Riposte nationale contre la Covid-19 au Bénin : Les recommandations de l’Ong Alcrer
Confrontés à la propagation foudroyante du Covid-19, les États du monde entier s’organisent pour préserver la santé publique et leur économie. Également touché par la pandémie, le Bénin compte officiellement 35 cas au jour d’aujourd’hui. Pour faire face à la situation, le gouvernement a pris des mesures dont la mise en œuvre engage le sens de responsabilité individuelle et collective de tous les Béninois.
Fidèle à sa mission de veille citoyenne sur l’action publique et soucieuse de l’efficacité du dispositif de lutte contre le covid-19, l’ONG ALCRER a décidé de mettre en place une plateforme de suivi citoyen de la riposte nationale contre le covid-19. Celle-ci vise à contribuer à l’efficacité de la gestion de la pandémie au Bénin à travers l’identification des manquements à cinq mesures fondamentales prises par le gouvernement dans le cadre de la riposte :
Interdiction de circulation des bus et minibus de transport en commun de personnes
Fermeture des bars, discothèques et autres lieux de réjouissance
Obligation pour les employeurs sur les lieux de travail, d’installer le dispositif de lavage des mains, de faire respecter la distance d’un (1) minimum entre employés et obligation de porter le masque de protection
Limitation du nombre de passagers à bord des taxis et embarcation à trois (3) au maximum
Interdiction d’entrer et de sortir de l’espace du cordon sanitaire.
Grâce à l’implication des cellules de participation citoyenne (CPC) qui collectent des données primaires quant au respect de ces mesures dans leur commune respective, un travail de compilation, de traitement et d’analyse des données a été fait pour avoir une situation générale.
Chaque semaine, l’ONG ALCRER se propose de rendre public le point de la mise en œuvre de ces cinq mesures dans les 62 communes de sa zone d’intervention et appelle les autorités compétentes à en tirer les conséquences en vue de l’amélioration du dispositif de la riposte.
CONSTATS MAJEURS FAITS DANS LES COMMUNES
Ces constats ont été effectués par les CPC entre le lundi 6 et le jeudi 9 avril 2020.
Mesure n°1 : Interdiction de circulation des bus et minibus de transport en commun de personnes
Cette mesure est globalement respectée dans la plupart des communes sillonnées par les CPC. Cependant, la circulation de bus et minibus de transport en commun de personnes a été observée de façon persistante, notamment à Aplahoué (au niveau d’Azovè) et à Kouandé.
Mesure n°2 : Fermeture des bars, discothèques et autres lieux de réjouissance
Cette mesure est moyennement suivie dans les communes cibles. Les CPC ont enregistré l’ouverture de buvettes dans les communes ci-après : Cobly, Bassila, Toucountouna, Savè, Lalo, Dogbo, Bopa, Dassa-Zoumé.
Mesure n°3 : Obligation pour les employeurs sur les lieux de travail, d’installer le dispositif de lavage des mains, de faire respecter la distance d’un (1) mètre minimum entre employés et obligation de porter un masque
Dans la plupart des communes, le dispositif de lavage des mains est en place dans des services publics et structures privées : centres de santé, mairies, ateliers d’artisans (coiffure, couture, etc.), hôtels, restaurants, etc. Cependant, il reste de nombreuses structures qui n’ont pas encore installé ce dispositif.
La distance de 1 mètre d’écart entre les personnes n’est pas respectée notamment dans les marchés (constats à Kissamey et Azové), dans les hôpitaux et les ateliers d’artisans…
Le port de masque est très peu suivi dans les communes en dehors du cordon sanitaire. Au sein du cordon, on note une très mauvaise utilisation des masques ; les usagers semblent plus préoccupés par le respect de la mesure par peur des représailles de la police que par le souci de leur protection sanitaire : les masques sont sur-utilisés ou manipulés sans précaution. En outre, il est presque impossible de se procurer les masques : ils sont indisponibles ou vendus à compte-goutte ou vendus à 600 FCFA l’unité, contrairement aux 200 FCFA décrétés par le Gouvernement.
Mesure n°4 : Limitation du nombre de passagers à bord des taxis et embarcation à trois (3) au maximum
Malgré une bonne observance de cette mesure dans les communes, les CPC ont constaté plusieurs situations où des taxis avaient à bord plus de quatre à cinq personnes notamment dans les communes comme Ouaké, Copargo, Cobly, Toffo, Dassa-Zoumé. La plupart des véhicules concernés contournent les barrières policières par des voies qui échappent à la surveillance des autorités.
Mesure n°5 : Interdiction d’entrer et de sortir de l’espace du cordon sanitaire
Les observations faites par les CPC aux frontières des 12 communes du cordon sanitaire et au-delà font état d’entrées et de sorties illégales surtout par des voies de contournement dans la brousse. Ces cas ont été enregistrés au niveau des communes de Ouidah, de Kpomassè, des Aguégués, d’Allada.
RECOMMANDATIONS
Au vu de la mise en œuvre mitigée des mesures de la riposte contre le covid-19, l’ONG ALCRER appelle les Béninoises et les Béninois au civisme et au sens de responsabilité. Elle invite les autorités gouvernementales à redoubler de vigilance et d’ardeur pour faire respecter strictement les mesures barrières et de réduction de la mobilité. Au terme du suivi citoyen effectué par les CPC, l’ONG ALCRER fait les recommandations ci-après :
– Renforcer la surveillance des postes installés aux frontières des communes du cordon sanitaire et l’étendre aux voies de contournement ;
– Assurer la disponibilité de masques de protection et leur accessibilité économique sur l’ensemble du territoire national : à cet effet, ALCRER salue la réception récente par notre pays d’un lot important de masques et la mise en garde adressée, par les autorités judiciaires, aux pharmaciens qui surenchérissent les prix ;
– Adresser une mise en demeure à toutes les structures notamment publiques qui ne disposent pas de système de lavage de mains ou qui font travailler leurs agents sans tenir compte de l’exigence de la distanciation sociale ;
– Dynamiser la sensibilisation des populations sur le contenu des mesures à l’échelle du pays y compris par des moyens traditionnels de communication et en associant les acteurs locaux des villages et quartiers de ville ;
– Réprimer les cas de violation des mesures de fermeture des buvettes, discothèques, d’interdiction d’embarquer plus de trois personnes à bord des taxis, etc.
– Prendre des dispositions idoines pour organiser l’expression de la solidarité nationale au profit des personnes vulnérables les plus exposées aux conséquences économiques du covid-19.
L’engagement de chaque Béninois est capital pour avoir une victoire complète sur le covid-19. Ensemble, mobilisons-nous contre la pandémie du coronavirus !
Fait à Cotonou, le 10 avril 2020.
La Direction Exécutive de l’ONG ALCRER