Eléonore Yayi au sujet des réformes dans l’enseignement supérieur : « cette locomotive a déjà pris départ »

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La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan a été aussi reçue dans l’émission « Le Gouvernement en Action » il y a quelques jours. À cette occasion, elle est revenue sur les nombreuses actions que mène le régime du président Patrice Talon en faveur de ce sous-secteur de l’enseignement au Bénin.

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Journaliste : Madame la Ministre, nous venons de faire un an dans le second quinquennat du Président Patrice TALON. Le premier mandat a été, dans votre sous-secteur, un quinquennat de grandes réformes. Quelles idées fortes devrons-nous retenir ?
Ministre Eléonore YAYI LADEKAN : Merci. Effectivement, nous venons de sortir d’un quinquennat, nous sommes dans un autre et on a déjà consommé une année.
Ce que nous pouvons dire au terme du premier quinquennat, c’est que nous avons passé le temps à bien diagnostiquer. Le secteur de l’éducation est un secteur très important, stratégique, et on n’y agit pas n’importe comment. Donc, pendant ce quinquennat, nous avons fait de très bons diagnostiques, identifié les goulots d’étranglement, les points forts et les faiblesses, lancé les réformes et, maintenant, nous poursuivons la mise en œuvre de ces réformes.

Et tout ça tourne autour de combien de programmes ?
Au titre du 1er quinquennat, comme d’ailleurs le deuxième, nous avons 4 programmes : le programme Pilotage et soutien au service de notre ministère. Nous avons un programme spécialement dédié à l’Enseignement supérieur, un autre à la recherche et l’innovation et un dernier bien entendu pour nos bénéficiaires. Les actions sont donc allées dans ce sens-là et ont surtout consisté à voir, pour ce qui concerne les goulots d’étranglement, qu’est-ce qui fait que nos apprenants, lorsqu’ils finissent et qu’ils vont chercher du boulot, ou qu’ils ont quelques opportunités, ils n’arrivent toujours pas à bien s’insérer ? Quelques-uns peut-être le font mais dans la majorité des cas, il nous revient qu’il y a des difficultés. Vous savez que dès qu’on met le financement dans un secteur stratégique et que les résultats peinent à venir, c’est que ça pose problème quelque part.

Parlons du Programme Enseignement supérieur. Le samedi 10 juillet 2021, s’est tenu à Cotonou, un séminaire national sur le développement de l’Enseignement supérieur, la Recherche scientifique et l’Innovation. Ce conclave historique, présidé par le Chef de l’Etat, a débouché sur des décisions fortes. Où en êtes-vous dans la mise en œuvre de ces décisions ?
C’est bien de rappeler ce conclave qui était très important pour nous parce que, nous voici dans un environnement où nous avons du mal à nous comprendre nous-même, nous avons du mal à savoir dans quel sens il faut agir pour parer au plus pressé. Dans ces conditions, le chef de l’Etat qui suit tout et qui apporte son soutien, a trouvé le meilleur moment de ce conclave. Et ce conclave a débouché sur une grande réforme, la réforme de l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. Et depuis ce temps, nous avons pris un certain nombre de décrets qui sont très importants.
Par exemple, le décret qui met en place les conseils d’administrations. Ça n’existait pas. Et les universités, c’est tout à fait normal qu’elles ressentent un certain nombre de difficultés. Nous avons également des décrets qui se rapportent au fichier national des aspirants de l’enseignement supérieur, parce qu’il ne faut pas aller à l’enseignement supérieur n’importe comment. Nous avons les décrets sur les chaires. Nous avons les décrets sur les écoles doctorales parce qu’il faut former des docteurs pour la relève et le faire très bien. Donc, il y a beaucoup de décisions qui font l’objet d’un suivi méticuleux.

