Abimbola sur l’émission An 4 de la rupture au plan Tourisme et Culture: « Nous allons remettre tout ça dans le bon sens »

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Journaliste : Nous allons aborder sur ce plateau, les 4 ans du Programme d’actions du Gouvernement, les 4 ans de gestion du pouvoir d’Etat par le régime du Président Patrice Talon dans votre domaine : la culture, les arts et le tourisme. Monsieur le Ministre, la vision au départ, c’était que le tourisme, véritable pilier de développement économique, était pour le Gouvernement, un point crucial qu’il faudra aborder dans tous ses sens. Comment cette vision se traduit-elle aujourd’hui ?

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Ministre Jean Michel ABIMBOLA : Je voudrais vous remercier pour l’estime et l’occasion que vous me donnez, à mon tour, de venir m’exprimer face à nos compatriotes. Je voudrais dire que jusqu’aujourd’hui, le tourisme en relation avec la culture et les arts, reste un axe important pour le développement économique de notre pays. C’est le deuxième pilier identifié dans le PAG avec l’agriculture et sur lesquels notre pays veut se fonder pour pouvoir se révéler, impulser le développement et créer la richesse. Nous avons déjà ce modèle de développement dans un certain nombre de pays très connus. La France, comme c’est l’exemple que nous prenons souvent, n’a construit son développement qu’autour de l’agriculture, notamment la politique agricole commune et l’exception culturelle française. Et c’est ce qui a fait de la France, la cinquième puissance économique aujourd’hui.

En ce qui nous concerne au Bénin, nous sommes également persuadés que grâce à l’agriculture et à la culture qui va donner les intrants au tourisme, nous allons pouvoir révéler notre pays le Bénin et créer la richesse. Pour y arriver, le Gouvernement du Président Patrice TALON s’en donne les moyens depuis 04 ans. Au plan agricole, je pense qu’aujourd’hui, tout le monde commence à reconnaître que les résultats sont au bout de l’effort. En ce qui concerne le secteur touristique en lien avec la culture et les arts, c’est vrai que nous sommes moins avancés que pour l’agriculture parce que bien évidemment, nous partons de beaucoup plus loin que l’agriculture.

Vous avez beaucoup de choses à refaire.

 

Nous partons de beaucoup plus loin. Vous savez que depuis toujours, tous les régimes ont toujours estimé que l’agriculture est importante parce que nous sommes un pays agricole et la main d’œuvre est essentiellement agricole. Et quand on regarde de façon objective, c’est l’agriculture qui peut nous permettre non seulement de nourrir le peuple mais également d’exporter dans la sous-région. Mais en ce qui concerne le tourisme, de mémoire de Béninois que je suis, c’est la première fois que le tourisme est au cœur de la préoccupation gouvernementale et des politiques publiques. C’est une chance mais qui vient pratiquement soixante (60) ans après nos indépendances. Il faut donc pouvoir rattraper tout ce temps. Je suis bien placé pour le dire parce que j’ai déjà occupé cette fonction, il y a quelques années, sous un autre régime.

 

Aujourd’hui, c’est plusieurs projets phares qui sont dédiés à ce secteur sous le régime de la Rupture. On parle par exemple du Parc national de la Pendjari et de la cité lacustre de Ganvié qu’il faut refaire et rendre aux touristes.

 

Vous venez de montrer deux (2) des sept 07 projets phares du Programme d’actions du Gouvernement ; il y a bien évidemment d’autres projets prioritaires. À travers vos images, vous venez d’en présenter deux à savoir : Faire de la Pendjari le parc de référence de l’Afrique de l’Ouest et Réinventer la cité lacustre de Ganvié.

