
Dixième discours sur l’état de la nation du président Patrice Talon à l’Assemblée nationale: « Le Bénin n’a pas vocation à être la copie d’un autre pays »
Pour une dixième et dernière fois, le président béninois a présenté son état de la nation devant les députés. Un exercice solennel, maîtrisé, marqué par un ton direct et une parole de transmission. D’emblée, il pose le cadre, le Bénin vit en paix, sans tensions ethniques, religieuses ou sociales capables de menacer la cohésion interne. Le socle est là.
Le discours avance ensuite par des questions simples, presque pédagogiques. Le Bénin fait-il encore honte à ses enfants ? Inspire-t-il désormais fierté et espoir ? À chaque fois, la réponse tombe, nette. oui. Selon le chef de l’État, le pays n’est pas figé ; il avance, jour après jour, au point que ce qui reste à faire ne paraît plus hors d’atteinte. L’état de la nation devient alors un récit de continuité, « Depuis bientôt dix ans, le Bénin a entamé sa mutation. »
Au cœur de cette transformation, il insiste sur un élément immatériel, « Le miracle, c’est notre nouvel état d’esprit. » Une phrase-clé. Pour lui, le progrès ne tient pas qu’aux chiffres ou aux infrastructures, mais à une rupture mentale, discipline, exigence, responsabilité. La réforme du système partisan occupe une place centrale. Le président reconnaît les résistances et les divergences persistantes. Il tranche toutefois, un effort consenti à moitié ne produit rien. Être acteur politique ne donne plus de privilèges ; cela impose des devoirs, de l’humilité, parfois l’effacement. La démocratie béninoise, affirme-t-il, n’est plus un espace de désordre ou d’impunité, mais un cadre de développement et de bien-être citoyen.

Le propos se fait plus ferme à l’endroit des ambitions personnelles. Haranguer les foules ne suffit plus. Gouverner requiert capacité, mérite politique et esprit de sacrifice. Et le chef de l’État assume la singularité du chemin choisi, pourquoi rougir d’un modèle qui n’est pas la copie d’un autre pays ? Le Bénin, rappelle-t-il, n’a jamais été une reproduction.
Les tensions, les incompréhensions, les heurts ? Il les qualifie de passages normaux de toute transformation profonde. Rien n’est parfait, concède-t-il, et des ajustements seront nécessaires. Chaque génération, ajoute-t-il, devra apporter sa part d’innovation pour éviter le retour des réflexes du passé.
Le discours prend alors une tonalité plus personnelle. Le président exprime sa fierté envers une majorité de citoyens attachés à l’ordre constitutionnel. Il remercie, mais ne s’exonère pas, « J’ai le regret de ne pas avoir tout réussi. » Une phrase rare, dite sans détour. La conclusion se veut rassembleuse. Malgré les frustrations et les désaccords, le Bénin reste une maison commune. À chacun de « boucher les trous de la jarre » pour qu’elle profite aux générations futures. Et cette promesse, presque testamentaire , ne pas craindre l’avenir. L’âme du pays, affirme-t-il, veillera. Le meilleur reste devant.
Joseph Sossou
