Présidentielle 2021 : la thérapie que propose Théodore Holo
L’ancien président de la Cour Constitutionnelle est sorti une nouvelle fois de son mutisme. Cette fois-ci Théodore Holo propose une thérapie afin de garantir une présidentielle paisible.
Ci-dessous, l’intégralité de son message
L’atmosphère n’est pas reluisante au Bénin. À quelques semaines de l’organisation de l’élection présidentielle dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, un horizon de division, de contestation se dégage clairement. Dans un moment pareil, le professeur Théodore Holo apporte sa pierre à l’édifice dans l’optique de la préservation de la paix, de la stabilité des institutions et de la légitimité des gouvernants. Pour l’ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, cela ne fait objet d’aucun doute. << La diversité féconde et stimulante d’opinions >> est la garante du rayonnement de la société et donc de sa démocratie.
Malheureusement, le professeur Holo constate l’absence de cette diversité qui devrait se manifester à travers l’Assemblée nationale qui, au Bénin, ne composent que seuls des députés acquis à la cause du chef de l’État Patrice Talon. C’est cette même Assemblée nationale qui a procédé à la révision unilatérale de la Constitution du Bénin et au vote des lois objet de querelles depuis 2019 dans la République. L’ancien président de la Cour constitutionnelle rappelle donc que le consensus qui a instauré la Constitution souveraine de 1990 doit être de mise avant toute action. Il en appelle alors au l’esprit critique et au sens de responsabilité puis au dialogue dans le respect de l’autre << pour éviter le pire aujourd’hui et demain >>.
Depuis quelques jours, ce haut cadre de la République ne cesse de tirer la sonnette d’alarme face à une situation devant laquelle les dirigeants foncent la tête baissée. Le rôle de l’intellectuel doit être joué pour l’intérêt général. Professeur Théodore Holo a joué le sien.
À partir de ses connaissances, le rôle de l’intellectuel est d’exercer sa pensée critique pour le progrès de la science et de son environnement. La léthargie et la sclérose s’installent quand disparaît le droit à la critique. Le rayonnement de toute société est fonction de la diversité féconde et stimulante des opinions de ses membres et en démocratie, l’organe par excellence d’expression de cette diversité est le Parlement où cohabitent nécessairement une majorité et une opposition, l’une appelée à devenir l’autre par la volonté du peuple souverain nourri de la qualité des débats contradictoires. La Constitution étant le pacte fondateur, le socle de notre volonté de vivre ensemble pour plus de liberté, de sécurité, de justice et de bien-être ne peut résulter que d’un consensus dégagé de nos échanges.
Ce consensus mis en œuvre à la Conférence nationale souveraine, respecté lors de l’adoption de la Constitution de 1990 après des séances de vulgarisation de l’avant-projet, a été rappelé par la Cour constitutionnelle en 2006 qui l’a érigé en principe à valeur constitutionnelle désormais intégré à notre bloc de constutionnalité. Le consensus nous a permis alors de préserver la paix sociale et la cohésion nationale, d’assurer la stabilité des institutions et de garantir la légitimité des gouvernants. En rompant avec ce principe essentiel de notre vivre ensemble nous ouvrons malheureusement la boîte de Pandore. Il importe que s’exercent notre esprit critique et notre sens de responsabilité pour nous éviter le pire aujourd’hui et demain. Les conflits se résolvent durablement, non pas sur un champ de bataille, mais autour d’une table de négociation dans le respect de la dignité de chacun.
Telle fut la leçon de la Conférence nationale souveraine de 1990 qui a permis de passer sans effusion de sang d’un régime militaro-marxiste à un régime libéral sans humilier les responsables du PRPB ni magifier les acteurs de la transition, chaque camp a pu participer sans entraves aux élections législatives et présidentielle de 1991. Depuis, malgré nos divergences et antagonismes, la paix a été préservée donnant la preuve que la démocratie est, non seulement, la gestion pacifique des contradictions inhérentes à tout société, mais aussi, la faculté pour chaque citoyen d’être alternativement gouvernant et gouverné.
Pr. Théodore HOLO
Paris 02 février 2021