Sur les médias internationaux France 24 et RFI: Talon met à nu le «terrorisme politique» au Bénin

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• Ni grâce ni amnistie pour les artisans de la violence électorale

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• Talon assure qu’il quittera le pouvoir en 2026

• Un mandat du « bien-être…indicateur de toutes les actions publiques »

Invité spécial des médias internationaux France 24 et RFI le vendredi 30 avril 2021, le président de la République, Patrice Talon s’est prononcé sur les sujets brûlants de l’actualité sociopolitique nationale. Réélu pour un second mandat à l’issue du scrutin présidentiel du 11 avril dernier, Patrice Talon a exprimé sa satisfaction par rapport au taux de participation (plus de 50%) des électeurs eu égard à l’environnement difficile dans lequel le processus électoral a été conduit. Pour le Président réélu dès le premier tour avec plus de 86% des voix, il s’agit d’un signe « d’adhésion ». Grâce aux réformes, poursuit-il, la démocratie béninoise est dépoussiérée de ses travers et des gouvernants prédateurs. L’élection présidentielle du 11 avril 2021 s’est déroulée dans un climat de tension avec des actes attentatoires à la sûreté de l’État et à la paix. Ces actes, ourdis par des groupes de frustrés anti-réformes ont fort heureusement été canalisés par les autorités sécuritaires et judiciaires avec des interpellations de certaines figures de l’opposition dite radiale. Selon le Chef de l’État, il n’y aura ni grâce ni amnistie pour les auteurs, commanditaires et complices de ces actes attentatoires à la sûreté et qui découlent du terrorisme politique. Gracier à nouveau ces gens serait une « faute » et une caution à l’impunité, a argumenté Patrice Talon sur France 24 et RFI. Le Président réélu assure par ailleurs qu’il quittera le pouvoir à la fin de son second mandat en 2026 conformément à la constitution béninoise. Tout au long de ce second mandat, le Président réélu veut améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. « Le bien-être (…) est l’indicateur de toutes les actions publiques », a dit le Chef de l’État Patrice Talon.
Rose .H

(Lire l’intégralité de l’entretien du Président béninois)

TRANSCRIPTION DE L’ENTRETIEN DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SUR RFI ET FRANCE 24

Ce vendredi 30 avril 2021, le président Patrice Talon a accordé un entretien exclusif aux médias français France 24 et RFI.

Après sa première prise de parole en direct dans les médias béninois juste après la proclamation des résultats définitifs du scrutin du 11 avril par la Cour constitutionnelle, le président de la République s’est mis en devoir d’intervenir sur des médias étrangers. Il était interrogé par messieurs Marc Perelman (France 24) et Christophe Boisbouvier (RFI).

Journaliste : Monsieur le Président, bonjour ! Le 11 avril vous avez été réélu pour un second mandat de 5 ans avec un score de plus de 86% dès le premier tour alors que vous avez face à vous deux candidats peu connus au point qu’on a évoqué une élection courue d’avance.

Patrice TALON : En effet, les résultats de cette élection donnent bien l’impression qu’en face, les candidats ne sont pas tous à la hauteur. Je crois que c’est une mauvaise lecture. Et vous savez, le Bénin vient de loin. Et quand un pays en si peu de temps s’est étonné lui-même, et a pu même étonner le monde par ses prouesses, cela peut donner aux uns et aux autres notamment dans le pays, le sentiment que ça y est, quelque chose se passe et qu’il faudrait que cela continue. Vous savez, souvent quand un régime, un Président, est décrié comme on l’entend un peu partout, les électeurs vont voter contre quel que soit celui qui est en face de lui. Donc ce n’est pas toujours en fonction de celui qui est en face que les électeurs expriment leur choix. Parfois, cela peut être un vote sanction.

Là c’est un vote d’adhésion ?
Pour moi, c’est un vote d’adhésion.

Il y a un autre chiffre qui est frappant, c’est le taux de participation qui est de 50%. Donc, il y a un électeur sur deux qui n’est pas allé voter. Lors de la première élection, il y a cinq ans, le taux de participation avait approché les 65%, c’est un net recul. Cela veut dire qu’il n’y a pas eu le même engouement tout de même.
Vous savez ce pays, pendant longtemps, a souffert de sa classe politique, a souffert de l’environnement politique des élections de sorte que les élections sont devenues quelque chose, un machin qui permet d’avoir une trentaine de candidats à l’élection présidentielle, que l’argent circule. Nous avons atteint un niveau de démocratie admirable selon ceux qui nous observent, mais catastrophique selon les constats de développement qu’on peut faire au Bénin. Donc, un environnement politique électoral qui n’avait rien à voir avec ce qu’une élection est censée produire : faire venir des personnes susceptibles d’apporter le développement pour l’épanouissement du bien-être au pays entier et à chacun. Alors quand on entame une réforme qui devra corriger nos travers avec ses inconvénients, dont on a bien vu les effets, il faut admettre que ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut retrouver le niveau de participation qui n’avait rien à voir avec une véritable adhésion à des programmes ou à un processus électoral conséquent.

