Projets de réalisation d’infrastructures agricoles : Risque d’éléphants blancs au Ministère de l’Agriculture

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Au Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep), les voyants sont au rouge notamment dans l’exécution de deux projets de réalisation d’infrastructures agricoles. Il s’agit du Programme d’appui à la croissance économique rurale (PACER) et du Projet de sécurisation alimentaire par l’aménagement de bas-fonds (PSAAB). Dans ces deux projets, la lenteur dans l’exécution des travaux de la part des entreprises adjudicataires et les doutes nés dans les rangs des populations bénéficiaires ont fini par remettre au centre de l’observation les sites retenus pour abriter les infrastructures agricoles.

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Très alerte sur les murmures dans ces deux dossiers, le Département enquête et Investigation (Dei) du journal Le Potentiel s’est engagé dans une démarche de collecte approfondie d’informations. Le Dei du groupe de presse Le Potentiel a fait une descente sur le terrain le lundi 13 novembre 2023 pour toucher du doigt les faits remontés avec insistance par les sources. Le Programme d’appui à la croissance économique rurale (PACER) et le Projet de sécurisation alimentaire par l’aménagement de bas-fonds (PSAAB) ont été entamés depuis 2020 et devraient bientôt être clôturés.

Mais les éléments d’observation de terrain couplés avec les informations recueillies auprès des sources crédibles du journal Le Potentiel laissent un arrière-goût amer. Les deux projets piétinent et laissent soupçonner, à terme la livraison d’un éléphant blanc par les entreprises en charge des travaux.

Deux projets ambitieux hypothéqués

L’attention portée aux projets PACER et PSAAB n’est pas anodine. Les ambitions nourries par le gouvernement du Président Patrice Talon à travers ces deux projets sont si uniques qu’elles ont séduit les populations. Le Programme d’appui à la croissance économique rurale (PACER) a pour objectif d’aménager la piste Copargo – Tanéka Béri – Tanéka Koko- Anandana sur un linéaire de 22,5 km. La mise en œuvre du programme d’appui à la croissance économique rurale (PACER) a été confiée à l’entreprise CERAB-TP SA à travers le contrat N° 3327/MEF/MAEP/DNCMP/SP du 26 octobre 2020.

Selon les recoupements et constats faits par le Dei, il ressort que malgré l’écoulement de trois (3) ans, cet ouvrage qui doit soulager un tant soit peu les populations de ces localités ne serait toujours pas sorti de terre. Pis, en dehors d’un seul voyage de gravier déversé sur le site, rien n’aurait été fait par l’entreprise en charge des travaux. En ce qui concerne le projet de sécurisation alimentaire par l’aménagement de bas-fonds (PSAAB), plusieurs prestataires tels que CERAB-TP SA, CNC BTP/EEPC FORAGES BTP ainsi que d’autres ont été retenus.

Aux termes du contrat N° 4808/MEF/MAEP/DNCMP/SP du 15 décembre 2020, CERAB-TP SA a pour mission de réaliser les travaux d’aménagement des pistes Anandana – Sonafel, Copargo – Fadama, Kamouhou – Palampagou, sur un linéaire de 5,6 km. L’entreprise CNC BTP/EEPC FORAGES BTP, quant à elle, doit procéder aux travaux d’aménagement de 85 hectares de bas-fonds.
Toujours dans le cadre de ce programme, nos sources informent que des magasins doivent être érigés au profit des populations. Les données primaires issues de l’investigation menée par le Dei montrent que la construction des bâtiments aurait démarré sans être encore achevée. Au titre des bas-fonds, des postes périssables (des labours notamment) auraient été faits, mais tardivement. Ce retard, expliquent nos sources, a fait que ces postes périssables n’auraient pas profité aux bénéficiaires.

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Enfin, seuls le dégagement et quelques ouvrages (eux aussi inachevés) auraient été entrepris pour ce qui est des travaux relatifs à la piste d’un linéaire de 5,6 km. La descente de l’équipe de la Dei du journal Le Potentiel sur le terrain a permis d’avoir des clichés sur l’état de mise en œuvre des projets concernés. Les supports photographiques sont loin de rassurer d’un heureux aboutissement de ces projets.

Risques d’éléphants blancs, Le Potentiel en mode alerte

Au regard des faits et des éléments d’observation, le risque est grand. Si les choses restent en l’état, le Ministère de l’Agriculture serait amené à créer un musée de collection d’éléphants blancs dans ces deux projets PACER et PSAAB. Cet état de choses n’honore personne. Ayant fait le choix de rester en mode alerte sur les maladresses dans la gouvernance publique, le quotidien Le Potentiel a entrepris de jouer sa partition.

Après la collecte des informations auprès des sources utiles et la descente sur le terrain le 13 novembre 2023, Le Potentiel a ouvert le chapitre de la démarche du contradictoire. Il s’agit d’un principe sacro-saint que le Département enquête et Investigation (Dei) observe pour rester en phase avec les prescriptions déontologiques et professionnelles.

À cet effet, une correspondance a été adressée au ministre de l’Agriculture le 20 novembre 2023. Avec une série de questions, Le Potentiel a souhaité avoir des éléments de réponse de la part du ministre Gaston Dossouhoui qui certainement se rabattrait sur les deux Coordonnateurs des projets PACER et PSAAB.

Jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, la correspondance du journal Le Potentiel est restée sans suite en violation du Code de l’information. Aucune réaction de l’autorité. Pas même une seule réponse aux questions les plus basiques soulevées.

Se fondant sur ses informations, Le Potentiel souhaitait savoir si ces projets n’accoucheraient pas d’éléphants blancs. Le journal a voulu avoir des éléments d’appréciation sur la situation actuelle de mise en œuvre de ces deux projets ; sur les dispositions prises pour contraindre les entrepreneurs à respecter leurs engagements contractuels à quelques semaines de la fin des délais retenus. Par ailleurs, il était attendu du ministre de l’Agriculture un certain nombre de documents clés relatifs aux missions de contrôles sur les sites de construction des infrastructures agricoles ; des documents de passation des marchés dans le cadre des deux projets, etc.

Si le ministère de l’Agriculture reste pour le moment silencieux, du côté des chefs d’entreprise il est difficile d’avoir des répondants. L’équipe du Dei qui est allée sur le terrain pour la prise des images et la collecte des informations n’a pu rencontrer les chefs d’entreprise. Aucune trace des entrepreneurs sur les sites des projets. Les maîtres d’œuvre qui sont les patrons des projets n’ont daigné répondre aux questions à eux adressées lors de l’enquête du Dei. Un choix délibéré de fuite en avant qui ne facilite pas l’émergence de la vérité. Le flou persiste et le doute envahit les cœurs des populations bénéficiaires.

Ce flou ne rassure en rien et présage même des éléphants blancs dans ces deux projets. Le gouvernement du Président Talon doit rechercher les failles et les fautifs de ce qui s’apparente à un éléphant blanc. Laisser faire, c’est donner une caution à des légèretés dans la mise en œuvre des projets d’État. Pour sa part, le Dei reste actif dans les investigations à l’effet de contribuer à la bonne gouvernance.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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