
Les violences sexuelles contre les enfants atteignent un seuil critique en République démocratique du Congo (RDC). Plus de 35 000 agressions sexuelles ont été recensées entre janvier et septembre 2025 a alerté mardi 30 décembre le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). L’organisation dénonce une crise nationale exacerbée par les conflits armés, la pauvreté structurelle et une impunité persistante.
Selon l’UNICEF, ce chiffre, qualifié d’« effrayant », confirme une aggravation continue des violences sexuelles contre les mineurs depuis 2022. L’agence onusienne souligne que ces données, déjà alarmantes, pourraient être largement sous-estimées en raison de la peur des représailles, de la stigmatisation sociale et du manque d’accès aux mécanismes de signalement.
Les provinces de l’Est de la RDC, notamment le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri, concentrent la majorité des cas en lien direct avec l’insécurité persistante et la présence de groupes armés non étatiques. Toutefois, la crise ne se limite plus aux zones de conflit. Kinshasa et la région du Kasaï enregistrent également un nombre élevé de signalements, révélant l’ampleur nationale du phénomène.

Les statistiques montrent une hausse spectaculaire des violences sexuelles au cours des trois dernières années. En 2024, près de 45 000 cas avaient été enregistrés, soit trois fois plus qu’en 2022. Les adolescentes âgées de 12 à 17 ans constituent la tranche d’âge la plus touchée. Les filles représentaient 47 % des survivantes en 2024, contre 27 % deux ans auparavant, selon les données de l’UNICEF. Les garçons, les enfants en situation de handicap ainsi que les enfants déplacés internes figurent également parmi les victimes.
Dans un communiqué, la directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell a dénoncé la gravité de la situation. « Des mères sont contraintes de marcher pendant des heures pour conduire leurs filles agressées vers des centres de santé », a-t-elle déclaré. Face à cette urgence humanitaire, l’UNICEF exhorte à une mobilisation accrue pour prévenir les violences sexuelles.
Médard Clobechi
