
Ils ont notamment rappelé que seuls deux échanges téléphoniques avaient été identifiés entre les deux hommes, l’un datant de 2016, dans un cadre strictement confrérique, et l’autre du 4 mai 2025, relatif à l’annonce du décès du père du prévenu.
Concernant les documents jugés incriminants, la défense a souligné l’absence de signature de Achille Chaou, mettant en cause leur valeur probante et la solidité juridique des poursuites. Les conseils ont également évoqué la situation personnelle du prévenu, rappelant qu’il n’avait pu assister à l’inhumation de son père en août 2025 en raison de sa détention provisoire.
Au terme des débats, la CRIET a estimé que les charges produites ne permettaient pas d’établir la culpabilité de Achille Chaou au-delà de tout doute raisonnable, principe cardinal en matière pénale. Elle a donc prononcé sa relaxe au bénéfice du doute, mettant un terme aux poursuites pour escroquerie via internet.
Médard Clobechi
