Désignation des Chefs d’arrondissement : L’UP, parti hors-la-loi à Toviklin

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Le pouvoir absolu devrait être conservé dans les girons du parti du baobab conformément à l’esprit et à la lettre du code électoral. S’adossant aux principes de démocratie et recherchant une harmonie solide aux divers postes de l’Exécutif communal, le législateur a voulu que les partis politiques majoritaires aient la possibilité de désigner les maires, ses adjoints et les chefs d’arrondissement.

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La loi interprétant et complétant celle n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral du Bénin est suffisamment claire. Le chapitre III nouveau a libellé les modalités de désignation ou de l’élection des Chefs d’arrondissement. L’article 199 nouveau dispose que « le chef d’arrondissement est désigné ou élu parmi les conseillers communaux élus sur la liste de l’arrondissement. À défaut d’un candidat au poste de chef d’arrondissement parmi les conseillers élus sur la liste de l’arrondissement, tout autre conseiller élu dans la commune peut être désigné ou élu chef d’arrondissement.

Pour lever tout équivoque le législateur précise à l’article 200 que  »la désignation, l’élection, la destitution ou le remplacement d’un chef d’arrondissement s’effectue dans les mêmes conditions que celles relatives à la désignation, l’élection, la destitution ou le remplacement du maire et d’un adjoint au maire. Les conditions de majorité absolue sont celles réunies au niveau communal.

Dans la commune de Toviklin, les électeurs qui ont massivement voté pour le parti UP s’attendaient naturellement à voir les conseillers communaux UP prendre la tête des arrondissements. Hélas, si leur rêve a été concrétisé par endroit, il aura été aussi fissuré dans d’autres. Les responsables du parti UP ont préféré concéder des postes de Chefs d’arrondissement au parti Bloc Républicain sorti minoritaire avec seulement 7 conseillers communaux. Le fait qui fâche le plus reste des postes de Chefs d’arrondissement concédés dans des arrondissements où le parti a pourtant la majorité absolue d’élus. Dans l’arrondissement de Adjido où l’UP à deux conseillers contre un seul conseiller BR, le parti a laissé le poste de CA au parti BR. Plus grave, à Toviklin, le chef-lieu de la commune le poste de CA a été délaissé à un conseiller BR alors même que le parti UP dispose de trois (3) conseillers communaux contre deux (2) conseillers pour le BR.

En vertu du soutien que les deux partis politiques apportent au Président de la République, on peut comprendre les cessions de postes de CA partout où le BR a eu une majorité absolue à l’intérieur des arrondissements. Là encore, il s’agit d’une concession politique amicale de l’UP au BR qui n’est exigée par aucune disposition légale. Le fair-play politique, supposons-le a prévalu dans le choix. Mais, il est incompréhensible que le Parti UP se soit privé du poste de CA dans certains arrondissements où il a plus de conseillers que le BR.

Si les responsables UP avaient respecté le code électoral et n’avaient pas orchestré ce tripatouillage des articles 199 et 200, le parti aurait tout au moins cinq (5) chefs d’arrondissement sur les sept (7) arrondissements de la commune.

L’UP trahit ses électeurs, risques de sanctions

Dans le département du Couffo, Toviklin devient la seule commune dans laquelle la désignation des CA est émaillée d’irrégularités sur fond de violation flagrante du code électoral. Le parti UP qui a obtenu la majorité absolue et s’en est servi pour désigner le maire Rigobert Tozo et ses adjoints a curieusement décidé de trahir le sens du vote des populations.

Les bourdonnements se font déjà entendre dans les arrondissements lésés et le parti UP court le risque d’une fragilisation. Avec ce très mauvais casting, l’UP risque de perdre de l’influence sur certains arrondissements et favoriser l’émergence d’autres partis politiques soit de la mouvance ou soit de l’opposition. La vengeance de l’électeur trahi est imprévisible et lourde de conséquences.

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Sur le marché électoral, les populations ont fait un choix clair. Celui de donner une majorité absolue au parti UP afin qu’il gouverne en maître sans devoir passer par des accords politiques ni avec l’opposition ni avec d’autres partis de la mouvance. Les militants UP ne sont pas prêts à admettre que leur parti ait choisi de faire la promotion d’un parti concurrent au lieu de chercher à étendre et conforter ses assises.

Recours à la Cour, Adomahou et Medewanou doivent réagir

De toute évidence avec le tollé né après la publication de la liste des CA, les leaders nationaux et départementaux UP sont incompris. Les populations mécontentes ne pardonneront jamais les choix faits dans la désignation des CA. Mais, devant une situation d’injustice et de violation flagrante des textes de lois, le dernier rempart reste la saisine des juridictions.

Privés arbitrairement du droit d’être Chef d’arrondissement, les conseillers communaux UP lésés peuvent saisir la chambre administrative de la Cour suprême pour être rétablis dans leur droit. Ce feuilleton judiciaire ne fera que ternir l’image du parti UP censé donner l’exemple en respectant les lois en matière électorale. Le parti ayant la majorité des députés à l’Assemblée nationale.

Quel a été le rôle et quel est le niveau d’implication des députés Jérémie Adomahou et Ernest Medewanou dans le choix des CA/UP de la commune de Toviklin ? Tous deux ayant voté le code électoral, ont-ils été consentants? Quoi qu’il en soit, le député Jérémie Adomahou, coordonnateur UP des communes de Lalo, Toviklin et Dogbo, est interpellé.

Face à cette situation d’injustice et de violation de la loi où des arrondissements stratégiques ont été  »offerts » au BR, les deux députés UP de la circonscription qui ont coordonné les opérations ne peuvent rester inactifs. Avant l’ouverture d’une procédure devant la chambre administrative de la Cour suprême, l’honorable Jérémie Adomahou et l’honorable Ernest Medewanou ont encore la possibilité de convoquer une réunion de crise en urgence pour corriger le tir.

Si rien n’est fait, ils risquent d’être taxés de complice d’une situation d’injustice et de violation des lois électorales. Si rien n’est fait, cette situation sera à la fois un précédent grave et une porte ouverte vers une saignée interne du parti UP dans la commune de Toviklin. Les leaders UP doivent craindre un vote sanction à l’occasion des prochaines élections s’ils maintiennent ce péché contre les électeurs.

Toviklin risque alors de devenir le seul bastion de l’opposition dans le Couffo et les responsabilités ne manqueront pas d’être situées.

Rose H.

2 commentaires
  1. Cyprien 20 dit

    TOVIKLIN toujours entrain de régler des querelles politiques. Ça devient honteux.

  2. […] la majorité absolue et s’en est servi pour désigner le maire Rigobert TOZO et ses adjoints a curieusement désigné des conseillers BR à la tête de certains arrondissements. Tout acte qui a brisé le rêve des électeurs qui […]

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