Échec pour la classe politique béninoise : les tares relevées dans une tribune par Bonaventure Fandohan

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Gérer la cacophonie des ambitions, un échec pour la classe politique béninoise ? Tel est le titre de la tribune de Bonaventure Fandohan, qui analyse un certain nombre de logiques qui ont contribué à l’échec de la classe politique béninoise, versatile et parfois sans véritables ambitions.

Ci-dessous la tribune

Gérer la cacophonie des ambitions, un échec pour la classe politique béninoise ?

Depuis la Conférence des Forces Vives de la Nation de 1990, un fait ou une attitude s’est ancré dans la mentalité commune des hommes politiques béninois : l’individualisme. D’ailleurs, comparant la France au Dahomey, Emmanuel Mounier disait déjà de l’intelligence du Dahoméen d’hier « Comme la nôtre, elle a son revers : un individualisme accusé, qui parfois laisse à redouter les pires divisions. D’homme à homme, de ville à ville, de pays à pays, ce petit pays heureux est prêt à se déchirer ».

Certains appellent ce comportement la « mesquinerie », d’autres « la méchanceté ». Pour ma part, l’individualisme et l’égocentrisme sont des phénomènes si profondément enfouis dans l’esprit de l’homme politique béninois et résistants au temps que même « l’homme de la Rupture » ne pourra point les endiguer.

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La plus grande difficulté de la démocratie béninoise reste et restera les dix prochaines années le fait que l’homme béninois pense que rien ne peut être fait « sans lui ». Cela peut s’illustrer par un certain nombre de faits notamment celui qu’aucun parti politique béninois n’a pu faire élire un président sans le soutien d’une coalition de partis et de personnalités négociant « leur part du gâteau ».

Aussi l’histoire nous a-t-elle appris que les partis –aussi bien petits que grands– finissaient toujours par disparaître sous le coup de la division ; tous sans exception ont subi ce sort inéluctable en dehors du PRD de Adrien Houngbedji qui continue de faire un effort pour ne pas céder à la pression des réformes de la Rupture.

Les évènements les plus récents prouvent que l’individualisme qui caractérise le politicien béninois a la peau dure et que les réformes du système partisan auront des difficultés à réduire son impact sur la vie politique du Bénin ainsi que sur le développement socio-économique et culturel du pays. Les discussions aboutissant à la sélection et à l’échec du consensus chez Les Démocrates (LD) montrent l’envergure du problème.

De même la difficulté du choix entre Robert Gbian et Sacca Lafia pour le poste de vice-présidence au sein de la mouvance n’est pas de nature à conforter les amis de la Rupture qui ont dû laisser à Patrice Talon le soin de faire son choix en éliminant « les égos » qui pourraient impacter négativement son éventuel futur quinquennat. Talon est arrivé à tirer son épingle du jeu pour cette élection, mais il sait que le problème est très sérieux.

Même les réformes et les cinq prochaines années éprouveront de grandes difficultés pour enrayer ce mal qui avait fait à un certain moment du Dahomey « le monstre à trois têtes » et continue de suivre le Bénin même après soixante années d’indépendance.
Il faudra donc attendre et espérer. Les années à venir nous diront à coup sûr si la pilule des réformes est à la mesure du mal qui a tant gangréné notre existence.

Bonaventure Fandohan, socio-économiste, spécialiste des questions de politiques d’inclusion

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