Au nombre de ces décisions, il y a le nouveau mode de fonctionnement et de gestion des Universités publiques. Désormais, les Recteurs et chefs d’entités ne sont plus élus mais nommés à l’issue d’un long processus. Pourquoi ce choix ?
La nomination des recteurs et chefs d’entités, c’est un choix stratégique. C’est un choix profond, c’est un choix nécessaire.
Effectivement, vous l’avez rappelé, autrefois, ce fut le temps des élections. On ne se comprenait pas. Moi-même qui vous parle, j’ai été issue de ce processus et on a eu du mal, des difficultés parce qu’on ne se comprenait pas. Entre quelqu’un qui a une ambition et quelqu’un qui n’en a pas du tout, la différence était difficile. Et finalement, on sort de ce processus avec beaucoup de conflits et cela impacte les relations humaines. Ce n’est pas bien ! ça agit sur la qualité de la formation. Depuis lors, il n’est plus question d’opter pour les élections. Et là maintenant, il y a l’option d’appel à candidatures.
L’appel à candidatures est supervisé, évidemment, par le conseil d’administration. C’est pourquoi, il était question de mettre en place les conseils d’administration pour s’assurer de ce que tout le processus se déroule de la façon escomptée. Et les nouveaux responsables qui viennent, ils ont une vision. Il faut qu’ils expriment clairement leur vision, il faut qu’ils disent leur choix, quelles sont les méthodes ou les stratégies qu’ils entendent mettre en place avec toutes les composantes pour arriver à bon port. Après cet appel à candidatures, il faut plancher. Il ne suffit pas simplement d’écrire, parce qu’entre ce que vous écrivez et ce que vous soutenez, il y a une grande différence. L’occasion nous a permis de voir tout l’apprentissage que ce nouveau mode amène à la communauté.

Ça a été finalement efficace ?
Ça a été très efficace ! C’est vrai que c’est un peu tôt mais pour ce que nous avons vécu des premiers mois, nous pouvons vraiment nous frotter les mains et nous dire que nous sommes en train de sortir d’un cauchemar.

Donc, au bout de 6 mois de gestion, on peut dire que les objectifs ont été atteints ? 
Non (3 fois). C’est un peu tôt !  Mais on peut déjà commencer par dire qu’un certain nombre d’actions fortes sont enclenchées par la mise en place de ces hauts responsables. Ils sont responsabilisés. Ils savent que ce n’est pas une question de redevabilité à qui que ce soit. Ils sont responsables jusqu’au bout et ils interviennent de façon impartiale. Donc la vie, l’évolution, la qualité de ce qui se fait est dans leurs mains. Ils sont évalués ; ils savent qu’ils sont là pour un temps et à l’issue de ce temps, ils seront évalués. Ils ont des cahiers de charge très précis aussi bien pour ce qui concerne la qualité des interventions, la qualité des enseignants, l’infrastructure, l’environnement, la recherche et l’insertion professionnelle.

Nous venons de suivre le recteur de l’UAC (Elément témoin) qui, manifestement, se réjouit de ce mode de désignation des responsables des universités…
Exactement ! C’’est ce que je note avec vous, c’est ce que nous avons commencé par vivre depuis un certain temps. Ils sont également à l’abri de tout souci, de toute infraction parce que dès que tu gères les ressources et tu affiches une bonne volonté de bien le faire, tu ne peux pas savoir si, entre temps, toi-même, tu transgresses les principes et lois, dès que l’organe qui est là n’est pas un organe gendarme et c’est un organe qui a un regard permanent sur ce qui se fait. Et c’est cet organe qui les apprécie, les note. Dès que l’organe constate des irrégularités, l’organe intervient et permet aux universités de corriger le tir.

