
Élections générales de 2026 : CENA : inquiétudes sur la gestion financière, l’IGF appelée à diligenter un audit
C’est la structure chargée de l’organisation pratique des élections au Bénin. La Commission électorale nationale autonome (Cena) s’apprête encore à organiser des élections cruciales. En 2026, elle sera au-devant de la scène pour organiser les législatives, municipales et communales puis l’élection présidentielle. Trois élections majeures qui nécessiteront de lourds investissements même si c’est l’heure à la rationalisation des fonds publics. Mais un hic frappe à la porte. Et tout Béninois soucieux de la gestion parcimonieuse des fonds publics devra vite prêter attention à ce hic pressant. Ce hic concerne la gestion financière à la Cena. Deux organes composent la Cena. Il s’agit du Conseil électoral et de la Direction générale des élections (Dge). Agissant comme un conseil d’administration, le Conseil électoral n’est pas directement concerné par la gestion pratique des finances. Mais il ne peut pas se dérober d’en assumer la responsabilité si, après avoir validé des budgets » no sens » par endroit, la gestion qui en est faite présente assez de fissures. Dans la ligne de mire du contribuable béninois, la Direction générale des élections. Les craintes d’une gestion financière opaque en marge de l’organisation des élections générales sont justifiées par les biais du passé. Cette Cena a été installée en juillet 2022. Bientôt 4 ans qu’elle fonctionne sous sa forme relookée. Depuis, cette Cena présidée par Sacca Lafia a organisé plusieurs élections. Les législatives de 2023, les élections professionnelles de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, les élections des membres de l’Assemblée consulaire de la chambre du commerce et d’industrie du Bénin. A toutes ces élections, l’argent public a été mobilisé et mis à la disposition de la Cena. Malgré la nouvelle architecture de la Cena, la gouvernance financière qui s’y observe n’est pas exempte de reproches. Dans le cadre des législatives de 2023 par exemple, le Groupe de presse Le Potentiel avait révélé des faits assimilables au déroulement de fonds par le truchement des primes attribuées à des personnes externes à la Cena. Le constat n’a pas varié lors des élections professionnelles de la Haac. Ici aussi, à la suite d’une investigation soutenue par des documents et des lignes budgétaires, Le Potentiel avait révélé le caractère subjectif et impertinent de certains frais extrêmement exorbitants affectés à certaines opérations électorales. Sur l’ensemble de ces cas qui mettent en avant une crise de gouvernance financière, la Cena n’a poussé le moindre petit doigt pour lever le flou et se crédibiliser devant le contribuable public. Et pourtant, transparence oblige, qui finance a droit à un compte rendu. La Cena ne s’appartient pas. Elle n’est pas une entreprise privée laissée à la merci d’un promoteur qui s’attribue tous les pouvoirs pour faire ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut. Encore que là, tout chef d’entreprise qui veut des résultats s’oblige à observer un seuil maximal de rigueur dans l’action. Les mêmes obligations sont davantage corsées dans les institutions publiques. Et la Cena qui vit sur la sueur des béninois se doit d’observer une transparence dans la gestion des fonds à elle alloués. C’est dans ce contexte de doute que la Cena va encore recevoir plusieurs milliards FCFA pour organiser les élections générales en 2026. Va-t-on de nouveau injecter de l’argent dans une institution sans garde-fou ? Le contribuable public va encore saigner pour mobiliser une bagatelle sommes d’argent. Le sujet est délicat et nécessite un travail de contrôle. L’inspection générale des finances devra diligenter une mission d’audit à la Cena surtout que cette structure n’a pas en son sein un auditeur interne. Il y va de la santé financière de l’État.

B. K. S
