Audit à la mairie de Parakou: Charles Toko, bientôt abonné de la CRIET ?

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Au Bénin, depuis la proclamation des résultats des élections communales et les traditionnelles cérémonies d’installations des conseils communaux, les populations connaissent les 77 nouveaux maires. Dans la 8e circonscription électorale, une commune a été sous le feu de la rampe. Tant le statut de la ville intéressait à plus d’un titre, tant les enjeux liés à la gouvernance locale étaient des préoccupations majeures. La commune de Parakou puisque c’est d’elle qu’il s’agit a généré pendant la période électorale et post électorale des  »papiers » comme on le dit dans le jargon journalistique. Malmenés dans les urnes par le seul parti politique de l’opposition en lice le 17 mai dernier, les deux blocs politiques de la mouvance ont battu en retraite. Le parti FCBE a repris son influence sur la cité des Kobourou   laissant l’UP et le BR à la remorque. Charles Toko, le maire sortant, candidat à sa propre succession, n’a pu obtenir pour le compte de son parti Bloc Républicain le nombre de voix pour s’offrir une majorité absolue afin de rempiler. Une alternance politique s’est imposée dès lors après cette débâcle dans les urnes. Depuis quelques jours, Charles Toko n’est plus qu’un simple conseiller communal. Pour les six prochaines années, son titre honorifique d’ex-maire de Parakou lui collera bien à la peau. Mais, Charles Toko risque, a y voit de prêt, de ne pouvoir dormir sur ses lauriers dans sa position actuelle. Son successeur a semblé lancer les hostilités, il y a quelques jours à l’occasion de la passation de charges.

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Yaya annonce l’audit,  Toko peut être tourmenté 

Yaya Aboubacar est le nouveau maire de la ville de Parakou. Ce nom pourrait devenir, dans quelques mois, la source de l’insomnie de l’ex-maire Charles Toko. En effet, alors qu’il prenait la tête de la municipalité de Parakou, le nouveau Maire FCBE Aboubacar Yaya a ouvert une fenêtre sur la qualité de la gouvernance. Le nouveau maire veut voir clair dans la gestion de ses prédécesseurs. Dans son discours qui donne un aperçu sur ses priorités, Aboubacar Yaya fait savoir qu’un audit sera lancé bientôt sur la gestion des ressources de la municipalité de 2008 à 2020. Un cabinet international sera commis pour la cause, a également fait savoir le nouveau maire de Parakou. C’est justement cet audit qui pourrait devenir le cauchemar de l’ex-maire Charles Toko réduit depuis quelques jours à son simple rôle de conseiller municipal. Devenu maire de la ville de Parakou vers la fin de l’année 2016 suite à la destitution de Karimou Souradjou, Charles Toko a donc passé presque 4 ans au pouvoir. Pendant son mandat et honorant ses prérogatives de maire, il a porté les charges d’exécution des projets, de mobilisation des ressources, d’affectation de ressources et la gestion organisationnelle. Durant son mandat, Charles Toko avait la charge de disposer du patrimoine de la ville de Parakou. Sur chacune de ses actions, a-t-il été rationnel ? A-t-il fait les bons choix ? Les deniers publics ont-ils été préservés au mieux ou ont-ils fait objet de prévarication ou de détournement ? Quelle était la pertinence des projets définis, des coûts y afférents, la qualité de l’investissement et des travaux réalisés ? Le patrimoine de la ville a-t-il été bradé ou géré en toute opacité avec la complicité de la majorité des conseillers acquis à la cause de l’ex-maire Charles Toko ? Ce sont autant de questions que les  experts en audit tenteront d’élucider afin de produire un rapport accablant ou favorable pour ou contre les prédécesseurs du maire Aboubacar Yaya. Actuel Conseiller municipal, l’ex-maire Charles Toko pourrait se retrouver très vite dans la tourmente si l’audit révèle des  »fautes lourdes ou légères » dans sa gestion sur la période 2016-2020. Les rapports publiés sur la gestion des fonds FADeC il y a peu avaient fait grand bruit. Beaucoup de maires étaient accablés. Des audits successifs dans d’autres communes et notamment à Cotonou (sous le maire Lehady Soglo), ville avaient aussi révélé des  »anomalies dans la gouvernance locale’’. Même si, pour le moment, aucun soupçon de malversations financières et autres ne pèse sur l’ex-maire Charles Toko, il n’en demeure pas moins qu’aucune gestion n’est parfaite. La pratique usuelle des auditeurs consiste à interroger le modèle de passation des marchés publics, par exemple. Des connivences pourraient être identifiées entre les adjudicataires des marchés et le  maire. Des fonds mal affectés sur des projets ou vers des secteurs autres que ceux pour lesquelles ils ont été initialement destinés peuvent être constitutifs  de mauvaise gouvernance. Dans tous ces cas, l’ex-maire Charles Toko peut encore se retrouver dans le creux de la vague. Yaya Aboubacar est un maire de l’opposition. On peut s’attendre à ce qu’il ne lésine sur aucun détail au vu des enjeux politiques au conseil municipal. Les consignes qu’il donnera au cabinet d’audit international seront sans doute sèches. Si le rapport est accablant, on peut aussi s’attendre qu’il ne ménage pas l’ex-maire Charles Toko du Bloc Républicain surtout quand on sait que ce dernier a semblé jouer un  »rôle politique anti-Yaya » avant la désignation des maires. Le Président de la République Patrice Talon qui a donné la preuve de son aversion pour les actes de mauvaise gestion, de détournement, de corruption, etc., n’hésitera pas aussi à jeter dans les mailles de la CRIET, les maires accusés de détournement. Après son séjour dans le fauteuil de maire de la ville de Parakou,  Charles Toko peut ainsi devenir un gros client pour la CRIET. En attendant, d’être conforté par le rapport de l’audit sur la clarté de sa gestion, l’ex-maire Charles Toko, en homme avisé peut, discrètement chez lui, se mettre à préparer sa défense avec les pièces à conviction. La démarche de l’audition et du contradictoire étant des règles de base communes aux auditeurs.

Eudoxie Aklanty

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