Vous êtes quand même déçu par ce fort taux d’abstention ?
Il faut avouer que participer à ces élections, en tout cas les trois duos en lice, dans un environnement assez mauvais de menaces, de violences, d’intoxications, c’est l’une des premières élections au Bénin depuis le Renouveau démocratique, où l’argent n’a pas été le principal élément d’attrait pour les électeurs. Quand on met tout cela bout à bout, on peut comprendre qu’environ 10% des électeurs n’aient pas participé par rapport à nos habitudes. Alors quand on a plus de 50% de participation alors même que pour certains la dynamique est si belle, ce qui se passe est si bien que, il faut impérativement que cela continue, et pour certains il n’y a pas de raison que les électeurs n’apportent leur soutien à Patrice Talon, vous comprenez, tout cela mis ensemble, a pu contribuer à dégrader le taux de participation, 50% pour moi c’est satisfaisant, dans ces conditions.

Alors quelque chose pose problème, c’est qu’à l’exception du président Boni Yayi, tous vos principaux opposants sont soit en exil pour échapper à la prison ou soit derrière les barreaux ici au Bénin, on a l’impression que vous avez cherché à faire le vide autour de vous. Que répondez-vous à ceux disent qu’à cause de vous, la démocratie est en net recul au Bénin ?
Qui sont les principaux adversaires qui sont derrière les barreaux à la veille des élections ? Vous en connaissez ? Moi je n’en connais pas ! Il y a des gens qui sont appelés à rendre compte de leur gestion parce que nous sommes dans un pays d’impunité totale depuis si longtemps et que l’on décide que les choses changent, les gens n’ont pas voulu et sont partis en exil et ont refusé de répondre à la justice, sinon moi je ne connais pas un acteur majeur de la politique derrière les barreaux avant les élections.

Vous n’avez pas cherché à éliminer tous vos adversaires pour gagner avec 86% ?
Je vais vous dire ce qui se passe au Bénin. Si vous n’avez pas une certaine connaissance de la situation, vous allez faire une mauvaise lecture. Vous connaissez le Bénin depuis longtemps. En tout cas vous étiez au Bénin quand il y a eu la Conférence des Forces vives à la suite de laquelle, nous avons entrepris le processus démocratique. On peut constater aujourd’hui que depuis plus de 60 ans après notre indépendance et plus de 30 de renouveau démocratique, donc de démocratie, de compétition électorale, on peut constater que le Bénin n’a réussi à donner aucun signe de développement et que l’essentiel nécessaire à la survie, continue de manquer à la majorité de nos concitoyens. Moins de la moitié des Béninois avait accès à l’eau potable en 2016 où j’accédais à la fonction. L’électricité, n’en parlons pas. Le Bénin ne connait d’électricité que par épisode et encore quelle qualité d’électricité ? Le pays n’est pas du tout couvert. Les routes et les pistes n’en parlons pas. Le peu réalisé en 60 ans est mal fait. Les infrastructures marchandes n’existent plus. C’est une catastrophe. La santé c’est pareil. Il n’y a aucun secteur dans lequel, le Bénin a pu donner un signe de pays qui progresse et peut se prendre en charge et essaie de répondre aux besoins de ses concitoyens. En 2016, le constat est catastrophique. Mais cela n’est pas du fait des Béninois pris individuellement. Tout le monde sait que les Béninois sont travailleurs pris individuellement. Tout le monde sait également que cet état de choses est essentiellement dû à la qualité de la gouvernance. C’est dû à nos gouvernants qui sont devenus au fil du temps les prédateurs de leurs pays malheureusement à l’instar de la plupart des pays africains. Mon pays le Bénin est devenu l’otage de sa classe politique faite de toute sorte d’individus y compris même des trafiquants de drogue. Les partis politiques ont été créés, en 2016 il y avait près de 300 partis politiques. Créer un parti politique est un moyen de prendre sa part de gâteau. Les partis politiques sont devenus le couteau avec lequel chacun vient prendre sa part et la préserver. Dans ces conditions, on a pu observer que le pays était coupé en morceaux et réparti entre les acteurs politiques. Je l’ai constaté en 2016 que telle régie financière est pour tel parti, telle régie c’est pour un autre encore, pour un autre encore c’est la recette de la frontière avec tel pays, le port est aussi pour tel autre… Bon le pays était coupé, et c’était la règle si bien qu’un Président élu a l’obligation de préserver le système afin que chacun ait sa part, à la limite, le nouveau Président élu peut faire un petit réajustement pour distribuer certaines cartes aux uns et aux autres pour avoir la paix politique. Pendant longtemps cela caractérisait le Bénin et amusait même certains comme vous, et que pour voter les lois, ce sont des valises d’argent que le régime en place envoie au Parlement. Une situation qui a fini par enfoncer le Bénin davantage dans la misère. Et les acteurs politiques forts du pillage organisé du pays pouvaient donc à chaque élection, entretenir les électeurs par des présents (des tee-shirts, des sacs de riz, des feuilles de tôle, de l’argent…). Ce qui fait que les Béninois, tous dans la misère, manquant de tout, se contentent du peu qu’on leur donne pour aller voter. C’est cela la règle, la belle démocratie du Bénin qui après les réformes paraît avoir disparu. Si c’est cette démocratie que les réformes vont faire disparaitre, alors chapeau pour le Bénin.

