
Questions orales avec débats sur les salaires des membres du gouvernement et des institutions de la République : Rachidi Gbadamassi relève une »inculture parlementaire » des députés »Les Démocrates »
Au Bénin, le débat sur les salaires politiques et celui des acteurs exerçant de hautes fonctions institutionnelles continue de susciter des vagues. Il y a quelques jours, les députés de l’opposition, ceux du parti d’opposition, »Les Démocrates » ont adressé au gouvernement une question orale avec débat sur le salaire des membres du gouvernement, du Président de la République, de la vice-présidente de la République et d’autres présidents d’institutions républicaines. Pour les initiateurs de cette question orale, la démarche répond à une exigence de transparence et de reddition de compte. Pour les députés LD, alors que le Président de la République, Patrice Talon s’apprête à quitter ses fonctions en 2026 après ses deux quinquennats, le temps est venu de donner l’exemple d’une transparence à tout point de vue. Mais, cette posture passe mal chez certains acteurs de la mouvance. En première ligne d’une contre-attaque, Rachidi Gbadamassi, ministre conseiller à la défense auprès du Président de la République, Patrice Talon. « Quand on est en panne d’inspiration politique et quand on a échoué aux fonctions parlementaires, quand on n’a plus rien à dire, on se tait », a déclaré Rachidi Gbadamassi lors de sa dernière sortie médiatique sur l’initiative des députés LD. Rachidi Gbadamassi rappelle une prédiction faite dès l’élection de l’ancien président Boni Yayi à la tête du parti Les Démocrates. « Boni Yayi à la tête des Démocrates, c’est l’échec en 2026 », rappelle le ministre conseiller à la Défense. Selon Rachidi Gbadamassi, les députés LD initiateurs de la question orale avec débat sont »manipulés » par leur mentor, Boni Yayi. Cette question orale, dira-t-il, « est une autre forme de la manifestation de l’oisiveté politique qui a pris en otage l’âme et l’esprit de ces députés élus accidentellement, élus par défaut, par erreur ». Pour Rachidi Gbadamassi, les populations béninoises sont confrontées à d’autres défis existentiels. En cela, les députés LD devraient éviter de choisir « la diversion» et la « distraction » pour aller à l’école de l’action concrète. « Cette question orale est de la navigation parlementaire, de l’inculture parlementaire, de la distraction parlementaire. C’est un aveu d’incapacité à défendre valablement les intérêts des braves populations», a fait savoir le ministre conseiller à la Défense. Selon Rachidi Gbadamassi, l’agriculture, les routes, l’eau potable et bien d’autres sont les priorités des populations. « Pendant ce temps-là, aujourd’hui, la priorité, est-ce ces questions fantoches ? », se demande-t-il. Pour lui, le but de cette manœuvre est connu. Il s’agirait « de créer de la désinformation autour des salaires des hautes personnalités de la République en inventant des salaires astronomiques afin de remonter les populations contre les dirigeants». Dans un ton ironique, le ministre conseiller à la Défense finira par prédire une prochaine action des députés LD : « Je pense que leur prochaine question orale va s’intéresser au nombre d’enfants de chaque président d’institution, ou au nombre de fois qu’ils font la sieste par semaine. C’est honteux, le niveau parlementaire est bas ! ». Selon Rachidi Gbadamassi, une élection se gagne ‘’projet de société contre projet de société’’ et ‘’bilan contre bilan’’. « Ce n’est pas le nombre de questions orales fantoches, fantaisistes, farfelues posées au gouvernement qui leur garantira le suffrage d’une paisible population dont ils sont incapables de défendre les intérêts. », relève-t-il. Rachidi Gbadamassi pense que la publication des salaires des hautes personnalités de la République ne ferait que les exposer et les rendre vulnérables dans la société. « Nous ne sommes ni en France ni aux États-Unis. Le Bénin c’est le Bénin. Avant d’engager un débat parlementaire, il faut tenir compte des réalités sociologiques et anthropologiques de chaque peuple. Le salaire est sacré et chacun sait ce qu’il fait de son salaire. Imaginez que le gouvernement se mette à publier sans aucune raison les salaires des hautes personnalités, vous n’avez aucune idée des pressions que cela va les faire subir dans leurs familles et dans leurs communautés et dans la société en générale. Donc dans notre contexte, la publication de ces salaires aura des répercussions sociales et économiques sur ces personnalités. Ne pas les publier, n’est pas synonyme d’absence de transparence », a expliqué Rachidi Gbadamassi qui pense que les députés LD « sont à court d’arguments politiques, à court d’arguments parlementaires parce qu’ils sont surpris par les grandes réalisations du gouvernement ». Au nom de la moralisation de la vie publique, le ministre conseiller à la Défense estime que les députés LD tous devraient commencer par publier leurs salaires et indemnités. Rachidi Gbadamassi interpelle les députés LD à justifier l’utilisation de leurs indemnités censés leur servir à aller sur le terrain pour des opérations de reddition de compte. « Combien de députés vont sur le terrain ? », se demande-t-il avant de clamer que la charité bien ordonnée commence par soi-même. « En matière de la bonne gouvernance, et de la moralisation de la vie publique, Les Démocrates n’ont pas de leçons à donner. Je suis un homme de dossier. Qu’on ne m’oblige pas à sortir les dossiers. Je sais de quoi je parle. Yayi Boni a gouverné pendant 10 ans, a-t-il montré au peuple ses fiches d’indemnisation ? », a dit Rachidi Gbadamassi. Ces salaires, dit-il, ne sont pas cachés. Ils sont fixés par des actes règlementaires et virés sur des comptes bancaires et payés par le Trésor Public. Rachidi Gbadamassi est convaincu que les députés LD sont « obsédés par la manipulation à des fins électoralistes ». Le ministre conseiller à la défense recommande enfin aux députés de poser des questions orales avec débat dans l’intérêt de leurs mandants, sur les routes, les cantines scolaires, les centres de santé, etc.

Brivaël Klokpê Sogbovi