Au-delà de ce rôle, qu’est-ce qu’ils apportent de plus ? 
Le Conseil d’administration (CA), c’est un organe d’orientation. Ça veut dire qu’avant de réaliser quelque chose, avant de prendre une décision, avant de mettre en œuvre une politique, l’organe doit pouvoir donner son avis. Le CA intervient également dès qu’il y a dénonciation des cas d’irrégularités, dès qu’il y a constat des cas de contre-performance. Et vous savez, les ressources sont rares, il est important de savoir les gérer.
Les questions de planification, de gestion et d’évaluation sont également scrutées par les CA à travers les commissariats aux comptes. Cela, pour s’assurer que les ressources sont non seulement bien gérées mais produisent en même temps les résultats escomptés. 
Vous avez également les conseils d’administration qui ont procédé, comme je l’ai dit, à la désignation des hauts responsables et eux, à leur tour, supervisent tout ce qui se passe dans les unités de formation et de recherche. Dès qu’il y a un problème au niveau de l’université, l’organe intervient.
La question des offres de formation, c’est une question importante parce qu’il faut savoir nos références en matière de formation.  L’organe est chargé de s’assurer que tout se passe très bien. C’est vrai que, dans ce cas, le rôle est limité puisqu’il y a un autre organe qui est appelé organe national de contrôle et d’éthique qui est beaucoup plus investi des pouvoirs un peu plus profonds en matière de pédagogie au niveau des universités.  

Est-ce qu’il peut arriver, par exemple, que le conseil d’administration rétorque un choix d’un doyen dans l’engagement d’une dépense ? Est-ce qu’il peut avoir conflit d’attribution ?
Non ! Les textes sont clairs, les rôles sont bien définis. Vous avez les décrets 379 et 378 qui s’adressent au statut des Corps des personnels enseignants des universités et également au statut-type des universités.  Et donc, le rôle de chaque organe est clair. Le conseil d’administration est un des organes délibérant alors que le rectorat est un organe de gestion, et il y a des organes de contrôle.

Madame la Ministre, pour être enseignant, il faut être inscrit dans un fichier national. On va parler ainsi d’aspiranat. C’est quoi l’aspiranat ?

Il s’agit, Madame et Monsieur, d’un cadre qui s’assure de ce que nous avons les bonnes personnes qui interviendront dans l’encadrement de nos apprenants. Aspirant, c’est que tu as fait le choix de devenir enseignant au bout d’un certain temps. Et il ne suffit pas d’avoir ton doctorat pour devenir enseignant. Tu as beau avoir un doctorat, c’est vrai, c’est le diplôme de base, il faut avoir un plus, toi-même du point de vue de ton comportement, du point de vue de la pédagogie, du point de vue de ta propre responsabilité et surtout de l’intérêt que tu nourris pour l’Institution, cela détermine la qualité de l’enseignant. C’est pour cela que le fichier est instauré pour s’assurer de ce que nous avons une base fiable.  C’est un outil de planification, un outil de mobilisation de ressources. Dès que vous voulez organiser un recrutement, il va falloir avoir une référence. La base sert de référence.

Et comment s’inscrire à ce fichier national ?
C’est numérique. Nous utilisons les TICs pour améliorer nos prestations.

Il faut déjà avoir son doctorat ou, pour certains cas, des masters spécifiques parce qu’il y a certains domaines pour lesquels vous n’avez pas forcément le doctorat. Vous allez dans l’administration, c’est difficile d’avoir le doctorat mais vous avez des masters professionnels qui interviennent déjà dans l’encadrement des apprenants. Donc, il faut soumettre un dossier en ligne ; il faut mettre tous ce que vous avez comme diplômes, comme thèses, comme mémoires. Il faut se soumettre à un test de plagiat parce que c’est la qualité. Il n’est plus question d’aller plagier les travaux d’une tierce personne pour vous les approprier. Il y a le test de plagiat, il y a également le code de déontologie et d’éthique qui montre que vous souscrivez à un ensemble de comportements vis-à-vis de des apprenants, vis-à-vis de l’Institution et vis-à-vis de vous-même pour pouvoir évoluer dans votre activité. 

