Puissance collective du continent africain : une œuvre d’art réalisée au Bénin bientôt dans l’espace
À la frontière entre l’art et la science, la première œuvre Africaine destinée être positionnée dans l’espace, a été dévoilée, le vendredi 8 avril 2022, à Paris. C’est à l’issue d’une table ronde inédite organisée à cet effet par les responsables de African Artists for Development (AAD-Fund).
Il s’agit d’une initiative historique dans l’histoire africaine, spatiale, artistique et imaginée par l’AAD-Fund en partenariat avec EUMETSAT et Arianespace. L’œuvre d’art appelée « Memory of today, Memory of the future » a été réalisée par Géraldine Tobé et Michel Ekéba, de la République démocratique du Congo et Jean-David Nkot, du Cameroun, lors d’une résidence artistique au Bénin à Ouidah. Elle sera positionnée sur la coiffe d’Ariane V dans le cadre du lancement du premier satellite d’observation météorologique de nouvelle génération d’Eumetsat.
En effet, dans le but d’alerter le monde entier sur un constat qui impacte directement la vie de centaines de millions de femmes et d’hommes sur le continent africain, il a été décidé de la réalisation d’une œuvre d’art qui sera positionnée sur la coiffe d’Ariane V. Acteur majeur du processus, le Bénin s’est positionné comme une plateforme des synergies d’actions et des partenariats culturels avec les structures régionales et internationales intervenant dans ce sous-secteur. Ainsi, après avoir coprésidé le jury de sélection de trois artistes devant réaliser l’œuvre, le Gouvernement du Bénin a organisé en janvier-février 2022, une résidence artistique au cours de laquelle l’œuvre, symbole de la puissance collective africaine, a été réalisée.
Un symbole de la puissance collective du continent
Présent à la table ronde du vendredi dernier à Paris, le ministre béninois en charge de la Culture, Jean-Michel Abimbola, ayant coprésidé le jury, a souligné que la représentation artistique est un symbole de la puissance collective du continent africain. « À la compétition entre les puissances et les industriels pour le contrôle de l’espace, l’Afrique répond par l’union et la solidarité autour d’un satellite qui a vocation à alerter sur le risque environnemental. Si les artistes d’inspirations différentes, venus compétir ont pu produire une œuvre commune, c’est que la puissance de l’Afrique face aux enjeux mondiaux réside dans une synergie d’actions. » Pour lui, le langage artistique peut être plus efficace que celui politique et produire de l’espoir. L’expérience actuelle est une préfiguration à la création africaine future sur la frontière « Espace », se rassure-t-il.
Pour sa part, Gervanne Léridon, co-présidente du fonds African artists for development pense que : « ça symbolise l’avenir, ça symbolise surtout la place que l’Afrique occupe dans le monde du XXIe siècle, c’est-à-dire un geste symbolique, un geste de paix. L’idée, c’était de rappeler aussi, dans l’œuvre de ces artistes, tout le passé, même un passé historique de la création en Afrique. »
L’œuvre en question
Une femme qui se redresse et des signes mythologiques, comme un lien entre le passé et le futur ; c’est la première lecture qu’on fait sur cette peinture rectangulaire. À l’arrière-plan, comme une vue satellite de l’Afrique et une constellation de symboles, des astronautes, des étoiles, des signes venus du monde Dogon.
Le personnage de la femme sur l’œuvre a émergé lors de la résidence des artistes à Ouidah, au Bénin, raconte la plasticienne Géraldine Tobé. « C’est une ménagère qui travaille à Ouidah. C’est une villageoise. Elle est là juste pour faire son travail et gagner son gagne-pain. Envoyer cette fusée qui sera décorée avec cette œuvre dans l’espace, c’est une forme aussi de reconnexion entre l’espace et la terre ».
C’est aussi une façon de rappeler aussi que les changements climatiques que le satellite emporté par Ariane V étudiera concernent tout le monde, riches et pauvres, en Afrique et ailleurs.