Togo: Quand le peuple réclame la démocratie, le régime offre des illusions

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À l’approche du 20 février, date marquant la fin officielle du quatrième mandat de Faure Gnassingbé, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a intensifié ses critiques contre une gouvernance qu’elle qualifie d’antidémocratique C’était à l’occasion des manifestations organisées ce lundi 13 janvier 2025 en hommage à Sylvanus Olympio, premier président du Togo, assassiné.

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En dénonçant la perspective d’une présidence prolongée et un régime parlementaire taillé sur mesure pour le pouvoir en place, l’opposition met en lumière un enjeu fondamental : la confiscation des aspirations démocratiques par un système politique verrouillé. 

Depuis son accession à la présidence en 2005, Faure Gnassingbé s’est accroché au pouvoir, consolidant son règne par des réformes constitutionnelles opportunes. La promesse d’alternance démocratique, tant attendue par le peuple togolais, s’éloigne à mesure que le régime adapte les règles du jeu à sa convenance.

Si le passage à un régime parlementaire est présenté comme un progrès institutionnel, il s’avère en réalité être une manœuvre habile pour perpétuer l’influence du parti au pouvoir, Unir, tout en marginalisant davantage les voix dissidentes.  La nouvelle Constitution, promulguée en catimini il y a plusieurs mois, supprime l’élection présidentielle au suffrage universel direct, privant ainsi les citoyens de leur droit fondamental de choisir leur chef d’État. Le président de la République, désormais réduit à un rôle honorifique, sera désigné par les députés et les sénateurs, eux-mêmes largement contrôlés par le parti au pouvoir.

Cette mécanique institutionnelle verrouille davantage le système politique, renforçant l’hégémonie d’Unir et marginalisant toute opposition.  Les prochaines élections sénatoriales, au cœur de cette réforme, n’offrent aucune garantie de pluralité politique. La domination d’Unir sur les listes de candidatures, dénoncée par plusieurs formations de l’opposition, transforme le Sénat en une chambre docile, loin d’être un véritable contre-pouvoir.

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L’ANC, en refusant de participer à ce processus, exprime son rejet d’un régime parlementaire qui n’a de démocratique que le nom.  Le mépris des revendications populaires est devenu une marque de fabrique du régime Gnassingbé. Alors que le peuple réclame l’alternance et des réformes qui amélioreraient son quotidien, le gouvernement s’obstine à consolider ses privilèges.

La suppression de l’élection présidentielle directe constitue une trahison des aspirations démocratiques.    Le maintien de Faure Gnassingbé au pouvoir, sous des formes de plus en plus maquillées, pose une question fondamentale : jusqu’où ira le régime pour étouffer la démocratie ? En évinçant les citoyens des processus décisionnels, le gouvernement s’éloigne des principes fondamentaux d’un État de droit. Ce verrouillage institutionnel risque d’accentuer les frustrations populaires et de creuser davantage le fossé entre le pouvoir et les citoyens. 

La réforme institutionnelle orchestrée par le régime Gnassingbé est une insulte à la démocratie et un affront au peuple togolais. En s’accrochant au pouvoir à tout prix, le gouvernement expose le pays à une instabilité politique croissante. Mais la lumière dont parle l’ANC, celle d’un peuple en quête de liberté et de justice, ne peut être éteinte indéfiniment.

Si le régime persiste à étouffer les aspirations légitimes du peuple, il devra en assumer les conséquences, car l’histoire enseigne qu’aucun pouvoir ne dure éternellement lorsqu’il s’érige contre les droits de ceux qu’il prétend gouverner. 

Olivier A .

SWEDD

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