Il y a aussi une limitation de l’âge à 45ans, pourquoi ? Est-ce que ce n’est pas discriminatoire, ça n’élimine pas certaines personnes ?
Non. Du tout pas ! C’est déjà la loi, mais la formation telle que les lois le prescrivent pour le moment, vous devez avoir au maximum 45ans. Les lois d’entrée dans la fonction publique prescrivent que vous devez avoir au maximum 45ans. Donc, ça permet aussi à d’autres personnes, que des jeunes puissent donner la preuve de leur utilité. C’est une volonté de donner la chance à tout le monde notamment aux jeunes. Et dès qu’il y a un secteur d’activité qui peine à avoir des professionnels, nous savons comment nous traitons ces cas-là à travers des contrats spécifiques.  Ça se fait, il n’y a pas de souci. 

Au nombre des reproches, il y a aussi celui ayant trait à l’ouverture de ce fichier aux étrangers… 
Ah non ! Pour ce qui est de l’ouverture de ce fichier aux étrangers, il n’y a aucun problème, c’est transparent.  Et puis, retenez qu’au moment de la sélection, à compétences égales, le choix est orienté vers les candidats nationaux.  

Donc ils seront reversés ?
Non, ils ne sont pas du tout reversés, parce qu’il y aura de sélection. Lorsque vous êtes aspirant, le recrutement se fera pour vous donner la possibilité d’évoluer vers un statut d’enseignant du supérieur. Vous avez le maître assistant, vous avez le maître de conférences, vous avez le professeur titulaire. Mais il faut commencer par la base. C’est pour éviter certains cas constatés, malheureusement, où les personnes demeurent presque à vie des assistants et n’évoluent pas. Or, c’est un outil de planification. Il faut savoir qu’au bout d’un certain temps, d’autres doivent pouvoir entrer dans le processus et permettre le renouvellement de ce processus-là.  

J’ai entendu, madame la Ministre, que dès lors qu’on est dans le fichier, on peut avoir un salaire…
Je ne sais pas où ils ont entendu cela. Il ne s’agit pas d’entrer dans le fichier pour devenir enseignant. Vous rentrez dans le fichier pour nous permettre, au moment opportun, de faire un recrutement que nous avons des personnes dans la base. Et à l’issue du recrutement, si vous êtes recruté, vous sortez de la base et vous commencer par travailler.

Madame la Ministre, où en sommes-nous dans la mise en œuvre de ce fichier ? 
Vous savez le processus passe par une plateforme numérique. La plateforme est déjà disponible. Les différentes spécialités pour lesquelles le Master est requis sont déjà dans la base, le test de plagiat également.  L’organe de contrôle qui assurera la conception, la gestion et le suivi de ce processus est également presque installé. Il ne reste qu’à juste finaliser un certain nombre de paramètres pour pouvoir leur permettre de candidater
Nous leur demandons simplement juste un peu de patience. Ils sont nombreux et nous le savons. Ils se bousculent et nous avons même peur qu’en lançant le processus, même pour un délai de 3 semaines, qu’au bout de 3 jours la base soit saturée. 

Que faites-vous vous des moniteurs ? 
Ça fait longtemps qu’on ne parle plus de moniteurs. Effectivement, au début, ils étaient là pour nous assister, assister les enseignants dans l’organisation des enseignements, des TD. Mais eux-mêmes n’en sont pas responsables.
Avant, lorsqu’on parle de moniteur, c’est que tu as un contrat. Moi-même je l’ai fait. Tu le fais au bout d’un an ou de 2 ans et ça te donne la main pour te préparer à cette fonction. On est ensuite passé par les assistants et dès que nous avons commencé le recrutement des assistants, directement, ils postulent et c’est ce qui a justifié que les 200 assistants qui ont été recrutés à l’ère de la rupture, proviennent du processus. 

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Comment se fera l’évaluation des candidatures ? Quelle est l’utilité de cet organe de contrôle, ONCE ? 
L’évaluation des candidatures se fera par un jury mis en place par l’organe national de contrôle et d’éthique.  L’organe de contrôle a plusieurs rôles. Le rôle de contrôle de la qualité, le rôle disciplinaire. Il cherchera à savoir s’il n’y a pas des cas d’infraction, des cas de déviances. En cas de contre-performances notoires, l’organe doit pouvoir agir. C’est pour cela que l’organe est sous la tutelle administrative de notre ministère et sous la tutelle institutionnelle du conseil national de l’éducation. L’organe est déjà là, et il va devoir contrôler tout le processus et s’assurer de la qualité des offres de formation et de l’évaluation des enseignants. On n’a jamais connu ça. Les enseignants seront évalués et l’organe va recourir aux dispositifs et aux normes et standards pour pouvoir réussir cette évaluation. 

