Mauvaise gestion d’un projet de construction de salles de classes à Issaba : Pobè : Éléphant blanc, le maire Simon Dinan à la barre

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Au sommet de l’État, la bonne gouvernance est imprimée. Patrice Talon s’évertue à ce que cette dynamique emballe tous les Béninois commis à des postes de responsabilité. Hélas ! Dans l’arrondissement de Issaba, commune de Pobè, dans le département du Plateau, les populations observent avec désolation un chantier public inachevé depuis plus de deux ans. En effet, à travers une délibération du conseil communal de Pobè, il a été décidé de doter l’École Primaire Publique d’Onigbolo d’un module de 3 salles de classe + bureau magasin, équipé de soixante-quinze (75) tables-bancs, un (1) bureau directeur, trois (3) tables, douze (12) chaises et un (1) module de latrines à quatre (4) cabines à l’EPP sus-cité dans l’arrondissement de ISSABA.

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Le coût total du marché est plafonné à vingt-deux millions six cent quarante-quatre mille quatre cent quarante-sept (22.644.447) francs CFA. Ce marché a été attribué à l’entreprise dénommée HOSMID BTP. Faut-il le rappeler, la passation du marché est intervenue avant la réforme du secteur de la décentralisation consacrant l’avènement des secrétaires exécutifs. C’est dire donc que ce marché a été passé pendant que le maire de la commune de Pobè, Simon Dinan était lui-même la personne responsable des marchés publics (PRMP) à la mairie de Pobè.

Alors que les populations d’Issaba avaient la joie à l’idée de voir leurs enfants dans un cadre d’apprentissage, le chantier de construction démarré depuis le 24 mars 2021 n’est jamais allé à terme. Aujourd’hui encore, le chantier est abandonné et les populations se rendent compte malgré elles qu’il s’agit potentiellement d’un éléphant blanc que le maire Simon Dinan et son conseil communal veulent laisser avant de partir en 2026. Déjà, les sources du Département enquête et Investigation (Dei) du journal Le Potentiel alertaient sur les conditions floues dans lesquelles ce marché a été attribué.

Selon les premiers recoupements effectués, l’un des responsables de l’entreprise retenue serait très proche du maire Simon Dinan. Si ce soupçon s’avère, le reproche d’un conflit d’intérêts entre l’autorité communale et l’entreprise adjudicataire du marché sera aussi légitime. Auquel cas, le maire de Pobè Simon Dinan serait doublement coupable dans le sort malheureux que connait ce chantier de construction des salles de classe. Mieux, dans l’exécution de ses obligations contractuelles, l’entreprise a accusé un grand retard avant de démarrer effectivement les travaux le 24 mars 2021. Aussitôt, nos sources informent que ladite entreprise a demandé un attachement.

C’est ici qu’une autre mal donne signalée est revenue avec insistance. Pour donner suite à la demande d’attachement, le Dei apprend qu’il y aurait eu une surévaluation du niveau d’exécution des travaux pour permettre à l’entreprise de prendre un montant supérieur au taux d’exécution normale et physique du chantier. C’est après cette étape, que l’entreprise aurait abandonné le chantier et serait portée disparue, laissant à la communauté scolaire de Pobè un éléphant blanc.*Des fruits de l’enquête- terrain*Dans ce dossier, les équipes du Département enquête et Investigation de Le Potentiel sont allées sur le terrain à Issaba.

Des images du chantier abandonné ont été prises. A première vue, les images révèlent que le bâtiment abandonné sous intempéries depuis plus de deux (2) ans n’a pas totalement perdu sa solidité. Plus d’une dizaine de personnes ont été interrogées afin de comprendre les dessous de ce scandale. L’entrepreneur, responsable de l’entreprise Hosmid BTP est introuvable. Nos équipes ont tenté en vain d’échanger avec ce dernier pour lever des zones d’ombres et établir les niveaux de responsabilité. Fidèle à sa ligne, Le Potentiel a saisi le maire de Pobè Simon Dinan à travers une correspondance en date du 26 avril 20224 aux fins d’avoir la part de vérité, les pièces justificatives, les raisons d’abandon du chantier et les réponses aux accusations de conflit d’intérêts.

Ce n’est que le 23 mai 2024, près d’un mois après, que le maire a répondu au journal Le Potentiel en violation des délais légaux prescrits en la matière. Le Dei qui avait déjà vu dans ce retard comme une obstruction à la conduite de l’investigation s’était lancé dans la production. Pas question qu’une entrave aux sources d’accès à l’information publique empêche le public de savoir. Globalement, le maire de Pobè bat en brèche les accusations de conflit d’intérêts et nie toute proximité avec les responsables de l’entreprise Hosmid BTP. Par contre, le maire affirme que l’entrepreneur a eu des difficultés, raison pour laquelle probablement le chantier est abandonné.

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La bâtiment inachevé

Mais au même moment, le courrier du maire indique que le chantier a repris et serait même à la phase des toitures. Sauf que le constat fait le mercredi 22 mai 2024 est loin de corroborer ces informations contenues dans la correspondance du maire. Par ailleurs, l’enquête terrain révèle que la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des Communes logé à la Présidence de la République aurait instruit le SE à déposer une plainte au tribunal pour sanctionner les fautifs dans ce dossier de mauvaise gestion du projet de construction des salles de classe à Issaba.

La plainte serait déposée au tribunal de Pobè. Le procureur aurait ensuite demandé de saisir la CRIET au regard de la nature du délit. Mais que curieusement, aucune trace du dossier n’est signalée à la CRIET. Pour quelle raison la plainte n’a pas été déposée à la CRIET ? Jusque-là, difficile d’y répondre. Aussi, nos sources révèlent que la cellule a même demandé de faire un attachement contradictoire. C’est pendant cet exercice d’attachement qu’ils ont constaté que le montant décaissé à l’entrepreneur été surévalué.

Ainsi donc des faits de surévaluaton du niveau d’exécution ont été constatés tout comme l’abandon du chantier. Face aux constats d’infractions de la cellule, les réponses du maire atténuent. Mais l’enquête terrain aussi confond la version du maire. Les faits sont assez graves et ne sont pas loin d’un crime économique. Le maire Simon Dinan et tous les acteurs de la chaîne de passation des marchés publics à la mairie de Pobè sont de potentiels clients pour la Brigade économique et financière (Bef) et la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET).

L’argent public injecté dans ce projet ne saurait aller dans les poches indélicates et être mal gérés. Le maire étant la personne responsable des marchés publics (PRMP) au moment des faits pourrait être appelé à rendre des comptes. Faire litière de ce chantier de construction de module de classe.

Ce reproche, le maire ne pourra pas s’en défaire devant les populations de Pobè. Nous reviendrons sur les éléments discutables de réponse du maire en détails afin d’aider le peuple à mieux comprendre les dessous de cette affaire dans nos prochaines parutions. À suivre…

B. K. S

1 commentaire
  1. Chabi dit

    Un sincère merci à vous pour cet éclairage. Nous vous encourageons dans ce sens.

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