Emprisonnement des présumés auteurs de la tentative de coup d’État Boko »out », le ballet des présidentiables, une danse renouvelée
Pour sa supposée implication dans la rocambolesque affaire dite de tentative de coup d’État déjoué, Olivier Boko est privé de sa liberté depuis le 24 septembre 2024. Alors que le dossier est en instruction, les jeux d’acteurs autour de l’affaire ouvrent une fenêtre de lecture sur ses implications politiques.
Marches de soutien, prières d’Actions de grâces, culte d’exportation, conférence de presse de dénonciation, meeting de mobilisation… Partout au Bénin, la fameuse affaire dite de tentative de coup d’État est aux couleurs politiques. Comme si cela rentrait dans un agenda politique pré-élaboré, les acteurs politiques notamment ceux issus des partis de la mouvance ont pris d’assaut les rues, les mosquées, les églises, les lieux publics, les médias et autres pour étaler des mots de »soutien indéfectible » à l’égard du Président de la République Patrice Talon. Et même si, le chantre de la Rupture n’a jamais caché son aversion pour »la politique-spectacle », ses soutiens ont vidé ce principe de tout son sens au tournant de cette affaire de supposée tentative de coup d’État qui devra encore être élucidée par la justice béninoise.
Mais cet activisme »toléré » par le maître de la Marina ne cache-t-il pas mal l’étalage des ambitions présidentielles des caciques de la Cour mouvance ? Oui, sommes-nous tentés de te répondre. Et cela pour plusieurs raisons dont l’une nous intéresse dans le cadre de cet article. En effet, au détour de cette affaire dite de tentative de coup d’État, les cartes politiques ont été rebattues. L’affaire qui déchaîne les passions aiguise davantage les appétits, rassure plus certains et remet au centre de la course certains potentiels remplaçants de Patrice Talon en 2026.
Dans les starting-blocks, Olivier Boko, Joseph Djogbénou, Romuald Wadagni, Luc Atrokpo, Johannes Dagnon étaient cités comme des hommes avec qui il faudra compter dans l’après-Talon. Puis, les calculs ont été refaits après le limogeage du conseiller spécial du Chef de l’État, Johannes Dagnon. Parti du palais de la Marina sur fond de désaccord avec Patrice Talon, le cousin national »viré » s’est depuis éclipsé. Olivier Boko aura eu moins de chance. Depuis le 24 septembre 2024, il séjourne en prison en attendant l’issue des enquêtes judiciaires dans l’affaire lugubre de tentative de coup d’État déjoué.
Le moins que l’on puisse dire, l’arrestation et l’emprisonnement de Olivier Boko, fidèle compagnon du Chef de l’État Patrice Talon laisse la voie libre à des rivaux. Surnommé VP (Vice-président) en raison de son poids dans le système Talon et de l’étendue des »mallettes » dont on le crédite, Olivier Boko était assurément un prétendant sérieux au trône. Ses soutiens se multipliaient dans l’ensemble du pays jusqu’à son incarcération fin septembre dernier. Mais, la page Boko semble désormais être fermée.
Fragilisé par les geôles de la prison, trahi par des amis politiciens béninois qui mangeaient pourtant dans ses mains et abandonné presque à son sort par ses mouvements de jeunes vite dissuadés par la »tendance des menottes » de l’appareil judiciaire, Olivier Boko est presque sorti de la course. Du moins, pour l’instant. Et la reconfiguration de la classe politique se dessine. Joseph Djogbénou, Romuald Wadagni, Luc Atrokpo et autres caciques du pouvoir vont désormais reprendre du poil de la bête pour nourrir encore plus leur rêve présidentiel.
Les soutiens sûrs de Boko en quête désormais de parrains et d’abri politique vont s’agréger à l’un des potentiels présidentiables. Comme on le dit, la chute d’un dinosaure politique comme Olivier Boko rend peut-être la piste plus facile à arpenter pour d’autres challengeurs qui le voyaient comme un rival imbattable.
Brivaël Klokpê Sogbovi