Justement, comment ça va se passer très concrètement pour les enseignants ? 
Souvent, quand on est au supérieur, on se dit qu’on est totalement au bout de la branche. C’est nous qui formons et, jamais, on ne peut être évalué. Non ! On peut être évalué. Si on ne s’évalue pas, on n’évolue pas soi-même. Il faut accepter de se faire évaluer et identifier ses propres faiblesses et pouvoir les améliorer.
L’organe de contrôle va s’appuyer sur les cellules pédagogiques d’assurance qualité qui existent déjà dans certaines universités. L’organe va procéder à l’harmonisation parce que les unes en ont, d’autres n’en ont pas. Il faut déjà harmoniser pour que ces dispositifs-là soient opérationnels dans toutes les universités. Ainsi, l’organe pourrait s’appuyer là-dessus pour contrôler la qualité : Qu’est-ce que l’enseignant doit faire ? Est-ce que les supports sont régulièrement actualisés ? Est-ce que tu suis l’actualité ? Il faut regarder de près tout cela et qu’il y ait des normes, des outils pour aller le faire très rapidement.

Comment se portent les établissements privés d’enseignement supérieur ?
Les EPES sont également un autre pan de notre mission en termes de contrôle de la qualité, parce que, figurez-vous, les universités publiques n’absorbent pas tous les bacheliers. Donc, la capacité d’accueil est limitée et, heureusement, ces EPES sont là pour absorber le reste. Heureusement encore qu’il y a de grandes initiatives pour gérer la massification à travers les lycées scientifiques qui vont se créer et les centres de métiers. Ça va absorber les apprenants et on aura moins de flux sur nos campus.
Quant aux EPES, nous continuons d’assurer leur contrôle à travers les demandes d’ouverture, de création. Nous faisons les inspections pour nous assurer de ce que leurs prestations ne bloquent pas l’évolution des apprenants. Ils sont tous Béninois ; les uns par la force des choses se retrouvent classés dans les universités, les autres se retrouvent orientés vers les EPES. 

Comment se passe l’examen national ?
L’examen national est organisé, justement, pour les accompagner parce que leurs diplômes ne seraient reconnus qu’une fois l’examen fait. C’est véritablement pour les encourager et pour donner la preuve de notre proximité et surtout leur permettre de capter les différentes opportunités qui s’offriront à eux au terme de leur formation. Nous faisons régulièrement les examens nationaux. Les EPES y participent et sont très impliqués. 

Parlons maintenant du conseil consultatif. Quel est son rôle, quelle est son utilité ? 
Le Conseil consultatif national pour l’enseignement supérieur est devenu une commission consultative dès lors que nous avons le conseil national de l’éducation. Cette commission se charge d’apprécier les demandes. Et cette commission est composée de diverses structures, que ce soit le patronat, les EPES, les universités, le ministère des finances, la fonction publique, le ministère de la justice, pour s’assurer que les normes sont bien établies pour donner les agréments aux établissements privés. Elle connait aussi des questions de création, des questions d’ouverture, des questions d’autorisation de diriger parce que, pour diriger dans un établissement privé, il faut une autorisation.  D’ailleurs ça devait être commun à toutes les universités. Donc c’est le travail de cette commission. Mais la commission demeure consultative. Elle propose des avis et ces avis sont soumis à l’appréciation du conseil national de l’éducation. 