En ce qui concerne le Parc de la Pendjari, pour avoir déjà été dans ce parc, cinq (5) fois précédemment, je peux vous dire que j’ai vécu une expérience unique cette fois-ci. En 48 heures, j’ai eu le temps de voir plus d’animaux qu’en cinq (5) fois. Nous avons vu comme ça avait été promis par le Directeur général de l’ANPT, M. PLIYA, beaucoup de gibiers, beaucoup d’animaux et il y a un développement faunistique et floristique exceptionnel dans ce parc. J’ai vu les grands animaux dont on parle généralement. J’ai vu l’éléphant d’Afrique, le lion, les grandes antilopes, le buffle, l’hippopotame, un certain nombre d’autres animaux sauvages. J’ai pu les croiser très banalement dès la première heure où j’étais dans le parc alors qu’il y a quelques années, vous pouviez passer deux ou trois jours sans voir les animaux sauf quelques antilopes. Nous avons désormais un parc qui a été réellement revivifié et redynamisé et il faut saluer la vision du Gouvernement qui avait trouvé le bon schéma et la bonne organisation en lien avec l’ONG African Parks Network, une organisation internationale très expérimentée en la matière et qui a plusieurs parcs à travers l’Afrique. Et je voudrais vraiment convier les Béninois à s’approprier d’abord leur patrimoine. Vous les journalistes, les fonctionnaires, tous ceux qui peuvent se rendre dans le Parc. Nous allons aussi réorganiser, comme c’est déjà le cas avec African Parks Network, pour que ça soit à la portée des bourses moyennes des Béninois. Je crois que nous détenons un patrimoine unique qui fait la fierté du Bénin et de l’Afrique et le Gouvernement a raison d’investir massivement.

Des investissements, il y en a eu en ce qui concerne la faune et la flore, l’aménagement, l’ouverture de routes, l’aménagement de points d’eau, la réhabilitation d’un certain nombre d’infrastructures qui existaient, la construction de réceptifs, de lodges et de campements. Il y a également une interaction avec les communautés pour qu’elles soient prises en compte dans ces programmes spécifiques communautaires parce qu’elles vivaient grâce à ce parc et cela induisait une certaine pression sur la faune et la flore.

Vous voulez dire qu’il y a un contrat avec ses communautés qui vivaient aux alentours du Parc.

Absolument ! Les communautés comprennent bien que le développement touristique qui est envisagé n’est pas contre leur bien-être. Bien au contraire ! Elles se rendent compte de tous les avantages qu’on peut en tirer. Au sein de ces communautés, la jeunesse est concernée pour la création d’emplois à travers des projets d’apiculture, et d’autres projets pour aider les femmes et les hommes des villages environnants à pouvoir en tirer un bénéfice.

S’agissant de Ganvié, c’est également un patrimoine unique pour nous au Bénin et nous en sommes tous fiers. Tout le monde connait la Venise de l’Afrique bien que beaucoup ne sachent pas où elle est située. Il y a même des pays qui s’approprient Ganvié. C’est pour dire le patrimoine exceptionnel que Ganvié constitue. Mais Ganvié était en souffrance. Quand on est Béninois et qu’on doit aller à Ganvié, jusqu’à ces dernières années, on avait une petite gêne parce qu’on sent la pauvreté et la misère. On sent que cette population particulière qui est attachée à son mode de vie et à sa culture était un peu embêtée d’être comme un oiseau en cage qu’on vient visiter, comme un zoo à ciel ouvert. Alors, maintenant, le projet de la Réinvention de la cité lacustre de Ganvié, c’est l’homme, c’est le citoyen de Ganvié qui est au cœur. C’est comment faire pour améliorer le bien-être de ces populations avec l’adduction d’eau, l’électrification, l’assainissement et d’autres investissements majeurs pour des infrastructures scolaires et sanitaires. Quand on va amener toutes ces facilitations et quand on verra tout le bonheur et la joie de vivre de ces populations, on se rendra compte du produit Ganvié.

Le produit Ganvié n’est pas de s’y rendre pour demander à voir les animaux ou les sites. Le produit Ganvié c’est de voir les populations dans leur habitat, les voir dans leur quotidien et dans un confort minimum qui sera également le confort du visiteur ou du touriste. C’est dans ce cadre que le Gouvernement fait des investissements avec l’aide de la Coopération française à travers l’AFD pour ce qui concerne Ganvié parce que, comme je le disais, il y a beaucoup de projets sociocommunautaires pour pouvoir hisser et réinventer cette cité, surtout la réinventer à l’identique. Il ne s’agit pas de dénaturer Ganvié. Il s’agit surtout d’assainir les eaux, d’ouvrir les chenaux, d’avoir un système d’assainissement général à Ganvié. Le collège de Ganvié sera reconstruit avec plus de 16 modules de classes. Le Gouvernement va mettre le paquet pour que, tous ensemble, nous soyons fiers de ce patrimoine.

