
Rencontre du Président de la République avec la presse nationale hier : Putsch manqué et nouvelle Constitution, Talon et ses confidences
Au palais de la Marina hier jeudi 17 décembre 2025, la presse nationale et internationale avait rendez-vous avec le président de la République, Patrice Talon. Le format est simple. Une conférence de presse pour permettre aux journalistes d’exposer leurs préoccupations. En face, un orateur qui a l’habitude de la parole publique en raison de la charge qu’il porte depuis 2016. Dans le panier des échanges, deux sujets à savoir la tentative de coup d’État déjoué du dimanche 7 décembre 2025 et la révision de la Constitution intervenue le 15 novembre 2025 au parlement. Les questions des professionnels des médias ont amené Patrice Talon à revenir dans les moindres détails sur le putsch militaire manqué. « Je me porte bien même si mon moral a pris un coup. Dites aux enfants que le Président va bien », répond Patrice Talon à une demande formulée par les enfants du Bénin et transmise par Tata Inès, directrice de Bénin Tv junior. Sur la tentative de coup d’État, Patrice Talon a donné des précisions sur le corps d’appartenance des militaires insurgés. « Je n’appelle pas cela un coup d’État. Il en faut bien plus pour faire un coup d’État. C’est quelques crapules, voyous et marginaux qui ont voulu s’en prendre au pays. Je dirai que c’est une attaque », a d’abord fait savoir Patrice Talon. Depuis le dimanche 7 décembre 2025, le narratif public désigne la Garde nationale comme auteur de la tentative du coup d’État. La garde nationale est un corps d’élite de l’armée créé par le Président Patrice Talon. La Garde nationale est-elle à la base du coup d’État déjoué ? Non, répond Patrice Talon. « Ce n’est pas la Garde nationale qui a opéré l’attaque. Ce n’est ni le commandement, ni le sous-commandement. Ce sont quelques égarés, manipulés par des nostalgiques et des jaloux », a dit le Président de la République expliquant que dans toutes les sociétés humaines il existe quelques marginaux. «Tous les retranchés dans le camp de Togbin ne sont pas associés aux mutins. Il y avait beaucoup de jeunes soldats en formation qu’ils ont embarqués et qui appelaient pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec ce qui se passe », laisse entendre Patrice Talon qui salue la bravoure de l’armée. « L’armée béninoise est restée républicaine. De partout, de tous les camps, les militaires appelaient pour savoir si c’était nécessaire de rallier Cotonou pour protéger les institutions de la République », explique Patrice Talon exposant la coordination des opérations de nettoyage des positions tenues par les mutins : « Ils (les mutins) ont été délogés de la Srtb sans résistance. Beaucoup ont fui. Quand ils se sont retranchés dans le camp de Togbin, très vite, le camp a été encerclé. Au premier assaut, certains soldats se sont habillés en civil et ont pris la fuite à moto. D’autres ont escaladé le mur. Nous n’avons pas lancé une course poursuite afin d’éviter des morts car ils étaient armés. La preuve certains mutins ont abandonné les armes qu’ils détenaient dans les bas-fonds à Togbin ». Selon le Chef de l’État, toutes les unités de l’armée ont fait allégeance à la Garde républicaine et ont demandé l’attitude à tenir afin de veiller au respect de l’ordre constitutionnel. «Les vrais auteurs de l’attaque étaient au plus au nombre de 15 ou 20 et certains qui sont manipulés.» Mais, Patrice Talon fera aussi une confidence qui paraît nouvelle dans ce dossier de tentative de coup d’État. Il s’agit des échanges directs entre l’armée régulière et le Lieutenant-Colonel Pascal Tigri en plein combats avec les mutins. « Le Commandant de la garde républicaine est parvenu à joindre le lieutenant-colonel Pascal Tigri au téléphone avant sa fuite dans une voiture », a fait savoir Patrice Talon qui révèle une demande formulée par le chef des mutins : « Nous vous prions de ne pas nous bombarder », aurait dit Pascal Tigri avant de se volatiliser dans la nature par les multiples frontières que le Bénin a avec les pays voisins. Le Président de la République pense aussi que les défis de gouvernance ne peuvent faire le lit à des projets de coup d’État. Là-dessus, le Chef de l’État recommande aux acteurs le choix de modes appropriés pour l’expression des besoins. « Ceux qui ont applaudi le coup d’État sont condamnables », lâche-t-il tout en indiquant qu’il est impératif de travailler à ce qu’un tel projet de coup d’État ne soit plus jamais entretenu au Bénin. Sur la révision de la Constitution, Patrice Talon a insisté sur deux points. Il s’agit de la création du Sénat décrit comme un conseil des sages, un juge de paix, un organe tampon d’arbitrage des tensions politiques, doté d’un pouvoir moyen législatif en cas de contentieux entre le président de la République et les députés. Garant du respect de la »trêve politique », le Sénat n’a pas vocation a éteindre voire étouffer la critique, a fait savoir Patrice Talon. Selon le Président de la République, la »critique est consacrée par la Constitution ». Les acteurs politiques devront juste s’assurer de faire des propositions alternatives en supplément à la critique de l’action publique. « Je ne vais pas m’y dérober et j’espère que personne ne vas y dérober », a lancé Patrice Talon invitant les sénateurs membres de droit à venir animer le Sénat au service de la République.

B. K. S