La vie de l’étudiant maintenant.  Madame la ministre, les étudiants ont l’impression que c’est le service minimum avec la rupture…
Non ils se trompent. Je pense qu’ils se trompaient avant. Maintenant, ils ont bien grandi en sagesse et ils savent que tout ce que nous mettons en place en termes de réformes, c’est pour eux.  C’est pour qu’ils puissent être bien formés et pouvoir mieux s’insérer.
En dehors de cela, l’Etat organise les activités au niveau des centres des œuvres universitaires et sociales. Ces centres s’occupent de leur restauration, leur hébergement et également de leur transport, de l’organisation des activités sportives et culturelles qui développent aussi l’intelligence. Tout cela, pour dire que ces centres mobilisent quelque chose d’un milliard de francs CFA pour assurer la restauration, l’hébergement, la restauration, les activités. Il y en a qui sont visibles au niveau de certains centres universitaires. Il y en a qui ne sont pas encore visibles dans d’autres centres qui en font toujours la demande. Et nous prenons les dispositions pour qu’aucun étudiant ne soit privé de ces services sociaux.  

La question du transport souffre un peu, Madame la ministre.  Qu’est ce qui se passe ? 
Cette question est très importante, parce qu’il s’agit de nos étudiants que nous transportons. Il faut les transporter dans de très bonnes conditions. Mais ces transports existaient au moment où ces étudiants étaient très éloignés de la ville. Il n’était pas possible de se déplacer à pied. Il n’y a même pas de moyen, c’est en ce moment que ces bus étaient là.  Depuis lors, il y a une très belle activité foncière qui s’est développée autour des universités. C’est tout un village universitaire.
Il faut également reconnaître que, dès qu’on ne sait pas faire quelque chose, il faut trouver les moyens et trouver les spécialistes en la matière. C’est pour cela que la réforme qui consiste à déléguer ces prestations aux privés est au cœur de nos priorités pour les étudiants. Il faut que ce soit les privés qui ont vraiment les moyens et l’expertise nécessaires pour optimiser ce service-là qui s’en occupent. Le transport des étudiants pourrait être confié aux privés qui vont recevoir l’accompagnement de la part de l’Etat. Pareil pour la question de restauration et celle de l’hébergement.
Pour l’hébergement, il y a un projet important initié par le chef de l’Etat lui-même pour les étudiants. Et quand ce projet verra le jour, je vous assure, vous n’entendrez plus parler des questions de bus parce qu’il y aura tellement d’hébergement que les étudiants ne trouveront même pas le besoin d’aller prendre le bus pour quitter loin et venir à leurs cours. Mais ces bus seront là pour les sorties pédagogiques. 

Il y a eu récemment une polémique sur la ration des étudiants qui a diminué…  
Il ne s’agit nullement d’une diminution de la ration. Je profite de cette opportunité pour rassurer de ce que c’est un lapsus. Ça a été dit, c’est un lapsus. Ils nous ont même envoyé tout un rapport et j’ai pu comprendre que, parfois, vous voyez, les mots trompent un peu les pensées. Donc les étudiants sont bien servis, rien n’a diminué de leur repas. 

Le traitement des dossiers de bourses, qu’en est-il cette année ? 
Pour le traitement des bourses, cette année c’est une innovation. L’année dernière, il y a même des années, heureusement qu’on a tourné la page, où les étudiants attendent un an pour prendre leurs bourses. Franchement, les bourses servent à aider l’étudiant à pouvoir s’appliquer, s’accrocher, et se concentrer sa formation. 
Cette année, sur les 34. 000 dossiers, nous avons déjà traité plus de 33 000 dossiers. Les 1000 et quelques dossiers qui restent, sont des dossiers du contentieux parce qu’entre-temps, l’étudiant a arrêté son cursus et est revenu un an, 2 ans plus tard, et a soumis un dossier. Il faut s’assurer de ce que tout se passe bien et que les déclarations sont fiables avant de rétablir sa bourse.
Les questions de renouvellement ou d’attribution de bourses ont connu, heureusement, des d’avancées. Il n’y a plus de lenteur. Il faut dire que les TICs sont intervenues pour faciliter les choses. Il y a la digitalisation surtout en matière d’inscription. Avant, ça prenait tellement de temps. Il faut aussi reconnaître et saluer la diligence des universités. Si les universités n’envoient pas le résultat à temps, il ne saurait y avoir de paiement de bourses à temps. Vous vous souvenez de cette grande réforme, la mensualisation ? Avant, c’était le centre des œuvres universitaires et sociales qui payait. Maintenant, c’est de la responsabilité du COUS, c’est budgétisé et c’est mensualisé. Donc, tous les étudiants reçoivent leurs allocations comme un fonctionnaire qui reçoit son salaire. 