Depuis que ce projet est envisagé, où en êtes-vous ? À quelle étape se situent les travaux et les investissements qui sont faits ?

En ce qui concerne Ganvié de façon précise, à travers votre reportage, les Béninois ont pu apercevoir les habitats lacustres témoins en ilot. Ça veut dire que le Gouvernement, en lien avec les communautés, est en train de développer un programme afin de pouvoir réhabiliter les habitats de nos compatriotes de Ganvié pour avoir des habitats énormes mais qui respectent la tradition. Nous avons 3500 habitats qui seront reconstruits en F3 et en F4 à Ganvié. Il y a également un programme social d’acquisition et d’accession à ces logements à Ganvié. Peut-être que vous aurez un intérêt à avoir une résidence à Ganvié et un weekend, au lieu de la route des pêches, vous pouvez peut-être décider d’aller à Ganvié parce que c’est édifiant et c’est sensationnel. C’est ce que le Gouvernement est en train de faire et ça se voit déjà. On voit directement les habitats témoins et également les chenaux qui sont des routes fluviales dont certaines sont déjà faites.

Dès cette année, nous verrons le collège qui sera construit, nous aurons également le centre de santé qui sera reconstruit entièrement grâce à la Fondation Claudine TALON, la route qui mène vers l’embarcadère sera également refaite. Il y a également l’électrification qui sera générale en lien avec la SBEE. Dès cette année 2020, les habitants de Ganvié et les populations béninoises en général pourront toucher du doigt des actions concrètes qui montreront ce que Ganvié sera en perspective.

Ceci m’amène à demander le message qui se cache derrière cette transformation physique du Parc de la Pendjari et la cité lacustre de Ganvié ?

Comme nous l’avons dit à l’entame de cette émission, rien qu’avec la culture et le tourisme, le Bénin peut se développer. Pour cela, il ne s’agit pas de dire aux gens de venir voir comme nous sommes fiers de ce que nous mangeons. Nous devons améliorer l’offre touristique. Ce que le Gouvernement est en train de faire depuis 2016, c’est de bâtir une offre touristique. Il faut que le visiteur qui vient au Bénin puisse avoir une variété de produits à consommer au plan touristique. On peut avoir le Parc national de la Pendjari, la cité lacustre de Ganvié, on peut avoir notre histoire à travers nos palais royaux à Abomey et ailleurs. On peut avoir également le mémoriel à travers l’histoire douloureuse que nous pouvons aujourd’hui transformer en or sur la route de l’esclave. On peut avoir la route des Tata avec les Tata Somba qui sont des habitats exceptionnels. Nous avons un littoral avec un produit balnéaire exceptionnel que nous sommes en train de développer au niveau d’Avlékété à Ouidah où il y a déjà une digue émergée de 4km de large qui est construite et qui sera rallongée d’un kilomètre. À ce niveau, vous aurez un certain nombre d’opérateurs majeurs touristiques qui vont venir s’installer, dont le Club Méditerranée, Bayan Tree qui sont des références mondiales exceptionnelles en matière de tourisme. Ces grandes marques vont venir comme des produits d’appel qui vont attirer d’autres investisseurs qui viendront également. Vous avez également des investissements majeurs au niveau de Djègbadji, là où se trouve la Porte du non-retour qui sera complètement refaite avec une Marina qui sera construite avec la possibilité d’une promenade mémorielle, une immersion mémorielle et historique à travers un bateau négrier à taille réelle qui sera installé et qui va nous remettre dans le commerce triangulaire. Vous allez pouvoir vivre des expériences exceptionnelles à Ouidah : faire la route de l’esclave depuis la place aux enchères, la place CHACHA jusqu’à la porte du non-retour et la Marina.

