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Réforme éducative au Mali: Bamako recompose ses programmes scolaires, la révolution française de 1789 écartée

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Le gouvernement malien vient d’opérer l’un des ajustements les plus significatifs de ces dernières années dans les contenus scolaires. La leçon consacrée à la révolution française de 1789 est officiellement retirée du programme de 9ᵉ année, entraînant une vague de débats dans le monde académique et au-delà. Si la décision peut surprendre, elle s’inscrit dans une réforme curriculaire plus large, déjà visible depuis la rentrée 2025-2026.

Selon les explications fournies par les autorités éducatives, cette révision vise à repositionner l’école malienne autour de contenus jugés plus pertinents et plus ancrés dans l’environnement sociohistorique du pays. L’objectif affiché est de revaloriser l’histoire nationale, mieux intégrer les enjeux africains contemporains, et adapter les apprentissages à un contexte sécuritaire et institutionnel fragile.

Le retrait de la révolution française ne se résume pas à une simple suppression de chapitre. Il marque un mouvement de fond, celui d’un rééquilibrage entre histoire globale et récit national. Le ministère affirme vouloir privilégier des contenus susceptibles de renforcer la conscience civique, l’identité culturelle et la cohésion sociale dans un contexte où l’école peine encore à stabiliser ses bases.

Ce choix soulève pourtant des interrogations que mettra-t-on à la place ? Quels nouveaux modules incarneront cette refonte ? Aucune version consolidée du programme révisé n’a encore été rendue publique, laissant les enseignants dans l’expectative. Sans détails clairs, difficile d’évaluer l’ampleur réelle de la réforme.

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Au-delà des contenus, la mise en œuvre reste la véritable épreuve. Insécurité persistante, accès inégal aux infrastructures, déficit d’enseignants formés, classes surchargées, le système éducatif malien affronte des obstacles structurels que la seule modification des programmes ne saurait résoudre.

Les partenaires techniques notamment l’UNESCO et l’UNICEF continuent d’appuyer la consolidation des compétences pédagogiques et la gouvernance du secteur, mais le terrain montre une réalité contrastée, la qualité de l’enseignement dépend fortement de la stabilité et de la disponibilité des ressources.

Pour l’instant, la démarche du gouvernement apparaît comme une tentative de souveraineté éducative, écrire des programmes qui parlent davantage du Mali, de l’Afrique, et des défis immédiats de la société. Une orientation stratégique compréhensible dans le contexte actuel, mais qui doit rester cohérente avec les standards internationaux et permettre aux élèves de lire le monde dans sa globalité.

Il reste désormais à voir si cette révision débouchera sur une véritable refonte pédagogique ou si elle demeurera un geste politique sans profondeur opérationnelle.

Joseph Sossou

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