Madame la Ministre, les étudiants sont souvent avares en compliments, mais là, il semble avoir loué les efforts que vous faites pour l’octroi des allocations universitaires. 
Absolument, parce que rien ne se cache. Pour les allocations universitaires, ça fait 8milliards et demi de francs CFA en termes de montant. Et lorsque nous regardons les 3 dernières années, nous sommes passés de 20 mille bénéficiaires à près de 35 mille bénéficiaires. Ça veut dire que le gouvernement fait vraiment d’effort pour les accompagner. Et en ce moment, nous avons déjà près de 5 milliards de francs CFA qui sont mobilisés dans l’enveloppe de 8 milliards FCFA. L’année dernière, ce n’était pas le cas. C’est pour cela que nous pensons que c’est une innovation qu’ils saluent. Ils y participent également. C’est ce qui m’enchante chez eux. Ils sont responsables et s’il y a des difficultés, ils ne viennent pas nous ennuyer, ils vont dans les universités, ils vont dans les structures compétentes pour trouver solution. 

De 20 mille à 35 mille, qu’est ce qui a évolué ? Ce sont les critères d’excellence ? 
C’est l’enveloppe parce que le flux augmente énormément dans les universités. C’est près de 100 mille étudiants. Lorsque nous prenons l’ensemble des 4 universités, c’est 100 mille étudiants.  Et l’université d’Abomey-Calavi, qui est la plus grande, mobilise les 2 tiers de cet effectif.

Madame la Ministre, l’excellence est recherchée partout par le gouvernement. Même au niveau des allocations, expliquez-nous un peu cela… 
L’excellence c’est partout. Lorsque vous recevez votre allocation, ce n’est pas pour aller vous acheter de moto ou aller danser. C’est pour impacter ce que vous faites en termes d’études et pour que vous puissiez réussir. Et l’étudiant qui évoque la question a raison en partie car cela fait 5 ans que ce décret est en vigueur. Nous sommes déjà dans les dispositions de revisiter le décret. C’est vrai que c’est un outil de planification. 
Si on en est arrivé là, c’est parce que les années passées, on se perdait beaucoup dans les questions du nombre d’étudiants déjà payés ou non payés. Nous allons voir, avec les financiers, comment nous pouvons faire de sorte qu’il y ait de la motivation, de l’excellence pour que celui qui est bénéficiaire d’allocations se sente responsable et n’ait rien d’autre à faire que de maintenir le cap.

En milieu universitaire, il faut dire que vous menez une lutte implacable contre le harcèlement sexuel. Dites-nous quelles sont les avancées dans ce domaine ? 
J’ai personnellement organisé des tournées pour aller parler aux filles, aller parler aux hommes et aller parler aux apprenants garçons parce que ce fléau devient très inquiétant. Heureusement, vous savez que le gouvernement du président Talon est très responsable et ne badine pas avec ces questions qui détournent les apprenants de leur formation, surtout les filles. Il y a des lois et des instances qui vont connaitre de ces cas-là. Nous avons malheureusement quelques-uns déjà. En moins d’un an, nous en avons beaucoup recensé dans les universités. Et ces cas ont été sanctionnés selon le niveau de gravité des forfaits.

