
Le Parlement nigérian a approuvé une enveloppe supplémentaire de 200 millions de dollars pour le secteur de la santé afin d’atténuer l’impact de la suspension de l’aide de l’Agence américaine pour le développement international (USAID). Cette décision prise jeudi, intervient alors que l’administration américaine a gelé pour 90 jours les financements destinés au Nigeria, un des dix principaux bénéficiaires de l’USAID en 2023.
Le budget additionnel, intégré aux dépenses fédérales de 36,6 milliards de dollars pour 2025, vise principalement à pallier la suspension des financements américains. Selon le sénateur Adeola Olamilekan, président de la commission des crédits du Sénat, le Nigeria pourrait subir des « effets néfastes » sur ses efforts de lutte contre les maladies épidémiques en raison de cette réduction soudaine de l’aide étrangère.
Les fonds supplémentaires seront principalement alloués à la fourniture de vaccins et de traitements contre des maladies épidémiques telles que le paludisme et le VIH, qui bénéficiaient jusqu’alors d’un soutien massif des États-Unis. En 2023, l’USAID avait investi plus de 600 millions de dollars dans le secteur de la santé au Nigeria, selon l’ambassade américaine à Abuja.

Au-delà du domaine sanitaire, la suspension des financements américains risque également d’affecter l’aide humanitaire, notamment dans le nord-est du pays en proie à une insurrection djihadiste depuis 2009. Des organisations partenaires comme l’USAID et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) soutiennent des initiatives vitales, notamment via le Fonds de réponse rapide, qui fournit un appui en hébergement, assainissement et protection aux populations déplacées.
Le gel de l’aide américaine s’inscrit dans un contexte de réajustements diplomatiques et budgétaires décidés par Washington, impactant plusieurs pays en développement. Le Nigeria, première économie et nation la plus peuplée d’Afrique avec plus de 200 millions d’habitants, cherche désormais à diversifier ses sources de financement pour maintenir ses programmes de santé et d’aide humanitaire. Avec ce budget additionnel, Abuja tente d’amortir le choc financier et de préserver ses avancées sanitaires et sociales, tout en restant dans l’attente d’un éventuel rétablissement des financements américains.
Médard CLOBECHI