Au cœur de Ouidah, vous avez également la réhabilitation du Fort Portugais et certains investissements au niveau du Fort Français. Au niveau du Fort Portugais, vous avez la réhabilitation de la maison coloniale du Gouverneur et on va créer un musée qui va s’appeler le Musée international de la mémoire de l’esclavage (MIME) et qui sera un musée aussi moderne que ce que vous pouvez trouver en France, aux Etats-Unis ou ailleurs. Ouidah va être réellement un pôle de concentration d’investissements touristiques. Il en sera de même à Abomey où le site palatial des rois d’Abomey sera totalement réaménagé. À Abomey, le Gouvernement va construire le Musée de l’épopée des Amazones et des Rois du Danxomè. Le site fait 47 hectares et sera largement reconstruit avec un musée moderne qui va conter cette histoire de nos rois et la réhabilitation de nos palais pour l’immersion.

À travers ce développement, vous nous renvoyez dans un futur. À l’étape actuelle, où en êtes-vous dans la mise en œuvre de ces différents projets ?

Au niveau de la Pendjari, on en a parlé. Il y a déjà des réalités concrètes qu’on peut toucher du doigt. Il y a eu des investissements ; des réceptifs et un lodge ont été construits et d’autres investissements dont nous avons parlé. C’est vrai qu’il y a eu un incident au niveau de la Pendjari mais cela n’a pas émoussé l’ardeur du Gouvernement, et d’ailleurs, cela n’a pas découragé les visiteurs. Ils continuent de venir parce que le Gouvernement a pris des mesures sécuritaires exceptionnelles au niveau de la Pendjari.

On a vu également au niveau de Ganvié, et je viens de vous dire ce qui est déjà fait et ce qui va être fait dès 2020.

Au niveau d’Abomey, le projet est immense et le financement viendra en partie de l’AFD, nos partenaires français. Il y a des études importantes qui sont faites et qui sont totalement achevées et à partir de cette année, nous allons voir des réalisations concrètes sur le site. Dès 2020, il y a des travaux d’urgence parce que le site était en souffrance. Heureusement, nous sommes sortis de cette menace parce que le Gouvernement a pris le taureau par les cornes et deux architectes vont travailler essentiellement sur Abomey : une architecte française d’origine camerounaise et un architecte béninois, M. Gonçalves. Dès 2020, il a déjà commencé les petits travaux mais par rapport à la dimension du projet, c’est surtout à fin 2020 que nous allons voir des réalisations sur le terrain. Ceux qui connaissent un peu l’économie de ce projet savent que nous ne restons pas les deux pieds dans le même sabot. En ce qui concerne Ouidah, il y a quelques semaines, au mois de février, j’ai moi-même personnellement été faire une remise de site à l’entreprise Kendal pour la réhabilitation de la maison du Gouverneur au Fort Portugais. Et il y a eu un reportage sur l’ORTB et d’autres chaînes où on a vu le démarrage des travaux.

 

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Monsieur le Ministre, que peuvent attendre les populations de tout ceci ?

Je vais juste dire un dernier mot sur Ouidah et le Fort Portugais. En dehors de la réhabilitation du bâtiment colonial, il va y avoir également la construction d’un grand musée au même titre qu’à Abomey. Ce sont d’ailleurs, ces deux musées qui vont être les réceptacles de nos œuvres qui vont nous revenir bientôt de la France. Nous faisons en sorte que le Bénin se révèle aux Béninois et au monde.