Alors vous nous demandez qui est derrière les barreaux au moment de la présidentielle du 11 avril ? L’universitaire Joël AÏVO a été arrêté après, accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et de blanchiment de capitaux. Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que le Président est en train de régler son compte à ceux qui ont dit que la présidentielle, c’est Talon contre Talon et que le résultat proclamé était truqué ?
Ah bon ? Pour vous ce n’était que cela ? Vous n’avez pas entendu que ces gens ont dit que l’élection n’aurait pas lieu, sinon n’aura jamais lieu ? Pourquoi en répétant les propos de ceux qui sont victimes des réformes au Bénin, vous faites sélection de leurs propos ? Vous n’avez pas entendu qu’ils ont dit sur les ondes que l’élection n’aura jamais lieu dans ces conditions, s’ils ne sont pas candidats ?

C’est un opposant politique…
Est-ce que dire que les élections n’auront jamais lieu et agir pour que cela n’ait jamais lieu pour vous est convenable ? C’est-à-dire au point de recruter des mercenaires, des chasseurs dit-on, des hommes bien armés, les amener à tirer sur les forces de l’ordre dont le rôle est de tenir la sécurité dans le pays, de dégager les voies barricadées et de permettre que les élections se tiennent. Alors pour vous, et cela je veux comprendre : quand des personnes veulent imposer un point de vue religieux par la force, par la violence, c’est du terrorisme, ce n’est pas admissible, quand les gens veulent imposer leur compréhension de la vie à des intérêts ethniques dans les pays par la violence, par la terreur, ce n’est pas acceptable. Mais quand un groupe politique veut imposer ses intérêts politiques par la terreur, par la violence en armant des gens, en commanditant des assassinats aveugles, c’est tolérable ?

C’est le cas de Joël AÏVO ?
C’est ce qui s’est passé parce que je ne vais pas le citer personnellement, car les enquêtes sont en cours à la justice et tous ceux qui de près ou de loin ont été mêlés à cela seront interpelés et questionnés afin que chacun puisse répondre de son implication dans une telle manœuvre. Et qui vous le savez très bien, a également eu cours au Bénin en 2019.
Mais qu’est-ce qui s’est passé en fait. J’étais en exil en 2015, quand la législature précédente composée de ceux qui étaient en charge des affaires dans le pays, c’est-à-dire ceux installés en 2015, le président élu à l’époque dans son discours d’investiture a fait l’état des lieux et a dit que le pays était dans une décadence grave et que l’arène politique devrait être réformée si on veut que le Bénin renoue enfin avec la dignité et le développement. Je n’étais pas au pays. Donc le leitmotiv de l’action parlementaire devrait être la réforme. Je suis arrivé en 2016, j’ai été candidat, j’ai gagné les élections. J’ai pris le Parlement au mot. D’ailleurs, je l’ai dit lors de ma campagne électorale en 2016, que je m’emploierai à réformer le Bénin sur tous les plans y compris au plan politique. Parce que la situation était grave. C’était un pays de mafieux, de trafiquants de drogue, de tout ce qui ne peut permettre le développement. Donc après mon élection, nous avons fait des rencontres Parlement-Exécutif et nous avons convenu que des réformes doivent être opérées principalement celles politiques parce qu’il y avait 300 partis politiques environ et chaque parti politique était l’interlocuteur de l’Exécutif. La réforme mise en œuvre était très simple parce qu’on ne peut pas changer les acteurs politiques béninois contre les acteurs politiques français, belges, canadiens, chinois… non ! Nous sommes des Béninois, nous allons faire avec nos travers les mutations nécessaires. La réforme avec nos travers est la réforme constitutionnelle, tout simplement. C’est-à-dire permettre à tout le monde de faire la politique, mais on ne permettra plus que le modèle électoral permette aux acteurs politiques de compter uniquement sur ses parents ou sa région d’origine pour siéger au Parlement. Il faut signaler que les 83 députés que comptait le Parlement en 2015 provenaient de 42 partis politiques qui, à l’occasion des élections, se regroupent en alliances ou coalitions électorales. Alors pour réduire la nuisance individuelle, c’était contraindre les gens à se mettre dans de grands partis politiques pour aller aux élections. Le premier aspect de la réforme était que les coalitions ne seront plus admises à des élections. Donc un parti politique qui voudra aller aux élections ira tout seul tout en ayant une envergure nationale. Deuxième élément de la réforme, si on va aux élections, le parti politique qui n’a pas collecté 10% des suffrages au plan national, même si dans une localité, ce parti est fort et devrait enlever des élus, il ne se fera pas attribuer ces élus. Cela existe chez vous. En France par exemple, le seuil est de 5% pour emporter des sièges lors des élections européennes. Au Bénin, on est passé à 10% pour qu’il commence par avoir de grands ensembles. Ce qui fait que le Parlement dispose de courants politiques cohérents pour que les discussions soient des discussions d’ordre politique. Ceux qui ont voté cette réforme et dont certains sont dans l’opposition aujourd’hui, au moment de sa mise en œuvre en 2019, qui n’ont pas pu se mettre ensemble pour créer un grand ensemble parce que voulant toujours garder leur main sur leur électorat, ont souhaité qu’on remette la loi votée dans le tiroir. Pour eux, elle n’est pas applicable parce qu’elle ne permet pas à tout le monde de pouvoir enlever un siège. Ils ont remis en cause leur propre réforme et m’ont demandé de revenir en arrière. Vous savez que c’est utile pour le pays, c’est utile pour avoir un Parlement sérieux. Moi j’ai refusé de m’engager dans un processus d’abrogation de cette disposition de la réforme. Ils ont refusé d’aller aux élections en 2019. Ils ont engagé une épreuve de force dans la rue en brûlant des maisons, des édifices publics, en organisant une rébellion armée. Il y a eu des tirs sur des policiers en 2019 puis des ripostes qui ont engendré des morts. Et cette situation connue en 2019 qui est de leur fait exclusif n’a pas empêché les élections et un Parlement a été élu. Ceux qui ont accepté d’aller dans la réforme sont ceux qu’on appelle les pro Talon. Du coup, nous avons eu un parlement qui de toute évidence parait monocolore. La réforme qu’eux-mêmes ont votée, et ceux qui n’ont pas accepté de se soumettre à leur propre loi, deviennent des opposants dits radicaux. C’est la faute de qui si les partis qui sont allés aux élections sont les seuls à avoir des députés ? Ce Parlement installé en 2019 est légitime et légal, a continué à voter les lois pour renforcer la réforme, dont la disposition relative au parrainage. Le parrainage a été instauré pour que ceux qui sont de potentiels candidats pour être président de la République relèvent d’un grand parti politique, que quelqu’un ne vienne pas comme c’est l’habitude au Bénin, de venir avec des valises d’argent provenant de la drogue, des crimes, de la corruption ou venu de nulle part, acheter les électeurs comme d’habitude. On a voulu que le parrainage soit un moyen politique pour les partis politiques de porter des candidats et de répondre de leur capacité. Ils ont dit parrainage, jamais ! Le parrainage existe dans d’autres pays, le Bénin n’a pas inventé le parrainage. Ils disent qu’ils n’iront jamais aux élections avec le parrainage.
Monsieur AÏVO dont vous parlez, parlons-en et même Réckya Madougou puisque vous allez y venir. Ils ne sont dans aucun parti politique et pourtant depuis trois ans la réforme au Bénin dit clairement que ceux qui veulent faire la politique s’engagent dans des partis politiques et que ce soient les partis politiques qui animent la vie politique. À la veille des élections, Les démocrates qui s’affichent comme parti politique de l’opposition radicale, qui a un président qui s’appelle Eric Houndété, qui fut vice-président de l’Assemblée nationale, à qui les députés ont promis les parrainages (d’ailleurs vous le savez. En France, le Front national, les Le Pen ont toujours participé aux élections, mais n’ont jamais eu en leur propre sein le nombre de maires nécessaires pour les parrainer ; d’autres maires les parrainent pour que la compétition soit belle, pour que tous les courants participent aux élections) en entendant qu’ils aient leurs propres maires et députés pour les parrainer. Une dame qui n’est même pas membre du parti débarque avec des valises d’argent avec des sponsors de Chefs d’État de pays voisins, avec des opérateurs économiques et consorts…