Madame la Ministre, est-ce qu’il n’y a pas un effort à faire pour responsabiliser davantage les étudiants ? 
Absolument ! C’est ce que nous faisons et nous avons même l’appui des partenaires comme l’UNFPA, par exemple, qui permet de faire ces genres de sensibilisation à travers les centres des œuvres universitaires et sociales. Les filles, comme les garçons, sont sensibilisées dans leurs comportements, dans leur code vestimentaire etc.  Vous savez, il y en a qui veulent bien aller poser leur problème aux professeurs et elles deviennent des proies faciles. 
La sensibilisation, c’est aussi vers les enseignants qui ne doivent plus, en aucun cas, commander les étudiants. Ces étudiants sont allés pour la formation et non pour aller acheter à manger aux professeurs. 

Madame la Ministre, où en êtes-vous avec la politique nationale de la recherche et de l’innovation ? 
On se calme pour mieux sauter.
Effectivement, pour intervenir dans la recherche, il faut tout un ensemble de conditions. Le dispositif réglementaire, institutionnel, l’environnement, le plateau technique, définir qui est chercheur, qui ne l’est pas, déterminer les thématiques que les sujets de recherche doivent adresser. Tout ça, ce sont des ensembles structurants mis dans la politique nationale de la recherche et de l’innovation qui sera adoptée dans les prochains jours. Avec cette politique, nous allons donc renforcer la recherche au Bénin. 

Avec quel modèle économique, vous entendez le faire, puisqu’il faut des moyens, un financement pour ça ?
Bien sûr que c’est prévu dans la politique. On va statuer sur la part de l’Etat, la part des autres organes, celle des autres partenaires qui vont venir soutenir la recherche.  La question de la recherche n’est pas vraiment une question banale. 

Dites-nous, Madame la Ministre. Pour les 4 années à venir, quelles sont les perspectives ? 
Au niveau de notre sous-secteur, surtout pour ce qui concerne le programme enseignement supérieur, nous avons la réforme sur le développement de l’Enseignement Supérieur, la recherche et l’innovation.  Ça c’est la réforme phare. Et c’est cette réforme qui a commencé par les décrets que nous avons pris.  Il faut continuer pour aller jusqu’au bout. 
Nous avons également les projets de E-Education, que ce soit dans nos prestations dans les services que nous donnons, les équivalences de diplômes. Voilà encore un autre secteur qui demande à ce qu’il y ait des TICs qui visitent un peu ces activités.
Nous avons le E-learning qui est un outil important que nous avons utilisé en son temps, que nous avons évalué et que nous allons réinjecter dans le système. Le E-learning, il y a eu beaucoup de comptes qui ont été activés par les étudiants et par les enseignants. Les préalables sont déjà réglés, il ne reste maintenant qu’à lancer cela. Il faut également donner les moyens aux étudiants pour pouvoir bien participer à ces cours.  

Peut-être les bornes de connexion gratuite seront installées sur le campus…
Ça existe déjà avec le projet RBEER. C’est très important pour un temps. Le temps de nous habituer à ce qui est beau, et de nous préparer également à souscrire à ce qui beau parce que ce qui est beau a un coût.  Dès que vous avez un service qui est important pour vous et qui vous sert, il faut mobiliser les moyens pour aller à ce type de service.  Et c’est la qualité dans les domaines de l’enseignement supérieur.  

Madame la Ministre, votre mot de la fin pour clore cet entretien…
Merci. Le temps est passé très rapidement parce que le secteur est un secteur immense. Les actions qui sont menées sont des actions à longue durée.
Nous voulons rassurer les uns et les autres que cette locomotive a déjà pris départ. Nous allons continuer à travailler afin que la qualité soit au cœur de nos prestations. Voilà beaucoup de milliards qui sont déployés, qui sont investis, injectés dans ce sous-secteur pour que, in fine, nous puissions livrer le capital humain de qualité.  Ce capital humain qui est appelé à agir pour la transformation structurelle de notre économie. Il n’est plus question de s’amuser autour de ces thématiques. Il faut y aller rapidement. Il faut donner l’assurance aux bénéficiaires de ce qu’ils sont au cœur de nos priorités.

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