Le dossier santé de cette semaine est consacré à l’anémie qui est souvent due à la baisse du taux d’hémoglobine dans le sang. Elle se manifeste par la souffrance des organes nobles qui commence par le manque d’oxygène. Dr Urbain Ahouayito revient ici sur les signes par lesquels on reconnait la gravité de la maladie.
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L’ANÉMIE : PERSONNES À RISQUE ET MESURES DE PRÉVENTION
Docteur Dodji Urbain AHOUAYITO, MD
– Diplôme d’Université en ‘’Méthodes et Pratiques en Épidémiologie’’ (ISPED/ Université de Bordeaux)
– Droit et Bioéthique (IRSP- CAQ/ Ouidah Bénin & Chaire UNESCO)
Qu’est-ce que l’anémie ?
L’anémie est connue au sens large du terme comme un manque ou une diminution du sang dans l’organisme. En fait, il s’agit scientifiquement de la baisse du taux d’hémoglobine dans le sang. L’hémoglobine étant ce constituant (hétéroprotéine) de couleur rouge contenue dans les hématies ou globules rouges qui leur donnent cette couleur. Elle contient une substance appelée ‘’hème’’ qui assure le transport de l’oxygène (oxyhémoglobine) du dioxyde de carbone (CO2). Pour parler de la diminution du taux d’hémoglobine, et donc de l’anémie, certaines normes ont été établies après plusieurs études. Ces normes varient en fonction du sexe et de l’âge et de l’état physiologique. Ainsi, le taux d’hémoglobine normal est compris entre 12 et 1g/dL chez l’homme et entre 11.5 et 14 chez la femme. Ces valeurs sont plus élevées chez les tout petits enfants pour commencer par diminuer progressivement avec l’âge avant de prendre celles sus citées.
Il faut noter qu’il y a des caractéristiques de l’anémie qui permettent d’orienter le clinicien dans la recherche de la cause. Ainsi, l’anémie peut être microcytaire (lorsque le Volume Globulaire Moyen –VGM– du globule rouge est basse) ou macrocytaire ; hypochrome (lorsque la concentration globulaire en hémoglobine basse appréciée par le Taux Corpusculaire Moyen en Hémoglobine –TCMH–) ou normochrome (lorsque la concentration globulaire en hémoglobine est normale).
Comment reconnaitre l’anémie ?
L’anémie se manifeste par la souffrance des organes nobles qui commencent par manquer d’oxygène. La révélation est en fonctions du contexte. Le signe capital qui fait suspecter fortement l’anémie est la pâleur des muqueuses palpébrales (vérifiées au niveau des yeux) et palmo-plantaire. Elle se traduit par ces muqueuses ou la paumes des mains qui sont toutes blanches, ce qui peut s’élargir à tout le corps (qui devient cyanosé) surtout chez les petits enfants. Ce qui permet que confirmer ce diagnostic est la réalisation d’une analyse sanguine que nous appelons : la Numération formule sanguine (NFS) ou, en fonction des moyens et de l’urgence, se limiter la réalisation du test du taux d’hémoglobine. En cas d’anémie, cet examen va montrer un taux d’hémoglobine inférieur à la valeur normale.
Les personnes présentant une anémie peuvent avoir les signes suivants :
– une fatigue ;
– un essoufflement au repos et à l’effort ;
– des vertiges ;
– des maux de tête ;
– une baisse de l’audition ou de la vue ;
– des frissons ;
– une pâleur des ongles et des lèvres ;
– un rythme cardiaque rapide ;
– des troubles digestifs (diarrhée ou constipation) ;
– des problèmes d’équilibre ;
– des difficultés à dormir ;
– des difficultés à se concentrer, à se souvenir, à lire ;
– un manque de motivation, d’entrain ;
– une baisse du désir sexuel (baisse de la libido) ;
– des difficultés à mener ses activités habituelles ;
– des difficultés à entretenir ses relations sociales ou familiales ;
– un épuisement physique, émotionnel ou psychologique.
L’avantage de réaliser la numération formule sanguine est la possibilité, avec elle, de typer l’anémie et d’orienter la recherche des causes. On pourra donc avoir une anémie microcytaire normochrome, microcytaire hypochrome, macrocytaire normochrome ou macrocytaire normochrome…
Signes de gravité
Les signes de gravités sont aussi, dans la plupart du temps, fonction du contexte ou de la maladie sous-jacente. Toutefois, une anémie, avec un taux d’hémoglobine inférieur à 07 g/dL est une urgence. Sur le plan clinique, quelle que soit la cause, une anémie, accompagnée de difficultés respiratoires, ou respiration très rapide ou avec un tirage intercostal ou sus-costal avec ou sans battement des ailes du nez est une urgence.
Les personnes à risque
– les femmes ayant des règles abondantes.
– les femmes enceintes ou qui allaitent, car elles sont plus à risque de carences nutritionnelles.
– les personnes dont l’hérédité les prédispose à l’anémie (les drépanocytaires).
– les personnes atteintes d’une maladie chronique, d’une maladie auto-immune ou d’un trouble gastro-intestinal (pouvant engendrer des hémorragies ou interférer avec l’absorption des nutriments).
– les personnes âgées, car l’absorption des vitamines peut être compromise.
– les personnes exposées à des radiations nucléaires ou qui ont reçu des traitements de radiothérapie contre le cancer.
– les personnes atteintes d’une infection virale grave, comme une hépatite ou le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Les causes
Les causes d’une anémie sont multiples et multiformes et définissent le type d’anémie. Sans faire la part des choses (pour ne pas être trop scientifique), nous pouvons énumérer certaines causes que nous qualifions de potentielles :
– les hémorragies,
– les infections
– le paludisme (qui est une grande cause de décès chez les enfants)
– la drépanocytose,
– l’ictère
– la carence en vit B9, en B12 ou en fer….
La prévention
La prévention passe avant tout par l’assiette car on peut prévenir l’anémie par des apports en protéines, en fer, en acide folique et en vitamine B12.
– Les aliments riches en fer : viande et abats c’est celui qui est le mieux absorbé par l’organisme mais on trouve également du fer dans des aliments végétaux même s’il n’est absorbé qu’à 10% ; il est présent dans les céréales, les amandes, les noisettes, fruits secs, pois, haricots. Les agrumes, kiwis, fraises ainsi que la vitamine C permettent de mieux assimiler le fer d’origine végétale.
– Les aliments riches en vitamines B12 : les aliments les plus riches sont le foie de veau, le poisson (poisson gras : maquereaux, harengs), les viandes en général, le lait et le jaune d’œuf.
– Les aliments riches en folates (vitamine B9) : les folates sont essentiellement présents dans la betterave, le chou, les épinards, les haricots verts, la laitue et les petits pois mais aussi dans les carottes, le concombre, le navet, la pomme de terre, la viande et le poisson.
Traitement
Il faut noter qu’une anémie ne nécessite pas de prendre du fer, il faut d’abord déterminer la cause. Dans certains cas, prendre du fer sans connaître la cause peut être dangereux.
