Annulation d’un concours de recrutement interne de 39 chefs centres clientèles: la Sbee dans la boue des irrégularités

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Au Bénin, la gouvernance au sein de certaines structures publiques ou semi-publiques laisse parfois à désirer. Alors que le gouvernement Talon a donné le ton de la vertu, le vice, semble-t-il, a encore la peau dure dans les couloirs de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee). Cette société de commercialisation d’énergie électrique est ébranlée depuis peu par des maladresses notées dans le processus de recrutement interne de 39 chefs centres clientèles pour le compte de la direction commerciale et de la clientèle. Selon nos sources, le délai de clôture du dépôt des dossiers pour ce concours a été bouclé le 22 juin 2022 sur la plateforme de recrutement de la Sbee. Le 16 septembre 2022, à travers la note de service N°3887/22/SBEE/DG/DRH/DGER, 66 agents présélectionnés ont été invités à l’entrevue dans le cadre de la sélection pour le poste de chef Centre clientèle. À l’issue du processus et par décision N° 0401/22/ SBEE/DG/DCC/DRH/DGER, en date du 19 octobre 2022, la liste des nominations provisoires à la direction commerciale et de la clientèle a été prise, rapportent les mêmes sources contactées par notre équipe de rédaction. Les 39 agents admis avaient leurs noms sur cette décision de nomination. Le 21 octobre 2022, à travers la note d’information N°3700-2022/ SBEE/DCC/SP, le directeur commercial et de la clientèle a invité tous les chefs départements de Zone à superviser les passations de services des chefs centres clientèles. Selon nos sources documentées, ces passations devraient se tenir du 5 au 15 novembre 2022 suivant un planning détaillé prévisionnel de prise de service des chefs centres.

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La brouille dans le processus de recrutement

Jusque-là, tout se passait bien pour les 39 agents nominés pour prendre les postes à pourvoir. Mais c’est sans compter les surprises désagréables. Selon nos sources, le 2 novembre 2022, soit moins de 72h avant le démarrage des passations de services, une note vient interrompre le processus. Il s’agit de la note de service N°0415/22/SBEE/DG/DRH-SP portant en objet ‘’suspension des prises de service des nouveaux chefs de centre clientèle’’. Selon nos sources, dans cette note de service de quatre paragraphes, les raisons de la suspension ont été évoquées. « (…) Suite aux allégations de la part des organisations syndicales portant sur des éventuelles irrégularités qui auraient entaché le processus de nomination des chefs de Centre clientèle, la prise de service de ces derniers est suspendue jusqu’à nouvel ordre », lit-on dans la note. Par ailleurs, la direction a rassuré que des investigations étaient en cours sous la diligence de la Direction de l’éthique et de la conformité pour faire la lumière sur les faits afin de permettre à la Direction générale de prendre des mesures subséquentes. Ensuite, une correspondance est venue livrer les résultats des enquêtes. Il s’agit de la correspondance N° 3333/22/SBEE/DG/SG/DRH/DRPTS en date du 28 novembre adressée aux quatre Secrétaires généraux des syndicats de la SBEE. « Veuillez noter qu’aux termes de ces rapports, quelques maladresses ont effectivement été relevées dans la conduite de ces processus de recrutement. Mais fondamentalement, ces organes de contrôle et d’inspection n’ont noté ni fraudes, ni malversations ou collusion de nature à entacher la validité des recrutements faits », lit-on dans la correspondance sus référencée. La conséquence logique de ce rapport devrait être la relance des cérémonies de passations de services suspendues entre temps. Mais rien de tel ne sera fait. Les ambiguïtés continuaient de noircir ce processus. Le 13 décembre 2022, une nouvelle correspondance N°3493/22/SBEE/DG/SP est rendue publique. Il s’agit d’une note de service adressée à tout le personnel dans laquelle on peut lire : « (…) l’audit du processus de recrutement a révélé quelques faiblesses qui ne remettent pas en cause ledit processus. En revanche, les investigations de la direction de l’éthique et de la conformité ont mis en évidence certaines irrégularités à savoir l’omission d’un candidat et la non-invitation à l’entrevue d’une dizaine de candidats qui ont le profil requis, mais ont été écartés du fait qu’ils avaient déjà été positionnés à d’autres postes, à la suite de récents tests ». Plus loin dans la même correspondance, on peut lire que « les preuves n’ont pu être collectées ou n’ont pas été suffisantes pour confirmer les allégations de corruption et de malversations énoncées par les représentants syndicaux. Au regard de tout ce qui précède, la direction de l’éthique et de la conformité a recommandé l’annulation pure et simple dudit processus ».

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Un cafouillage dans la gestion à punir

Le narratif ci-dessus renvoie à un film dont les acteurs vacillent sur leurs responsables. Dans cette affaire de concours de recrutement finalement annulé à la Sbee, deux différentes directions ont fait des enquêtes parallèles; lesquelles enquêtes ont débouché sur les mêmes résultats, sinon presque les mêmes résultats. Seulement, entre les deux, il y a une direction qui a demandé l’annulation du processus de recrutement. Il y aurait donc un malaise dans les chaînes de décision de la Sbee. Sinon qu’il s’agit-là d’un cafouillage incompréhensible qui dénature les rôles. Les fautes relevées dans l’organisation dudit concours devraient être diagnostiquées et les auteurs ou coauteurs punis selon les textes de loi. Car dans cette histoire, c’est l’argent du contribuable qui a été utilisé pour organiser le concours. Mais, nulle part, et ce, malgré les fautes relevées par la direction de l’éthique, l’on a du mal à retrouver les sanctions proposées contre les responsables des irrégularités. Or, ce sont ces fautes qui ont conduit la Direction de l’éthique à proposer l’annulation du concours. Le concours est annulé. Oui, mais, le préjudice financier causé au contribuable ne doit pas rester impuni. Les millions de F CFA utilisés pour organiser ce fameux concours aux issues floues doivent être remboursés. Ensuite, des questions se posent quant à la justesse de la décision d’annulation du concours vu que le Directeur général de la Sbee à qui revient cette décision doit tabler sur deux rapports différents. Sa signature est ainsi engagée dans cette affaire. Et l’image des organes dirigeants de la Sbee est presque déjà dans la boue. In fine, peut-être bien que le directeur général de la Sbee et ses cadres d’appui offrent une partie de la danse « Tipenti » au peuple béninois, c’est-à-dire, un pas en avant, deux pas en arrière. Un véritable Meli mélo a pris en otage la gouvernance au sein de la Sbee. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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