
Une vive controverse secoue actuellement la scène politique nigériane. Dix-huit personnalités influentes de la société civile ont publié, dimanche dernier, une lettre ouverte accusant le président Bola Tinubu de chercher à instaurer un système de parti unique, au détriment du pluralisme démocratique. À l’origine de cette alerte : une vague de ralliements jugés suspects vers l’All Progressives Congress (APC), le parti au pouvoir.
Parmi les signataires de cette tribune figurent des sénateurs, professeurs, responsables d’ONG et autres figures engagées, qui se disent « profondément inquiets » face à ce qu’ils qualifient d’« entreprise systématique et calculée de démantèlement de la démocratie ». Leur lettre dénonce un climat de « peur et de pressions » exercées sur les élus de l’opposition, afin de les pousser à rejoindre les rangs de l’APC.
Selon eux, les méthodes employées incluraient des intimidations à peine voilées, notamment par l’intermédiaire des services anti-corruption, utilisés comme instruments de chantage politique. « Une simple convocation suffit souvent à provoquer une capitulation », écrivent-ils, évoquant une érosion inquiétante du pluralisme politique au Nigeria.

Cette alerte survient alors que le Parti démocratique populaire (PDP), principale formation de l’opposition, connaît une série de défections. Dernière en date : le gouverneur de l’État du Delta, dans le sud du pays, a récemment quitté le PDP pour rejoindre l’APC. La situation est d’autant plus tendue dans l’État voisin de Rivers, où le président a décrété l’état d’urgence et placé la région sous administration fédérale.
En réponse à ces accusations, la présidence nigériane a publié un communiqué niant toute volonté hégémonique. « La démocratie nigériane est forte et vivante. Ignorez les alarmistes », a réagi un conseiller de Bola Tinubu, réfutant tout recours au chantage, à la corruption ou à la manipulation des institutions.
Selon la présidence, ces ralliements seraient le fruit d’une « adhésion volontaire » aux réformes entreprises par le chef de l’État, jugées convaincantes par les nouveaux arrivants.
Médard CLOBECHI
