Affaire « Évasion à la prison civile d’Akpro-Missérété »: 3 ans de prison, la sanction applicable aux complices
• Un caporal détenu pour atteinte à la sûreté de l’État en fuite
•La cellule n’a pas été endommagée par les prisonniers
•Du régisseur au chef cellule, un nettoyage s’impose
Quelques jours après l’évasion des prisonniers à la prison civile d’Akpro-Missérété, certains indices aident à sortir les contours de l’affaire de la pénombre. Le dimanche 25 octobre 2020, des cas d’évasion ont été signalés à la prison civile d’Akpro-Missérété. Au total deux détenus sont introuvables depuis lors.
Après le limogeage du directeur de l’agence pénitentiaire du Bénin, Jiles Yèkpè en conseil des ministres du 4 novembre2020, les faits relatés par certaines sources proches du dossier laissent penser à un réseau de complicité. Les metteurs en scène ne seraient rien d’autre que les hommes en uniformes responsables d’administrer la prison civile d’Akpro-Missérété. Selon nos sources, les deux détenus qui se sont évadés partageaient la même cellule. Après l’évasion, confient nos sources, le constat révèle que la cellule n’a pas été endommagée. Ici, des questions subsistent sur la façon dont les deux prisonniers ont réussi à s’enfuir sans endommager la cellule ni forcer les scellés. Nos sources font savoir que les deux évadés sont des détenus transférés de la prison civile de Cotonou pour celle d’Akpro-Missérété et dans une cellule en attendant de rejoindre la prison. Parmi eux, poursuivent nos sources, il y a un militaire de grade caporal qui a été cité dans une affaire d’attentat à la sûreté de l’État. On se rappelle, il y a quelques mois, le magazine panafricain Jeune Afrique avait annoncé que plusieurs agents des forces armées béninoises avaient été mis aux arrêts dans une affaire de coup d’État. Le gouvernement avait lui parlé d’acte susceptible de porter atteinte à la sûreté de l’État.
Des détenus évadés sans avoir endommagé la cellule
Le fait frise un coup monté et une complicité passive ou active surtout que la prison civile d’Akpro-Missérété est l’une des prisons les plus sécurisées. Face à ces premiers soupçons, nos sources font savoir que les agents de police qui étaient de garde le jour de l’évasion des prisonniers ont été mis au gnouf (arrêt de rigueur) à la base BAC (Brigade anti criminelle) au quartier Akpakpa à Cotonou. Si des prisonniers en arrivent à s’évader d’une prison censée être ultra sécurisée, cela doit inquiéter. L’inquiétude est d’autant plus grande quand parmi les évadés, il y a un militaire avec certainement un soutien des fonctionnaires de la police. Il s’agit pour ces agents en poste à la prison civile d’Akpro Missérété de faute grave qui traduit la légèreté et une négligence.
Sanctionner les complices…
Dans la foulée de l’évasion des prisonniers, Jiles Yèkpè, le Directeur de l’agence pénitentiaire du dossier a été limogé en conseil des ministres. Il a perdu son poste sans autre forme de procédure. Mais les contours de cette affaire d’évasion de prisonniers amènent à suspecter tous les responsables de la prison civile d’Akpro-Missérété. Si le directeur de l’agence pénitentiaire du Bénin a été débarqué, les responsables de cette prison doivent payer le prix fort de cette négligence ou du complot savamment orchestré pour favoriser l’évasion de deux détenus. Du régisseur de la prison, le lieutenant Léandre Sédaminou, au gardien-chef en passant par le chef cellule de la police judiciaire, tous doivent répondre de cet acte de négligence et subir les rigueurs du règlement militaire et même aussi de la loi. Pour mémoire dans une affaire de soulèvement dans la même prison d’Akpro-Missérété il y a 5 mois, tous les agents avaient été relevés de leurs fonctions. On doit naturellement s’attendre à ce que la même rigueur s’applique à tous les agents de la chaîne dans cette affaire d’évasion. Le Code pénal en vigueur au Benin prévoit d’ailleurs les sanctions applicables aux agents dans ces cas d’évasion de prisonniers. Selon l’article 421 du Code pénal : » Toutes les fois qu’une évasion de gardés à vue, de détenus ou de prisonniers de guerre a lieu, les commandants en chef ou en sous-ordre des forces armées servant d’escorte (…), les gardiens, geôliers et tous autres préposés à la conduite, ou transport ou à la garde des détenus ou prisonniers, sont punis ainsi qu’il est prévu aux articles suivants. Les peines prévues pour le cas de connivence sont également encourues si les personnes désignées à l’alinéa qui précède ont tenté de procurer ou de faciliter une évasion, même si celle-ci n’ont été, ni consommée, ni tentée et quand bien même les préparatifs (ont) été menés à I’insu du détenu ou du prisonnier. Elles sont également encourues lorsque l’aide à l’éclosion n’aura consisté qu’en une obtention volontaire. ». L’article 422 est plus clair sur les sanctions » : Si le détenu et le prévenu de délits ou de crimes simplement infamants ou condamné pour I’une de ces infractions ou, si c’était un prisonnier de guerre, les préposés (…) sont punis, en cas de négligence, d’un emprisonnement de un (1) mois è six (6) mois et d’une amende de cinquante mille (5O.OOO) francs CFA ou deux cent cinquante mille (250.000) francs CFA. En cas de connivence, la peine sera d’un emprisonnement de six (06) mois à trois (03) ans et d’une amende de cinquante mille (50.000) francs CFA à un million (1.000.000) de francs CFA.
Ceux qui, même n’étant pas chargés de la garde ou de la conduite du Gardé à vue, détenu ou prisonnier de guerre, ont procuré, facililé ou tenté de procurer ou de faciliter son évasion ou sa fuite, une fois l’évasion réalisée, sont punis d’un emprisonnement de un (01) mois à deux {02) ans et d’une amende de cinquante mille (50.000) francs CFA et un million (1.000.000) de francs CFA. Au-delà des arrêts de rigueur, les sanctions pénales sont attendues pour décourager à jamais les candidats à la complicité pour l’évasion des prisonniers. À suivre…