
Tractations politiques à la veille des élections générales de 2026 : Yayi-Houngbédji, un tandem et une frayeur pour la mouvance
Au Bénin, une union politique s’annonce, se fait désirer, se scrute et s’analyse dans toutes les chapelles de résistance et d’opposition au pouvoir Talon mais aussi de soutien au pouvoir de la rupture. Si cette union fait autant pâlir certains acteurs dans l’espace public, c’est bien en raison du profil et du poids des acteurs. Sur scène, deux dinosaures redouté et redoutable dans l’arène politique. D’un Boni Yayi, ancien Président de la République du Bénin ( 2006-2016). De l’autre, maître Adrien Houngbédji, dont le pédigrée politique parle de lui-même. Ancien premier ministre, 3 fois président de la l’Assemblée Nationale, président emblématique du Parti du renouveau démocratique (Prd), plusieurs fois candidat à l’élection présidentielle avec des scores largement au dessus de la moyenne et constamment dans le top 3 des meilleures performances électorales. Quand ces deux acteurs se rapprochent, l’imminence de leur union crée systématiquement un séisme dans l’arène politique. Pour une énième fois en l’espace de quelques semaines, Boni Yayi et Adrien Houngbédji se sont vus. Le dimanche 29 juin 2025, Boni Yayi s’est à nouveau rendu au domicile de maître Adrien Houngbédji à Porto-Novo. Les deux hommes ont changé en tête-à-tête pendant environ 3 heures d’horloge, apprennent nos sources. Difficile de savoir exactement ce dont les deux » amis » se sont parlé puis les discussions ont eu lieu loin des caméras et micros. Mais dans l’entourage des deux personnalités politiques, l’on apprend que cette énième rencontre s’inscrit dans le cadre des concertations récurrentes autour des sujets d’intérêt national et commun. La complicité, les accolades, les sourires que dégagent Boni Yayi et Adrien Houngbédji avant et après leurs différentes rencontres successives amènent à penser à la construction d’ un front commun entre le parti Les Démocrates et les militants tchoco-tchoco les plus fidèles à l’arc-en-ciel. Et pourtant rien ne présageait d’un tel rapprochement il y a encore quelques mois. Boni Yayi enfile bien l’écharpe de chef de file de l’opposition au régime Talon. Maître Adrien Houngbédji, lui, et son Prd (dont le certificat de décès fait encore débat aujourd’hui), étaient bien ancrés dans la mouvance à travers le parti Union Progressiste le Renouveau (Up-r). Sauf qu’en politique, il n’y a pas d’amis éternels encore moins d’ennemis ou d’adversaires éternels. Les acteurs jouent et bougent les pions de façon stratégique comme dans un jeu de dames. Le but ultime est de » gagner ». En mauvaise posture au sein de la mouvance depuis ses déclarations assez critiques sur la gouvernance démocratique à l’ère Talon, Maître Adrien Houngbédji ne disparaîtra pas aussi facilement de la scène politique. Les querelles internes, les guerres de leadership, les promesses non tenues et la revendication de l’existence du parti Prd ont étalé au grand jour la crise de cohabitation entre Adrien Houngbédji et ses partenaires politiques de la mouvance. Alors que les élections générales s’annoncent à grand pas, le » Hagbè national » jugerait-il pertinent de convoler en juste noce avec le parti Les Démocrates ? L’affirmative semble plus probable au regard des rencontres régulières entre Adrien Houngbédji et Boni Yayi. L’ancien Chef d’État, lui aussi, sait qu’il a besoin d’élargir la base de ses alliés pour arriver à faire tomber la forteresse Talon. Adrien Houngbédji en allié, sera une arme fatale ne serait-ce que dans les départements de l’Ouémè, du Plateau et une partie de la ville de Cotonou. À lui seul, Maître Adrien Houngbédji représente un pôle d’influence politique qui aidera Les Démocrates à mettre à genoux les partis de la mouvance. Dans un contexte où l’obtention des 20% de suffrages par circonscription électorale est un critère éliminatoire, l’alliance Yayi-Houngbédji est naturellement une source de frayeur pour les partis de la mouvance. Si maître Adrien Houngbédji joue à fond le jeu de l’opposition et que ses milliers de partisans et sympathisants le suivent, même l’accord de gouvernance entre les deux grands partis de la mouvance risque de ne pas suffire à les sauver du piège éliminatoire des 20%. En cela, chaque camp rebelote fort. L’opposition en quête de pouvoir fera tout pour chouchouter leur joker Adrien Houngbédji qui, en bon négociateur, va manœuvrer pour positionner ses lieutenants politiques. L’idée, reconstituer en douceur, la forteresse Prd en tant que courant politique au d’un grand ensemble. Le parti Up-r tardant à le concéder, le patriarche de Porto-Novo est en passe d’assouvir ses ambitions ailleurs. Ce » ailleurs » n’a aucun autre nom que Les Démocrates de Boni Yayi. Ce rapprochement entre les deux hommes pèsera lourd dans la balance.