Ce que les Béninois peuvent attendre de ça, c’est la fierté. Être fiers de leur pays, de leur patrimoine et de leur culture. Être fiers de la vision qui est celle du Chef de l’Etat pour que chaque Béninois n’ait plus honte de dire : moi je m’approprie Ouidah, moi je m’approprie Abomey, moi je m’approprie l’histoire de l’esclavage, moi je m’approprie le Vodoun. Et ça fait une transition pour vous dire que dans les projets phares, il y a un projet qui me tient à cœur et qui est un projet essentiel. C’est le projet intitulé la « Route des couvents Vodoun Orisha ». De quoi s’agit-il ? Il ne s’agit pas de venir faire ici l’apologie de telle ou telle religion ou de vouloir convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. Mais nous ne pouvons pas ne pas reconnaître que le Vodoun ORISHA, les religions endogènes sont notre culture, notre histoire et nos réalités. Est-ce que vous savez qu’aujourd’hui, la plupart des Béninois ne savent pas ce qu’on appelle le Vodoun ? Est-ce que vous savez que nous avons une idée déformée, caricaturale, presque diabolique de ce qu’on appelle le Vodoun ? Pour cela, la plupart d’entre nous qui apprenons du Vodoun, nous apprenons dans les livres écrits par des Occidentaux ou nous allons dans des musées à Strasbourg ou ailleurs pour savoir ce que c’est que le Vodoun. C’est une honte. Voilà pourquoi le Gouvernement veut permettre à chacun de nous et également à ceux qui viennent de l’extérieur de savoir ce qu’on appelle le Vodoun, non pas de devenir des adeptes de vodoun. Ça, c’est un choix individuel. Il s’agit donc de faire connaître le Vodoun et son parcours. Nous voulons expliquer aux gens ce qu’on appelle le Vodoun, ce que c’est qu’un couvent et en quoi cela consiste d’un point de vue culturel. Après cela, il est loisible à chacun de dire : moi je vais plus loin ou ça ne me m’intéresse pas. C’est une autre affaire et le Gouvernement ne se mêle pas de cela. Voilà ce que nous voulons faire pour que d’autres ne viennent pas nous apprendre ce que nous sommes.

C’est donc d’un point de vue culturel et intellectuel que nous souhaiterions ce parcours et nous allons faire un parcours de cinquante (50) couvents et nous allons commencer dès 2020 par cinq (5) couvents dans cinq (5) villes différentes : Grand-Popo, Ouidah, Abomey, Ketou et Porto-Novo. Nous avons d’autres communes comme Agonli, Savalou qui vont également s’ajouter. Nous avons cinquante couvents. Ce n’est pas cinquante villes forcément qui feront un circuit.

Nous avons également la route des Tatas pour aller découvrir cette architecture extraordinaire et particulière qui relie le Bénin et le Togo. La construction d’un nouveau palais royal pour le roi de Nikki avec une arène pour la Gaani, parce qu’il s’agit d’une fête identitaire assez impressionnante.

Comment accompagner les entreprises touristiques pour que tout ceci ne soit pas de l’argent jeté par la fenêtre ?

Nous sommes en train de structurer une offre touristique parce que nous voulons structurer une économie touristique. Il y a des entreprises ici au Bénin, des agences de voyages, des hôtels, tout ça fait partie du tourisme, des restaurants et autres. Si vous n’arrivez pas à remplir votre hôtel ou que vous ne remplissez votre hôtel que de 20% sur toute l’année, il est bien évident que l’hôtel va tomber en décrépitude parce que vous n’aurez pas les moyens de faire des investissements ; parce que c’est un investissement permanent. Il en est de même pour les agences de voyages, les Tours Operators, les sociétés de location de véhicules, les restaurants etc. Il va y avoir cette offre touristique. Le gouvernement va s’attacher à faire un marketing de la destination Bénin, vendre au niveau national, sous-régional et international, la destination comme ça se vend dans les plus grands pays de façon professionnelle, comme la Rupture sait le faire pour que cela suscite un intérêt et pour que ça soit inspirant pour ceux qui pourraient voir cela et susciter une grande curiosité pour pouvoir venir au Bénin surtout avec la diversité qu’on vient de décrire de l’offre touristique et de l’offre culturelle. C’est cela qui va permettre à chacun de ceux qui vont investir dedans d’avoir des ressources.

