Désignation de 3 nouveaux membres au bureau de la CAR d’Agbotagon: le ministre Gaston Dossouhoui piégé, la procédure contestable
(Le respect des textes, seul choix de prévention d’une nouvelle crise)
La Coopérative d’aménagement Rural (CAR) d’Agbotagon dans la commune de Toffo n’a pas encore fini de nourrir l’actualité. En plus du scandale foncier en lien avec le bradage de plus de 600 hectares sur le vaste domaine de 1600 hectares appartenant à l’État central, la Coopérative d’aménagement rural (CAR) d’Agbotagon traverse des heures sombres. Il s’agit d’une crise profonde qui pousse au bord du précipice les organes dirigeants de la CAR d’Agbotagon.
Si le fonctionnement de la CAR d’Agbotagon frôle la paralysie, c’est justement à cause d’une procédure de remplacement et de désignation de nouveaux membres au sein de son bureau. Selon les éléments d’informations, un groupuscule de coopérateurs et certains cadres du ministère de l’Agriculture ont réussi à piéger le ministre Gaston Dossouhoui qui a conduit lui-même la procédure querellée. Nul ne peut douter des compétences du ministre Gaston Dossouhoui. D’ailleurs, l’unanimité est faite autour de ses compétences. Seulement, les éléments factuels tendent à faire croire que le ministre Gaston Dossouhoui a été induit en erreur par les cadres qui l’entourent et à qui il a fait confiance. En effet, à la suite de profondes crises qui ont secoué sans exception les Coopératives d’aménagement rural du Benin, l’arrivée du Président Patrice Talon avec les réformes a permis d’enterrer les mésententes et les guerres de clan et de camp. On se rappelle, ces guerres ont fait des morts sur plusieurs coopératives à l’époque. Les réformes du gouvernement de la rupture ont depuis ramené la paix avec les bureaux transitoires qui ont accouché des bureaux du conseil d’administration. C’est ainsi que le conseil d’administration de la CAR d’Agbotagon a été élu conformément aux statuts et règlement intérieur unanimement adoptés par les coopérateurs. Nous étions en 2020. À la CAR d’Agbotagon, un bureau de 9 membres a été élu par les 401 coopérateurs présents ou représentés à la satisfaction de tous. Ce nouveau bureau a eu mandat de gérer les instances et d’ailleurs a, à son actif, un bilan qui force admiration, selon plusieurs coopérateurs à Agbotagon que nous avons interrogés.
Le malaise procédural
Alors que tout allait bien au sein du bureau de la Coopérative d’aménagement rural d’Agbotagon, le décès de son président, Camille Assogba va ouvrir la voie à une profonde crise. C’est le 7 avril 2022, que le Président de la CAR d’Agbotagon est passé de vie à trépas dans des conditions effroyables. Les initiatives de redressement de la CAR d’Agbotagon qui étaient en cours sous la conduite de feu Camille Assogba prennent du plomb dans l’aile. 32 des coopérateurs sur les 401 (effectif total des coopérateurs de la CAR d’Agbotagon) saisissent un peu avant la mort de l’ancien président le ministre de l’Agriculture Gaston Dossouhoui, selon nos sources confirmées par un des signataires. Il faut dire que c’est le ministère de l’Agriculture qui assure le tutorat des CAR. Les 32 coopérateurs exigent dans leurs requêtes un chapelet de dénonciations dont le remplacement de deux membres du bureau. Il s’agit du vice-président, Célestin Agbonakan et du Trésorier général. Si la rédaction de votre journal n’est pas habilitée à juger de la pertinence des dénonciations, il y a un fait tout de même qui mérite réflexion. Le 20 avril 2022, sur la base des dénonciations faites par le groupe des 32 coopérateurs, le ministre de l’Agriculture Gaston Dossouhoui est allé en personne procéder, au remplacement de feu président Camille Assogba, du vice-président Célestin Agbonakan et du trésorier général Apollinaire Tavoyéha. On se demande alors, comment a-t-on pu convaincre le ministre Gaston Dossouhoui d’aller cautionner une telle procédure déclenchée par 32 coopérateurs ? Et même s’il y avait un problème ou si les dénonciations étaient fondées, les 32 coopérateurs qui n’ont reçu aucun mandat pour agir au nom et pour le compte des 368 autres coopérateurs membres de la CAR d’Agbotagon, sont-ils légitimes pour procéder à des remplacements et à la désignation de nouveaux responsables du bureau ? Les réponses à ces questions sont toutes négatives. Et pourtant, c’est ce qui s’est passé le 20 avril dernier. Il est, à l’heure actuelle difficile de dire si les remplacements et les désignations ont été faits lors d’une assemblée générale ordinaire ou extraordinaire. Or, l’article 108 des statuts de la CAR d’Agbotagon dispose qu’« en cas de démission, révocation, décès, retrait ou exclusion d’un ou plusieurs administrateurs, la vacance de poste entre deux assemblées est constatée. » À tout point de vue, il se pose un réel souci de validité de cette procédure de remplacement du vice-président Célestin Agbonakan et du trésorier général Apollinaire Tavoyéha, de désignation et d’installation de nouveaux membres au bureau de la CAR d’Agbotagon. De quelle légitimité ces nouveaux membres du bureau peuvent-ils se prévaloir si ce n’est que 32 coopérateurs sur 401 qui les ont oints de leur confiance ? Et même si le ministre de l’Agriculture Gaston Dossouhoui, sans doute induit en erreur, a cautionné cette procédure, les nouveaux membres du bureau établis sur la légalité auront beaucoup de mal à diriger en raison d’un défaut de légitimité. Le Président de la République Patrice Talon a tout mis en œuvre pour que la paix revienne dans les structures des Coopératives d’aménagement rural. Il serait très indiqué que le ministre Gaston Dossouhoui se rende vite compte des vices de procédure et du défaut de légitimité des nouveaux membres pour éviter une nouvelle crise à la CAR d’Agbotagon. Il n’est pas tard pour bien faire et l’injustice commise devra être corrigée.
Brivaël Klokpè Sogbovi