Juste pour préciser pour les gens qui nous écoutent qu’il s’agit de dame Réckya Madougou, qui voulait être candidate, qui a été retoquée, elle a été arrêtée le 3 mars.
Elle n’a pas été retoquée, l’information n’est pas juste.

Elle a été recalée et arrêtée le 3 mars et poursuivie pour financement du terrorisme, c’est un terme grave. Cela veut dire qu’elle a fomenté des attentats au Bénin ? C’est quand même une accusation extrêmement grave…
Nous y arrivons. Ces personnes débarquent et vont être candidats au titre des Démocrates. L’esprit de la réforme dans le pays qui est que désormais ce sont de grands ensembles qui portent les candidats, sa candidature n’est pas conforme aux réformes, c’est naturellement que les maires et députés disent non, sa candidature vient réinstaurer ce que les réformes ont refusé. Je reconnais que les parrainages n’ont pas été donnés à tout le monde, c’est décevant. Mais la règle du parrainage instauré existe dans d’autres pays du monde, et eux-mêmes y compris AÏVO ont proposé le parrainage des années avant. Ils déposent un dossier sans parrainage. Si quelqu’un en France dépose sa candidature sans parrainage, vous allez employer le mot retoquer pour dire que le dossier déposé n’est pas conforme ? Alors tout ce qui se fait ici au Bénin et qui n’est pas insolite et qui se fait ailleurs, veuillez avoir les mêmes compréhensions, utilisez les mêmes expressions ou les mêmes termes pour clarifier.

Alors on parle de termes : financement de terrorisme, Madougou a-t-elle fomenté oui ou non des attentats au Bénin ?
Ces gens-là ont dit après que leurs dossiers ont été constatés non conformes, que l’élection n’aura pas lieu sans eux, qu’ils empêcheront par tous les moyens et ceci publiquement, dans des conférences de presse… Qu’ils l’aient dit, cela n’est pas grave, mais quand des manifestations avec violences ont lieu, on demande à des gens de procéder à des assassinats aveugles pour que le pays s’enflamme pour qu’on observe ce qui s’est passé au Burkina, au mali, un peu partout parce que comme des insurrections en Afrique ont parfois amené des régimes à être balayés, les cas de Mali, du Burkina ont été cités, une fois que le Bénin s’enflamme, il faut des insurrections, et s’il y a des morts un peu partout, le pays s’enflamme, des violences partout, le régime en place et le Président en place va devoir tomber, il y aura assises nationales, réconciliation, il y aura tout ce que l’on veut. À leurs fins politiques, ils ont planifié, recruté des gens et mandaté des jeunes, des badauds, pour brûler le pays et surtout pour faire des assassinats aveugles.