Demain, nous voulons Abomey, Ouidah et Nikki ; imaginons que vous ayez un petit restaurant qui ne désemplit pas, que vous avez un hôtel qui ne désemplit pas et que vous avez une société de guidage, les jeunes peuvent commencer à monter des projets dans le sens d’avoir des pousse-pousse modernes pour aider à transporter quand nous allons atteindre un certain niveau. Chacun peut, dès maintenant, anticiper et imaginer des produits simples qui n’ont même pas besoin de gros investissements mais qui vont leur permettre de capter des ressources. Le tourisme est le seul secteur qui est comme le thé, c’est un infuseur direct dans la société, c’est-à-dire que quand un touriste vient, il ne prend pas son argent pour aller mettre à la banque. Au contraire, il prend son argent à la banque pour le mettre directement auprès des populations. C’est donc un infuseur direct pour les populations qui peuvent en tirer profit et bénéfice.

La vision du chef de l’Etat, c’est de faire de la culture et des arts, de véritables intrants au service d’une industrie touristique. Où est-ce que vous en êtes aujourd’hui en matière de culture ? Est-ce que le niveau de la culture béninoise est relevé dans tous ses sens ?

Si les Béninois doivent être fiers de quelque chose, c’est de leur culture. Peut-être que ce n’est pas suffisamment valorisé mais tout ce qu’on vient de dire de Ganvié, c’est un mode de vie, quand on a parlé de la Gaani, c’est identitaire, Abomey avec l’histoire des rois et des amazones. Ouidah avec l’histoire tragique, c’est notre culture. Tout ce qui va nous enrichir, tout ce qui va faire le produit touristique, l’offre touristique c’est sous-tendu par la culture. J’ai parlé de la route des Tatas, des couvents Orisha, tout ça, c’est notre culture. La réhabilitation des palais royaux d’Abomey, la réhabilitation qui va démarrer dès 2020 au niveau du palais Honmè et du musée Adandé à Porto-Novo, la réhabilitation de la place Toussaint l’Ouverture à Allada. Tout ça, c’est notre culture, mais nous en profitons pour en faire des produits touristiques, des produits visitables, des produits où les gens auront la curiosité de venir visiter.

Le Gouvernement, à travers le PAG, est en train de mettre en œuvre deux grands musées aux normes internationales, le musée de l’épopée des amazones et des rois d’Abomey et le musée international de la mémoire de l’esclavage. Ces deux musées vont permettre de mieux valoriser notre patrimoine et de pouvoir accueillir nos biens culturels qui sont ailleurs. C’est également une vision et un combat du Chef de l’Etat et cette demande a reçu un écho favorable en France. Et de façon bilatérale, le Bénin et la France sont en train d’y travailler pour qu’au plus tard au quatrième trimestre 2021, nous puissions avoir les premières œuvres, donc les 26 œuvres promises par le président Emmanuel Macron, qui nous reviennent au pays. Tout ça ne va pas venir dans l’indifférence, nous allons faire tout le parcours rituel et festif qu’il faut pour les réinstaller.

Monsieur le Ministre, quel est l’environnement qui va accueillir tout ceci dès que cela va venir ?

Vous savez, le ministre Franck Riester était au Bénin au mois de décembre. De même, le ministre Aurélien Agbénonci et moi-même étions au mois dernier à Paris pour discuter avec le ministre Riester et d’autres composantes de l’Etat français. C’est parce que les Français ont vu le sérieux de notre projet. Sur Abomey, la France a une contribution. Au niveau de Ouidah, c’est surtout la Banque mondiale avec une contribution du budget national. Mais le projet est fait pour mettre ces deux musées aux normes internationales, des musées qui n’auront rien à envier à des musées parisiens, allemands, italiens ou américains. Cela rassure au-delà des infrastructures modernes qui seront construites. Nous avons également un volet formation avec l’école du patrimoine africain (EPA) qui fera l’objet d’un programme de réhabilitation de nouveaux investissements toujours en lien avec la France.

