Sous l’initiative de Samuel Olou, artiste plasticien à double nationalité togolaise et norvégienne et sous la coordination de Constantin Alihonou, artiste Bénino-Togolais, le projet ‘’Kamina Artists and Researchers Residency Plateform (KARP) suit son cours depuis deux ans. Ce projet vise à redonner vie au site ayant abrité la station radio de transmission allemande aux temps coloniaux à Kamina, une localité togolaise, situé à 7 kilomètres d’Atakpamé.
LA RÉDACTION
Pour la petite histoire, Kamina est le site de l’ancienne base militaire allemande. Entre 1911 et 1914, les Allemands y ont construit un centre émetteur de télégraphie sans fil. Cette station de radio transcontinentale servait de lien pour les colonies allemandes entre elles et pour établir une liaison entre ces colonies et la métropole allemande. Il faut dire que la construction de la station a commencé à Anié, village situé à 30 km au nord d’Atakpamé. Mais les travaux ont été arrêtés à cause d’un cyclone qui a dévasté le chantier et finalement le choix est porté sur Kamina, un autre endroit moins exposé situé à quelques kilomètres toujours d’Atakpame. La première étape des travaux a consisté en la construction de 3 antennes en acier de 75 m de hauteur à l’été 1912, ensuite 6 autres antennes en acier ont été dressées.
A côté du bâtiment central d’émission, on avait construit aussi une centrale électrique avec deux machines à vapeur (d’une puissance de 1000 CV), un collecteur hydraulique pour le remplissage des chaudières, un appareil pour l’épuration de l’eau, la tour de refroidissement, le réseau des puits et des pompes et des logements en dur pour le personnel. Toute la station de Kamina a été construite sur une surface d’environ 4 km2. La puissance d’émission était de 100 KW, la longueur d’onde était 3500 m à9500 m pour l’émission et 200 m à 14000 m pour la réception. L’émetteur était directement relié dès le 1er avril 1914 à la station radio de Nauen, près de Berlin, à une distance de 5200 km, et au sud avec la station de Windhoek, en actuelle Namibie, et bien sûr avec les navires allemands dans l’Atlantique. La station de télégraphie sans fil était encore en construction quand la première guerre mondiale a éclaté. Les Allemands, attaqués par les Français venant de l’est et par les Anglais du côté ouest, ont fait sauter la station de Kamina dans la nuit du 24 au 25 août 1914 avant de capituler le 27 août 1914.
Les ruines du centre émetteur de l’époque coloniale allemande se trouvent encore aujourd’hui à Kamina.
Faire renaitre Kamina de ses cendres.
Tel le phœnix, des artistes du monde veulent faire renaitre Kamina de ses cendres. Le projet KARP initié par Samuel Olou répond parfaitement au besoin de faire connaître au monde l’histoire, combien rocambolesque, de cette petite localité du Togo. Ce projet comme son nom l’indique, plateforme de résidence pour artistes et chercheurs, vise à transformer cet ancien centre d’émetteur allemand en un site touristique et de recherches artistiques et historiques et où les artistes et historiens de tout bord pourront faire résidence. C’est un projet planifié sur 10 ans et qui est toujours dans sa phase d’expérimentation. C’est ainsi que depuis l’année passé, les artistes plasticiens du monde sont sur le site pour lui redonner vie. En 2016, le projet a connu la participation des artistes tels que Cassius Fadlabi de Soudan/Norvège, Josée Toffah du Togo, Lars Cuzner du Canada/Suisse, Victor Mutekelesha de la Zambie, Constantin Alihonou du Togo/Bénin, Anders Juan Milanes Benito du Cuba, Rebecca Odjo-Favi du Bénin, Claver Agbo du Ghana et Samuel Olou du Togo. Cette deuxième édition (édition 2017) a enregistré la participation effective 12 artsites de différentes nationalités.
Il s’agit de Segbaya Henri Kokou, Jules Cesar Dagoh, Rougoualya Yasmine Yérima et Adotévi Ekue, tous du Togo ; Rebecca Odjo-Favi et Alofan G. Alihossi du Bénin, Ray Claver Agbo du Ghana, Astrid Runde Saxegaard de la Norvège, Shwan Dler Qaradaki du Kurdistan/Norvège, Constantin Alihonou du Togo/Bénin, Isaac Kojo Biney Aggrey du Ghana et Samuel Olou du Togo/Norvège.
C’est un projet d’envergure internationale qui, une fois dans sa phase de réalisation, se veut d’être l’apanage des artistes, chercheurs et historiens du monde entier. Car pour les promoteurs, depuis Kamina, le monde doit avoir une autre perception de l’Afrique d’une façon générale.
La valorisation de Kamina, épopée des temps coloniaux, est une façon pour les initiateurs du projet de conserver l’histoire et de la faire connaitre aux générations futures. Kamina sera donc un musée à ciel ouvert où les touristes de par le monde pourront venir se distraire tout en apprenant, les artistes viendront puiser leur inspiration, les chercheurs ouvrir leurs esprits et les historiens de retracer les faits pour l’éternité.
C’est un projet ambitieux et vivement qu’il ait une attention particulière de la part des autorités togolaises compétentes.