Vous avez des preuves ? Des ennemis politiques peut-être ?
Vous m’avez posé une question et j’ai répondu que quelqu’un qui a commandité les choses du genre et dont les preuves ont été trouvées et que des personnes ont été interpellées. Pour vous, est-ce que c’est parce que cette personne a une casquette politique, a voulu être candidat et qu’à défaut de l’être, elle demande qu’il ait des actes de violence, des tueries qui provoqueraient une insurrection, qui provoqueraient un chaos et en ce moment, il y aura une transition politique, est-ce que cet acte pour vous ne doit pas intéresser la justice afin que les auteurs et complices en répondent ?
Mais quelqu’un veut défendre une cause religieuse par la violence, c’est du terrorisme… Quelqu’un veut défendre une cause ethnique par la violence, c’est du terrorisme. Quand quelqu’un veut défendre une cause politique en adoptant les mêmes méthodes il n’y a pas deux qualificatifs si ce n’est pas du terrorisme. C’est ce qui s’est passé. Des gens ont été recrutés et ont tiré sur des militaires, organisé des assassinats publics.

Vous parlez de la justice béninoise monsieur le Président, le Magistrat Batamoussi de la CRIET en charge du dossier de Mme Madougou et qui est aujourd’hui en fuite, a affirmé sur RFI que le dossier contre Madougou était vide et que c’est l’exécutif qui avait pris la décision d’incarcérer cette dame.
Quand il y a des manœuvres du genre où des personnes sont capables d’amener de l’argent dans l’arène politique pour organiser des troubles, est-ce qu’il est difficile de débaucher un juge ou n’importe qui à leur cause, moyennant ? N’est-ce pas faisable ? Le juge dont vous parlez, je ne sais pas si vous avez appris que dans sa maison, on a découvert 17 des chasseurs recrutés, et les images existent. Est-ce parce qu’il est déçu par le fonctionnement de la CRIET où il était juge, ou bien il est engagé dans une cause qui l’a amené à faire des déclarations mensongères et la suite est-ce qu’on a vu à son domicile. Vous savez dans ce domaine, autant on peut soupçonner de faire de la manipulation parce que – cela je vous le concède – ce qui se passe est incroyable et vraisemblable, autant l’interpellation est légitime. Je vous comprends et je comprends ceux qui ont les mêmes doutes que vous. On interpelle autant de responsables politiques pour des actes du genre, des choses que le Bénin n’a jamais connues. Mais ce n’est pas parce que les réformes ont occasionné ces mécontentements, des défenses d’intérêts que nous devons dire c’est un cauchemar, le pays est calme, on ne va pas les interpeler. Moi-même, je suis étonné par ce qui se passe surtout que c’est inadmissible, ce n’est pas normal. Mais pour que cela ne continue pas, ne se répète plus jamais, il faut que ceux qui sont mêlés puissent répondre qui qu’ils soient.

Tout à l’heure au détour d’une phrase, vous avez dit quelque chose que votre ministre de la justice avait déjà dit à la suite de la démission du juge, qu’il y avait de l’argent qui venait de pays voisin, vous l’avez déclaré à propos de Réckya Madougou. On va appeler un chat, un chat, connue comme conseillère technique du Togo, vous voulez dire par là que son action violente a été financée par des Chefs d’État voisins, par exemple par le Chef d’État du Togo ?
Vous convenez bien avec moi qu’il n’est pas bien que je cite des noms.

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Vous avez parlé d’un Chef d’État tout à l’heure, cela suffit.
Des hommes d’affaires, des Chefs d’État de pays voisins, je sais de quoi je parle.

Vous dites que des Chefs d’État de pays voisins ont participé à des opérations de déstabilisation du Bénin.
Je n’ai pas dit cela. Est-ce que quand des autorités étrangères mêmes des Chefs d’État appuient un candidat, financent même les candidats, est-ce que leur implication va jusqu’aux actes criminels que ceux-ci pourraient commettre ? C’est deux choses différentes. Si vous soutenez un candidat politique qui peut-être pour vous peut faire faire une affaire quelque part et que cette personne dérape, et va commettre des crimes, toujours au titre de sa candidature, est-ce que vous en êtes responsable ? Donc moi je n’ai pas de preuve que ceux qui ont soutenu Madougou sont responsables des actes qu’elle a pu poser. Mais c’est d’ailleurs au motif de ce soutien dont elle se vante qu’elle est venue évincer tous les responsables du parti Les Démocrates pour prendre la candidature à la présidentielle en lieu et place de ceux-ci parce qu’elle a des relations, elle a de l’argent sans jamais être un opérateur économique. Elle n’est pas héritière à ce que je sache. Elle a occupé des fonctions politiques et du jour au lendemain, elle débarque avec des milliards. Elle s’en vante publiquement et tout le monde trouve cela normal. Quand c’est en Afrique, l’argent du crime peut venir en politique, c’est normal. Cela ne gêne personne. Tout ce que l’argent du crime peut permettre de faire, personne ne s’en préoccupe. Maintenant quand la justice prend le relais et demande que chacun réponde de ses actes, cela devient anormal, car ils sont des acteurs politiques. Tous les acteurs politiques sont exempts du péché ? Vous ne savez pas que parmi eux, il y en a qui sont des trafiquants de drogue, de pilleurs de deniers publics ? Vous savez très bien que la plupart ont ces travers-là. Mais il ne faut jamais en parler. Si on en parle, cela devient un règlement de compte politique.

