Communales du 17 mai 2020: Pointage des grandes leçons politiques et défis de gouvernance

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Passées l’élection et la proclamation des résultats par la CENA, les trois partis éligibles à l’attribution des sièges sont connus. 820 sièges pour l’UP, 735 sièges pour le BR et 260 sièges pour la FCBE. Et conformément au code électoral, les conseils communaux et municipaux issus des élections du 17 mai dernier seront installés à partir du jeudi 28 mai 2020 par les préfets. Mais avant ces grands moments de démocratie locale tant attendus dans les 77 communes, le scrutin du 17 mai dernier est riche en enseignements et a le mérite d’ouvrir les perspectives en matière de gouvernance locale. D’abord, tous les observateurs s’accordent sur le fait qu’il faut se féliciter du bon déroulement du scrutin et du bon taux de participation dans un contexte de crise sanitaire liée au Covid-19. Les mesures innovantes prescrites par les autorités béninoises pour la période électorale ont produit des résultats et la propagation du virus n’a pu se faire. Ces mesures innovantes font d’ailleurs école dans d’autres pays notamment en France où fin juin prochain, le deuxième tour des communales se déroulera dans des conditions fortement inspirées par l’exemple béninois. Les officiels Français qui ont longtemps hésité ont fini par décider que l’élection ait lieu avec des mesures comme: éviter au maximum les rencontres avec les populations, prioriser les interventions dans les médias et sur les réseaux sociaux, dispositif de protection le jour du vote (masque, lavage des mains, distance de sécurité sanitaire).

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L’homogénéisation du paysage politique

Le scrutin du dimanche 17 mai dernier 2020 a été un tournant de  »mesure politique » pour les  partis concurrents. Il se présente aussi comme le crédit à une grande avancée en termes d’homogénéisation du paysage politique. Ce scrutin local, le premier de l’ère de la réforme du système partisan a consacré la fin de l’émiettement des partis politiques et des clubs électoraux. Deux maux qui enlevaient le souffle vital aux partis politiques devenus des entités dévitalisées avec son cortège de nuisances à la démocratie. La démocratie ce n’est pas le nombre de partis politiques qui se battent ou se disputent l’électorat, mais plutôt la qualité et la consistance de ces partis, les programmes qu’ils proposent aux populations. La preuve sur les cinq partis en lice, seulement trois ont reçu l’onction de l’électorat dans sa grande majorité. Et avec les trois grands  partis politiques UP, BR, FCBE, cette quatrième mandature des conseils communaux et municipaux va donner aux partis la possibilité d’administrer pleinement les mairies (beaucoup plus qu’avant) et d’en rendre compte aux électeurs. Et si ce vœu est devenu réalité aujourd’hui c’est bien en raison des réformes politiques effectuées courageusement; lesquelles réformes portent déjà leurs fruits. La règle des 10% de suffrages minimum exigée pour prendre part à la répartition des sièges a la vertu de clarifier le paysage et de promouvoir effectivement l’avènement de grands partis à influence véritablement nationale. Cette règle des 10% a éliminé les  partis comme le PRD et l’UDBN. Cette règle avant même le scrutin a dissuadé certains partis régionaux qui du coup se sont abstenus de se présenter, car convaincus de la piètre performance. Ainsi avec les résultats du scrutin du dimanche 17 mai, la vie politique devrait prochainement se structurer autour des 3 partis qui ont su tirer leur épingle du jeu. Et cette vision d’hégémonie des partis politiques a été très tôt le leitmotiv qui a conduit au rassemblement des forces soutenant le pouvoir en deux grands partis qui, aujourd’hui, disposent d’élus dans tous les départements. Une réalité qui rassure que le brassage interrégional toujours souhaité a commencé et devrait se renforcer au cours des années à venir. Ce qui concourt à la modernisation et à la maturation du processus démocratique. Face à cette dynamique, la nécessité pour les acteurs politiques qui s’emploient encore à entretenir de petits gadgets politiques juste pour satisfaire leur égo est devenue un impératif. Ces acteurs ont la possibilité soit de rejoindre les grands partis actuels suivant leur obédience (mouvance ou opposition), soit constituer de nouveaux grands blocs dans la perspective des futures élections. Car la démocratie béninoise a besoin des grands ensembles pour un paysage politique modernisé.

Désignation des maires et défis de gouvernance

La réforme du système partisan est actée et le Président de la République Patrice Talon n’entend tolérer me moindre acte de fragilisation de l’édifice. C’est pourquoi la ligne de conduite fixée par le Chef de l’État aux préfets, dans le cadre de l’installation des conseils communaux, est de respecter les textes en la matière. À cet effet, il s’agit d’éviter que, comme on a pu l’observer par le passé, les jeux politiciens conduisent à priver le parti disposant de la majorité absolue du droit de diriger la commune. Par le passé en effet, des dissensions ont été entretenues au sein de certains partis pour susciter des candidatures dissidentes, soutenues par des partis adverses. Le pouvoir en place usait de ces manœuvres pour fragiliser l’opposition. Désormais donc cela ne sera plus de mise car le président Patrice Talon tient à ce que les vertus de la réforme du système partisan soient éprouvées. Cela revient à dire que partout où le parti FCBE est en capacité de désigner tout seul le maire, il doit pouvoir le faire sans anicroche, et inversement pour les autres partis aussi. Le ton dans l’élection des maires est donné et le respect des textes sera strict. Passée cette étape, les questions de développement local seront au cœur de l’action publique. Ici, des défis attendent les prochains maires. Dans son ensemble, le Bénin connaît une belle dynamique de développement sous l’impulsion du Président Patrice Talon et de son gouvernement. Cette dynamique de développement qui repose sur une gouvernance rigoureuse ne doit pas être cassée à la base par des politiques approximatives de développement local. Les prochains maires devront définir des politiques audacieuses;  prendre les décisions salutaires,  oser les réformes salvatrices,  afficher un leadership conquérant qui s’inspire de ce qui est fait au niveau de l’État central. Des maires de la quatrième mandature de la décentralisation, il est attendu par exemple une lutte acharnée contre la corruption  afin de promouvoir la bonne gestion des ressources communales. Une offensive diplomatique communale pour la mobilisation des ressources extérieures, la promotion de l’Intercommunalité, la gestion participative, et autres sont attendues. C’est à ce prix que la réforme du système partisan produira des résultats pragmatiques touchant le quotidien des populations à la base.

E.A.

SWEDD

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