Cherté accrue des produits de base : « les prix moyens devraient rester près de 40 % au-dessus des niveaux observés entre 2015 et 2019 » informe la Banque mondiale
En dépit d’une croissance économique mondiale morose, les prix des produits de base continuent d’afficher des niveaux très élevés. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en ce mois de juillet, en 2024-2025, les prix moyens des produits de base devraient rester près de 40 % au-dessus des niveaux observés entre 2015 et 2019.
Le monde semble être entraîné dans une « nouvelle normalité », qui se caractérise par une déconnexion entre la croissance mondiale et les prix des produits de base. Selon la banque mondiale, quatre facteurs expliquent cette tendance. L’un des principaux facteurs expliquant cette situation est la politique de réduction de la production adoptée par l’OPEP+ depuis début 2023. « En maintenant une offre limitée, les membres de l’OPEP+ ont réussi à stabiliser le prix du baril de Brent entre 75 et 90 dollars » renseigne la Banque mondiale. Cette stratégie vise à contrer une demande jugée faible et devrait se poursuivre l’année prochaine, avec une prévision moyenne de 79 dollars le baril, lit-on dans le rapport de juillet 2024. En effet, malgré un ralentissement économique notable, la Chine continue de soutenir une demande significative de matières premières. Bien que la croissance chinoise ait ralenti à environ 4,5 % par an, la demande pour les métaux industriels, notamment, reste forte grâce aux investissements massifs dans les infrastructures et les industries stratégiques comme l’électronique et les véhicules électriques.
La deuxième raison est l’impact du changement climatique sur la demande de métaux et l’offre agricole. Selon le rapport, la lutte contre le changement climatique a stimulé la demande pour certains métaux nécessaires aux technologies vertes. Parallèlement, les événements climatiques extrêmes perturbent régulièrement la production agricole, comme en témoigne la récente hausse des prix du cacao et du café. Les pénuries dues aux catastrophes climatiques risquent de devenir plus fréquentes à mesure que les températures augmentent. L’autre raison est relative aux tensions géopolitiques qui alimentent la volatilité des prix. « Les chocs géopolitiques, tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les conflits récents au Moyen-Orient, ont exacerbé l’instabilité des prix des matières premières » soutient le rapport. Ces tensions augmentent les risques de nouvelles perturbations de l’offre, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix et des pressions inflationnistes mondiales.
Dans ce contexte, les pays exportateurs de produits de base ont une opportunité unique de capitaliser sur ces prix élevés pour restructurer leurs économies et investir dans des institutions plus solides. Néanmoins, la persistance de ces tendances indique que la hausse des prix des matières premières pourrait devenir une nouvelle norme dans un monde en proie à une croissance modérée et à des incertitudes géopolitiques accrues.
Roméo TOSSOU (Stagiaire)