
Incarcéré depuis le 16 octobre 2025 pour publication de fausses nouvelles, le journaliste béninois Olivier Allochème, rédacteur en chef du quotidien L’Événement Précis, a recouvré la liberté à l’issue de son procès devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). La juridiction l’a condamné à douze mois de prison avec sursis et au paiement d’une amende d’un million de francs CFA, mettant ainsi fin à sa détention provisoire sans prononcer de peine ferme.
Détenu à la prison civile d’Abomey-Calavi, le journaliste a quitté l’établissement pénitentiaire après le verdict rendu par la deuxième chambre correctionnelle de la CRIET. L’information a été confirmée par son directeur de publication, dans un message adressé à la rédaction du Potentiel. « Il est libre de ses mouvements et a pu passer les fêtes de la Nativité auprès de sa famille », a-t-il indiqué.
Olivier Allochème avait comparu une première fois le 30 octobre 2025, lors d’une audience expéditive consacrée à son inculpation, avant que le dossier ne soit renvoyé au 11 décembre 2025. Cette audience n’a toutefois pas pu se tenir, en raison des événements sécuritaires survenus le 7 décembre 2025, notamment une tentative de coup d’État signalée dans le pays. Le procès a finalement été reprogrammé, débouchant sur une condamnation assortie de sursis, écartant ainsi toute prolongation de l’incarcération. L’affaire trouve son origine dans un éditorial publié le 10 juin 2025 sur la page Facebook personnelle du journaliste, intitulé « L’UPR, c’est fini ». Dans ce texte, Olivier Allochème évoquait une supposée brouille entre le président de la République, Patrice Talon, et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji.

Il y affirmait notamment que ce dernier aurait été placé sous surveillance par son épouse à la demande du chef de l’État , une assertion jugée non étayée par la justice. Après son interpellation, le journaliste avait supprimé la publication incriminée et présenté des excuses publiques au président de la République.
Si la libération de Olivier Allochème est accueillie avec soulagement dans les milieux professionnels, sa condamnation relance, une fois encore, le débat sur la judiciarisation de l’expression journalistique, l’usage de la détention préventive et la frontière, toujours sensible, entre faute professionnelle, rumeur politique et infraction pénale au Bénin.
Médard Clobechi