Vous dénoncez les violences qui ont éclaté dans votre pays entre le 6 et le 9 avril dans le centre nord du pays. Le fait est que de nombreux Béninois ont eu l’impression de ne pas pouvoir s’exprimer dans les urnes faute de candidats importants représentant l’opposition, et sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement. Vous avez regretté vivement qu’il y ait eu des blessés parmi les forces de l’ordre, mais vous n’avez pas parlé de morts dans la population civile. Est-ce que vous pouvez nous dire aujourd’hui combien de personnes sont décédées ?
De quelle population civile vous parlez ? Parmi les assaillants, parmi ceux qui ont tiré sur des policiers ? En tant que journaliste, avez-vous vu des familles qui ont présenté les dépouilles mortelles des membres de leur famille ? Moi en tant qu’autorité en charge de la sécurité qui relève de notre bien-être ensemble, nous avons cherché à savoir les éventuelles victimes, car c’était nécessaire pour les enquêtes, en vain.

Selon des sources hospitalières, il y a eu deux morts dans le centre du pays.
Moi j’ai demandé au maire, il a dit qu’il n’a pas vu les corps des victimes qu’on lui a signalées. Cela a été dit et c’est bien possible, mais on n’a rien vu. Quand vous tirez sur des agents et qu’eux aussi ils répliquent, c’est probable qu’il y ait des morts. Mais l’idéal serait qu’on sache qui est mort. Si c’est un chasseur étranger qui est mort, les gens ont intérêt à cacher leur corps.
Bref en France, un djihadiste est entré dans un commissariat et a assassiné une policière. Il a été abattu. Est-ce que vous vous préoccupez davantage du fait qu’il soit mort ou bien de la mort de la policière ? Qu’est-ce qui est le fait le plus préoccupant ? Est-ce la mort du terroriste ou la mort de la policière ? Vous m’étonnez. Pour les mêmes faits, en attendant même que la justice établisse la réalité des choses et situe les responsabilités, vous avez des appréciations différentes. Tout le monde a vu à la télévision les blessés dans les rangs des forces de l’ordre lors des violences au Bénin…


Vous sous-entendez si mort il y a eu, que c’est dans le rang des assaillants et non des manifestants ?
Il n’y a eu aucun coup de feu sur les manifestants. Nulle part ! En 2019, vous avez vu des manifestants pourchassés parfois par des policiers matraques et gaz lacrymogènes en main. En 2021, vos correspondants étaient dans le pays. Je n’ai vu aucune image à Bantè, Savè, Tchaourou où des policiers ont poursuivi des manifestants. Les tirs qu’il y a eu sur l’axe Cotonou-Savè ou l’axe Cotonou-Bantè-Djougou sont des tirs de ripostes quand les forces de l’ordre dégageaient les voies et qu’on tirait sur elles. Il n’y a eu aucun tir lors des élections en 2021.

À la suite de cela, votre ministre de l’Intérieur a publié un communiqué accusant certains acteurs d’avoir planifié un vaste plan de déstabilisation visant à vous chasser du pouvoir et à installer un gouvernement de transition. En gros, il a affirmé qu’un coup d’État était en marche à l’occasion de ces violences. Mais un coup d’État, ce sont les militaires qui prennent le pouvoir. Mais sa langue a fourché ou bien…


Il n’a pas dit coup d’État, mais plutôt atteinte à la sûreté de l’État. Il a utilisé quel mot ? a-t-il parlé de coup d’État ? Chasser du pouvoir, il y a plusieurs manières de chasser du pouvoir. Toujours est-il qu’on a découvert dans les enquêtes, dans les rapports d’audition, des gens ont affirmé qu’ils ont été entrepris pour organiser des actes devant chasser le Président. Ce n’est pas caché. Il faut que Talon quitte le pouvoir notamment le 6 avril. Ils l’ont dit sur vos chaines, sur les médias, ils l’ont écrit. Ils n’ont pas caché. Talon doit quitter le pouvoir le 6 avril…

Ce n’est pas la même chose qu’il doit quitter et de le faire quitter par la force.
S’ils le disent et ont programmé des actions allant dans ce sens, et qu’on a des preuves, vous ne voulez pas que la justice s’en préoccupe ? Que reprochez-vous à la justice ? Le fait de vouloir voir clair ? Vous êtes dans une défense curieuse.

Votre ministre a ajouté que les commanditaires de ces actions étaient soit en prison ou soit en exil. Est-ce que vous les connaissez ?
Il y a des gens que je connais bien. Ce n’est pas mon rôle de donner des noms. Vous avez vos reporters sur le terrain, ils peuvent vous donner les noms. Aujourd’hui, la justice a pris la main. Il n’est pas convenable que je m’étale sur un sujet déjà dans les mains de la justice.

Pensez-vous que votre prédécesseur Boni Yayi serait l’un des commanditaires ?
Pourquoi l’avoir dans mon collimateur ? Mais s’il est mêlé, il répondra de cela. Moi, je n’ai pas à soupçonner quelqu’un. C’est du ressort de la police judiciaire et de la justice de débusquer ceux qui sont mêlés de près ou de loin à ces actes de violences. Moi, je n’ai soupçonné personne. Ce serait trop facile. Ce n’est pas mon rôle de soupçonner quelqu’un.

