
Le Comité d’Orientation de la Refondation de l’État et de l’Action Gouvernementale (KORAG) a mis au jour un vaste réseau de corruption impliquant des douaniers, des magistrats et un avocat de la Cour d’appel de Ouagadougou. Le scandale révélé à la télévision nationale, découle d’une enquête de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC).
Tout est parti de plaintes visant des agents des douanes en poste à la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) à Ouaga Inter. Ces derniers sont accusés d’avoir perçu illégalement des sommes allant de 100 000 à 150 000 F CFA pour laisser passer des camions pourtant régulièrement dédouanés.
L’enquête, ouverte en mai 2021, a permis de découvrir d’importantes sommes d’argent dans les bureaux et domiciles des agents mis en cause. Douze témoins dont transporteurs, transitaires et commerçants ont confirmé avoir versé ces pots-de-vin.
Grâce à des preuves vidéos et photographiques, treize douaniers ont été identifiés et interpellés pour corruption et blanchiment de capitaux. Cependant, malgré la solidité du dossier, le juge d’instruction a prononcé un non-lieu en juillet 2024, décision confirmée par la Cour d’appel le 27 août 2025.

Face à cette décision controversée, le KORAG dénonce une « mascarade judiciaire » ayant ignoré les preuves irréfutables du dossier. Le porte-parole du KORAG, le Capitaine Farouk Azarias Sorgho, accuse certains magistrats d’avoir protégé les auteurs présumés. Plus grave encore, les douaniers mis en cause auraient obtenu, avec la complicité de juges, l’identité des dénonciateurs et des éléments de la procédure.
Les investigations menées en octobre 2025 ont permis de remonter la filière jusqu’à dix magistrats parmi lesquels un Président de Chambre, un Procureur général, plusieurs substituts et juges d’instruction ainsi qu’un avocat de la Cour d’appel de Ouagadougou.
Ces acteurs sont soupçonnés d’avoir perçu ou versé des sommes importantes pour influencer les procédures et orienter les décisions de justice. Les auteurs et leurs complices seront mis face à leurs responsabilités et subiront la rigueur de la loi ont promis les autorités.
Médard Clobechi