Nous allons former tous les spécialistes de façon particulière, tout de suite, à court et moyen termes et également un programme beaucoup plus long pour que nous puissions avoir les ressources humaines capables de gérer cette économie culturelle et patrimoniale. Cela était également l’un des points essentiels du document qu’on a appelé le Programme de Travail Commun que nous avons signé à l’occasion de la visite du ministre Riester au mois de décembre. Rien n’est fait dans l’improvisation. Tout est fait de façon méthodique et je peux vous assurer que sur chacun des projets ou sur chacun des points que nous avons évoqués, nous pourrions passer une demi-heure ou une heure pour qu’on puisse vous expliquer toute l’économie, tous les détails, toute la passion et tout l’engouement que chacun de nous pourrait avoir si, effectivement, il était au même niveau d’information que nous qui sommes dans ces projets au quotidien. C’est vraiment enthousiasmant ! Moi, je suis très heureux de pouvoir participer à cela et chaque Béninois sera fier de son pays.

Le Conseil des ministres du 11 mars a approuvé la création d’une Galerie nationale et vous avez nommé une experte pour diriger cette agence. Monsieur le Ministre, de quoi retourne l’idée de cette Galerie et quelle place pour les artistes parce que dans tout ce que vous faites, on n’entend pas parler des artistes ?

D’abord, en ce qui concerne la Galerie nationale, il s’agit de l’art plastique (l’art plastique c’est un des domaines de la culture) mais nous avons la chance au Bénin d’avoir des plasticiens exceptionnels. Nous avons HAZOUNME, ZINKPE, etc. Ils sont nombreux et ils ont atteint, pour certains, des dimensions mondiales pour ne pas dire universelles. Il y en a d’autres qui ont également beaucoup de talents mais aujourd’hui, ils sont au niveau national ou encore au niveau local. Quand on circule, on se rend compte que le Bénin fait partie des rares pays en Afrique où il y a un vrai talent, un vrai foisonnement de plasticiens, de talents et de génies créateurs. Le Gouvernement, à travers le PAG, s’est rendu compte qu’on pouvait faire quelque chose pour révéler ces talents et pour créer une économie culturelle, une économie de l’art plastique parce que l’art plastique, c’est beaucoup de richesses et de création d’emplois autour. Le Chef de l’Etat a eu cette vision que nous pouvions capitaliser cela au Bénin et créer toute une économie autour.

Il y avait un comité « Arts plastiques » qui existait depuis plus d’un an et qui était déjà en route sous l’égide de mon prédécesseur. Moi, je suis venu, avec l’impulsion du Chef de l’Etat, parachever la chose et nous avons créé cette agence qu’on appelle la Galerie nationale. Elle a effectivement une directrice générale, Mme Léa AWUNOU ROUFAÏ qui est une galériste bien connue dans le domaine, qui est par ailleurs, une consultante et qui a eu un parcours international. L’agence est aux mains des professionnels. Mais il y a eu comme une petite interrogation des artistes au début au sujet du Conseil d’administration de la Galerie nationale qui a été installé et qu’il n’y a pas eu un seul artiste. Vous ne me posez pas la question mais je l’anticipe. L’agence de la Galerie nationale, c’est pour gérer de l’argent public. Ce n’est pas le Conseil d’administration qui va dire ce tableau est joli ou qu’il est moins joli. Le Conseil d’administration est là pour qu’on puisse respecter le Béninois et l’argent public, pour veiller à la qualité de la dépense. Mais étant donné que c’est spécifique et artistique, il y a un Conseil artistique de six (6) personnes qui est composé essentiellement des artistes ou des professionnels de l’art plastique. Et étant donné qu’on n’avait pas encore installé officiellement ce Conseil artistique, il y a une petite confusion. Les acteurs culturels et artistiques sont au cœur de tout ce que nous faisons. Nous ne pouvons pas faire sans eux, puisque ce sont eux qui vont alimenter et profiter de ce que nous sommes en train de faire. Voilà pour ce qui concerne la Galerie nationale.

En termes de culture, nous avons l’ambition de faire du Bénin et en particulier de Cotonou, une place culturelle et artistique importante dans la sous-région et nous en avons les moyens. Vous avez vu dernièrement, notre compatriote Bella AGOSSOU qui, à travers le film ADU, a montré comment nous pouvons être fiers de notre pays. Notre pays a servi de décor dans le film et on a fait passer le Bénin pour la Mauritanie, pour le désert, pour le Sénégal, le Cameroun, etc. Quand vous voyez comment le Nigéria est devenu la première économie en Afrique grâce principalement à Nollywood, vous voyez le potentiel de la culture.