Peut-il revenir au Bénin sans peur ?
Personne ne l’empêche de revenir au Bénin ; mais si quelqu’un est interpellé par la justice pour répondre de ses actes et que la personne fuit, comment vous interprétez cela ? Quand en 1970, en 1980, des gens ont commis des attentats en Italie et ont fui de là-bas pour se réfugier en France et la France a refusé de les extrader, et aujourd’hui certains sont extradés, vous traitez l’Italie de pays bananier, d’envoyer ses acteurs politiques en exil ? Les Brigades rouges qui ont fait cela à l’époque, défendaient une cause politique. Mais le Président français décide aujourd’hui de les extrader ? Même la cause politique ne doit pas être défendue par la terreur. Toutes les fois que c’est le cas, il faut que les auteurs en répondent impérativement. Et si la France décide de les extrader 40 ans après, cela signifie que les faits sont graves.

Je reviens sur la réaction du gouvernement américain qui a publié un communiqué en date du 23 avril, je cite : « les États-Unis notent avec inquiétude les nombreuses arrestations de dirigeants politiques de l’opposition. Ils rappellent l’importance de la présomption d’innocence, le rôle d’une justice transparente et apolitique. Ils rappellent qu’ils suivent de près les actions du gouvernement du Bénin ». Vous semblez être dans le viseur de l’administration Biden.
Pas du tout ! Personne n’a à surveiller le Bénin fût-il le gouvernement américain. Le Bénin est un pays ouvert, normal et ce qui s’y passe peut intéresser français, Américains et autres. Moi aussi, je suis ce qui s’est passé aux États-Unis. J’en ai vu pour ce qui s’est passé au Capitole où des gens pour une cause politique ont envahi le Capitole. Il y a eu un mort et ceux qui ont fait ça répondent aussi de leurs actes. Le problème, c’est quoi ? Vous trouvez normal que la France, les États-Unis, la Chine s’inquiètent de ce qui se passe au Bénin. Les inquiétudes de ce qui se passe au Bénin sont légitimes et ces inquiétudes ne me gênent pas. Je vous dis pourquoi : les interpellations des acteurs politiques au Bénin sont des faits préoccupants. C’est toujours ainsi, car l’interpellation peut être fondée sur des faits avérés comme cela peut être une manipulation politique. Mais ce n’est pas parce qu’il existe parfois des raisons de manipulations politiques que toutes les interpellations des acteurs politiques n’ont pas des raisons justes. Les Américains n’ont jamais parlé de dérive autoritaire. Ils disent qu’ils suivent de près. Ce n’est pas parce que tout le monde s’interroge qu’on fera table rase de tout. Je ne suis pas dérangé par les interrogations. Je veux espérer que ce ne soit pas un grand nombre de mes concitoyens qui soient condamnés, car les preuves ont montré que les commanditaires ont exploité leur misère en leur octroyant de petites sommes d’argent afin qu’ils commettent leurs forfaits.

Dans votre discours après la victoire, vous avez promis améliorer votre façon de gérer. Cela voudra dire que vous êtes ouvert pour un dialogue avec l’opposition, un geste d’apaisement envers ses figures de l’opposition ?
Je ne l’envisage point. Le dialogue est permanent en politique. Vous dialoguez tout le temps avec les partisans, les courants politiques pour améliorer. Mais je n’envisage point l’impunité à nouveau, de gracier ou d’amnistier. Ce qui s’est passé devient récurrent. Ce n’est pas envisageable que une fois encore les gens soient graciés. On a encore arrêté des gens qui ont été auteurs des actes de violences en 2019. Vous voulez qu’on les gracie à nouveau, ce serait une faute.

Mais un jour, il faudra apaiser quand même ? Un geste de clémence pour concourir à l’apaisement ?
Pour vous chercher l’apaisement, c’est continuellement gracier quelqu’un qui répète chaque fois la même faute ? Pour moi, c’est NON ! ce sera la meilleure façon d’inciter au crime. Il faut que chacun réponde de ces actes. Il faut arrêter de chanter aux pays africains que vous soupçonnez de manipulation de leur justice. On peut faire palabre et après on continue avec nos pagailles, non c’est fini la pagaille. Avec cela, on ne va jamais se développer. Il faut plaider pour que chaque fois les pays africains s’asseyent pour palabrer et reprendre avec leur travers que sont la drogue, la corruption ? Il est temps sinon, nous allons rester indéfiniment dans la misère et nos enfants vont vous envahir par des migrations clandestines.

Monsieur le Président, l’article 42 de la Constitution béninoise dit que nul ne peut exercer plus de deux mandats dans sa vie à votre initiative. Vous contrôlez le Parlement pour pouvoir changer comme un certain nombre de Chefs d’État et vous éterniser au pouvoir ? Pouvez-vous nous dire oui ou non vous allez faire seulement deux mandats ?
En observant le Bénin, vous ne voyez pas que cela se passe autrement. Cette phrase, quelqu’un l’a jamais mise dans une Constitution ? Reconnaissez déjà les efforts du Bénin et l’importance d’une telle phrase qui règle les problèmes de compteur à zéro, 3e, 4e et 5e mandat. Cette phrase restera ainsi. Personne ne changera cela en tout cas pas à mon initiative. Les Béninois tiennent beaucoup à la limitation des mandats. Et c’est pour cela que nous avons introduit cette phrase pour éviter une tentation de nouvelle Constitution par peur que quelqu’un s’éternise au pouvoir.

Donc c’est votre dernier mandat ?
Tout à fait !

En 2026, Patrice Talon ne sera pas candidat ?
Dieu nous prête vie et bonne santé pour que nous puissions ensemble constater cela.

Ce discours de développement d’abord et la démocratie après que vous teniez depuis longtemps…
Je n’ai jamais dit cela ! Monsieur Boisbouvier, vous avez une telle ligne éditoriale dans votre tête que votre langue vous trahit…

Vous avez plutôt dit que la démocratie doit être au service du développement et non un frein. Cela fait penser au Président Paul Kagamé, il est votre modèle ?
Non, pourquoi ? Il fait des choses admirables, son pays se développe, lutte contre la corruption, c’est un pays qui fonctionne bien. Chacun a ses travers, personne n’est Dieu sur terre ici. Autant lui, autant mon voisin du Nigeria, du Togo, chacun fait des choses admirables, chacun peut aussi faire des choses qui soient critiquées. Moi je n’ai jamais dit que Kagamé était Dieu sur terre. Si un pays fonctionne bien, on peut le dire et s’il y a des choses moins bien qu’on le dise pour qu’il s’améliore.

On a l’impression que votre juge de paix c’est les résultats macroéconomiques.
Pour moi, c’est l’indicateur de tout. Le bien-être de tous les hommes est l’indicateur de toutes les actions publiques.

Le Bénin est classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, les agences de notation ont montré que le Bénin a une croissance importante malgré les crises liées à la pandémie. À tout cela s’oppose la question du partage. Est-ce que vous pensez que la croissance affiche de bons chiffres, mais ce n’est pas encore inclusif ?
Dans quel pays au monde avez-vous vu la croissance profiter à tout le monde à la fois ? Nous sommes dans un pays libéral donc chacun gagnera en fonction des efforts qu’il a fournis. C’est normal que les prouesses enregistrées en si peu de temps ne puissent pas impacter pareillement tout le monde. Notre espoir est que l’action publique permette à notre pays de se développer de manière plus large, car une manière inclusive ne veut rien dire. L’eau et l’électricité impactent tout le monde. D’ailleurs dans 2 ans tous les Béninois auront accès à l’eau potable et l’électricité dans 2 ans et demi. Nous faisons l’effort de faire un développement équilibré si vous êtes informés de ce qui se passe dans le pays. C’est une manière de faire profiter tous les Béninois de nos performances collectives.

Quelles sont les relations actuelles entre le Bénin et le Nigéria ?
Les discussions sont en cours. Vous savez entre deux États, les choses ne se passent pas du jour au lendemain. Les équipes travaillent sur l’intégration économique réelle de nos deux pays et ce sera bientôt une réalité sachant que nous mettons en place des voies et moyens pour endiguer et prévenir nos travers notamment la contrebande. C’est pourquoi nous voulons que les services de douane, police et consorts de nos deux pays soient plus en harmonie ensemble pour que ces choses n’arrivent plus.

Sur la sécurité, le chef des services secrets français a déclaré publiquement que les chefs Al Quaid ont conçu un plan d’extension dans les pays du Golfe de Guinée, les terroristes financent déjà des hommes en Côte d’Ivoire et au Bénin pour des tentatives d’attentat au Bénin.
Nous travaillons en bonne coopération avec les pays voisins et d’autres comme la France et la conjugaison de nos efforts nous laisse espérer que nous parviendrons à bout du terrorisme. Ce n’est pas facile, nous observons des mouvements et nous interpelons les gens quand c’est nécessaire. Vous savez que quand les gens ont des parents de part et d’autre des frontières, il est très difficile de vouloir contrôler cette nébuleuse. Mais nous faisons tous les efforts afin que le mal ne s’étende pas vers les pays côtiers.

Un mot sur le Tchad, car le Président tchadien est décédé et un conseil de transition militaire s’est installé avec à sa tête son fils. Comment voyez-vous cela, est-ce un coup d’État déguisé ?
Ce n’est pas de mes habitudes de me prononcer ou de donner un avis personnel, surtout que je suis encore en exercice, sur ce qui se passe dans un pays voisin. La situation est déjà si difficile là-bas que je n’ai pas à mettre de l’huile sur le feu. Je souhaite seulement que les uns et les autres puissent trouver les moyens pour que la paix règne, pour que le développement ait lieu. Je n’ai pas de leçon à donner à quelqu’un et mes sentiments je les garde pour moi d’autant que ma fonction ne me permet pas.

Et la présence du Président Macron aux obsèques ? Certains l’ont vue comme un soutien à la transition militaire…
Ce n’est pas à moi de juger les actes du Président Macron. Qu’il soit allé aux obsèques, le Président défunt a beaucoup fait pour la sous-région en matière de lutte contre le terrorisme. Le président Déby est un homme que j’admire beaucoup pour sa contribution et son courage. Donc aller à ces obsèques me parait légitime pour l’homme qu’il a été en Afrique notamment pour le service qu’il a rendu à ma sous-région. Peut-être que si j’avais pu, j’aurais été également à ses obsèques.

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