On va en profiter pour parler des classes culturelles, à quand la rentrée ?

Le programme des classes culturelles est en cours. Et depuis que je suis revenu aux affaires, j’ai essayé de travailler sans désemparer. Ces jours-ci, nous venons de finaliser la sélection des encadreurs qui sera bientôt publiée. Après cela, il y a encore une ou deux étapes que nous devons conduire à terme pour qu’à la rentrée 2021, nous puissions assurément lancer les classes culturelles.

Quelle est la philosophie qui se cache derrière ces classes culturelles ?

La philosophie, c’est de pouvoir d’abord repérer les talents auprès de nos enfants dans les collèges. C’est de pouvoir également donner une initiation aux arts à nos enfants, la danse, la musique, le théâtre le chant, etc., pour que, de la même façon qu’il y a des cours de mathématiques, des cours de sports, qu’il puisse y avoir des cours d’art et les enfants choisiront en fonction de leur sensibilité et de leur intérêt.

Vous savez, la culture est quelque chose qui permet de réunir les hommes et de créer un sentiment d’un vivre-ensemble, d’un projet commun, d’un destin commun et même d’une nation. C’est tout cela que nous sommes en train de bâtir à travers le Programme d’actions du Gouvernement.

La culture c’est aussi la chaîne du livre. Quelle politique pour financer le livre au Bénin.

Je voudrais que vous reconnaissiez que nous avons relancé un certain nombre de choses dernièrement. Au mois de décembre, nous avons organisé le grand prix pour donner les prix littéraires et nous avons fait également le salon du livre. Il y a longtemps que les acteurs réclamaient cela. Le livre semble moins « sexy » que beaucoup d’autres choses parce qu’on dirait que c’est quelques sachants qui s’intéressent à la chose alors que c’est si important. Vous savez que celui qui est aujourd’hui le Directeur des arts et du livre, M. Koffi ATTEDE, est un connaisseur, un acteur de la chaîne du livre et de la lecture. C’est pour vous dire à quel point c’est essentiel et important pour nous. Nous avons donc des programmes spécifiques en la matière. Nous avons des projets qui ne sont pas dans les projets phares mais qui sont des projets du Ministère et qui sont assez importants pour pouvoir mieux aider nos acteurs de la chaîne du livre parce qu’il y a également des difficultés en la matière. Il ne s’agit pas pour chacun de se réveiller la nuit pour dire : j’ai une idée ; on va écrire deux ou trois lignes et on trouve un ami imprimeur, on imprime quelque chose et ça y est, je suis écrivain, je suis auteur. C’est beaucoup plus compliqué que ça. Il faut qu’on y arrive et cela va valoriser les vrais auteurs, les vrais écrivains et cela va permettre également de concentrer nos moyens sur ces quelques-uns et de créer une économie de l’édition. Les éditeurs, il y en a suffisamment mais pas suffisamment solides pour pouvoir prendre des risques. Normalement, c’est aux éditeurs de prendre des risques et les auteurs ne devraient pas écrire au Fonds des Arts et de la Culture pour demander à financer leur manuscrit. L’Etat peut aider à créer une économie de l’édition en aidant les maisons d’édition et à celles-ci, à leur tour, d’aider les auteurs, de repérer, de détecter et de révéler les auteurs. Nous allons remettre tout ça dans le bon sens pour qu’enfin nous ayons une vraie économie du livre au Bénin. Je voudrais profiter pour parler d’un projet de la danse et surtout de la danse contemporaine. Nous avons un projet dans ce sens avec notre compatriote, Mme Germaine ACOGNY qui est au Sénégal. Nous avons là également beaucoup de talents au Bénin. Et Dieu nous donnera l’énergie et le temps qu’il faut pour initier tout cela avec l’aide de la presse.

 

Transcription : Dir. Com/PR

SWEDD

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