Financement des économies africaines: le Bénin était le seul à faire cette proposition selon Wadagni

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Comme annoncé le sommet sur le financement des économies africaines a eu lieu le mardi 18 mai dernier. Il aura tenu toutes ses promesses avec la présence effective des chefs d’États africains convoqués par la France. Le Ministre de l’Économie et des Finances du Bénin qui a remarquablement pris part aux travaux s’est prêté aux questions des journalistes de RFI à travers une brillante interview.

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Romuald Wadagni a fait remarquer que la tenue de ce sommet donne raison au Président Patrice Talon dont la proposition au début de la crise sanitaire vient ainsi d’être adoubé. C’est dire que la recette Talon a visiblement convaincu les dirigeants africains et autres responsables d’institutions financières internationales. Puisque ces derniers lors du sommet ont exprimé le souhait que le Fonds monétaire international (Fmi) débloque une centaine de milliards de dollars pour l’Afrique sous forme de Droit de Tirages Spéciaux (DTS).

Ce qui amène le ministre Romuald Wadagni a expliquer qu’il s’agit pas d’un vœu pieu comme le pensent ses interlocuteurs. << Pour nous il ne s’agit pas d’un voeu pieu parce qu’en réalité, cette proposition d’avoir des ressources nouvelles est celle que le Bénin par la voix du Président Patrice Talon a défendu dès avril 2020 lorsqu’il a envoyé une note à l’ensemble des dirigeants du G20 ainsi qu’aux dirigeants des institutions internationales telle que le FMI proposant trois solutions dont la première étant l’utilisation de DTS pour fournir des ressources nouvelles à nos pays. Je rappelle également que le Fonds Monétaire International estime que les besoins d’urgence pour l’Afrique d’ici 2025 s’élèvent à quelques 285 milliards de dollars. Donc, espérer 100 milliards sur un besoin de 285 n’est pas un vœu pieu puisque nous savons très bien que le montant prévu à être débloqué au titre des DTS aujourd’hui est de l’ordre de 650 milliards >> a déclaré Romuald Wadagni confiant de ce que la solidarité internationale se manifeste de nos jours par la capacité de ce qu’un pays de pouvoir donner leur quota de DTS à d’autres pays.

L’argentier béninois pense que même si les Etats-Unis n’ont pas encore dit oui, comme la France, c’est déjà une partie de la bataille a été gagnée. << parce que, rappelez-vous encore, en avril 2020 quand le président Patrice Talon a demandé de réfléchir dans le sens d’attribution d’allocation nouvelle de DTS, on était les seuls, le Bénin était le seul à faire ça. Aujourd’hui qu’il y ait unanimité autour de cette position, c’est déjà une bonne nouvelle et nous sommes convaincus que les pays suivront la proposition française d’aller vers cette allocation >> s’est-il réjouit montrant l’importance de cette proposition du Bénin qui aujourd’hui fait l’unanimité des autres pays africains.

Quid d’un moratoire sur le remboursement de la dette du Bénin

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Le moratoire de la dette n’est pas une priorité pour le Bénin, selon Romuald Wadagni. À l’en croire, la logique du Bénin a toujours été de dire que quand on a acquis durement une crédibilité sur la place des marchés en période de crise, le premier réflexe c’est de s’assurer d’avoir les capacités d’honorer ses engagements. Et donc, pour le ministre de l’économie et des finances, toutes les solutions qui permettent au pays d’avoir des ressources nouvelles pour honorer les engagements doivent être privilégiées. << C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’initiative d’émission de DTS. Cela dit, il y a des pays qui ont des situations particulières et qui nécessitent de s’asseoir avec les prêteurs, les bailleurs pour renégocier, rééchelonner les dettes. Ces situations peuvent exister et nul ne saurait s’opposer à ces situations. Mais par principe, s’il est possible de trouver des solutions pour avoir de la trésorerie nouvelle, et être en mesure de toujours honorer ses engagements, il est préférable de partir dans cette direction parce que c’est la direction qui permet de préserver la signature, la crédibilité et la capacité à retourner sur le marché >> a-t-il précisé.

Par rapport à la déclaration du Ministre Français de l’économie, Bruno Le Maire qui a dit « pour régler la question du surendettement des pays africains il faut que les gens payent les impôts. Quand vous avez 60% de dette mais seulement 5% de recettes fiscales vous n’arrivez pas à rembourser cette dette », l’argentier béninois pense qu’en matière d’endettement le premier point c’est de faire des efforts nécessaires pour accroître ses capacités de mobilisation de recettes internes. Et les réformes pour moderniser les régies, limiter la corruption, les déperditions sur la chaîne de collecte des recettes publiques, faire tous les efforts pour réduire le poids de l’informel et élargir la base fiscale.

<< Çà, nos pays sont engagés dans ces différentes réformes et c’est plus nous encaissons, plus nous engrangeons de ressources propres, plus la capacité d’avoir accès au financement extérieur est grande. Maintenant, s’agissant de la dette, je pense que pour construire une route qui a une durée de vie de 30 ans à 40 ans il est impensable que l’on aille s’endetter à 5 voire 7 ans à des taux de 10%. C’est ce qu’on voit dans quelques pays. Parce que la pression de la population est là pour que l’investissement se réalise >> a soutenu le ministre béninois.

Selon lui, il vaut mieux aller emprunter long et rechercher des financements très longs. << Vous avez beau avoir un investissement qui est nécessaire pour la population, si on masque cet investissement vous aurez une dette de mauvaise qualité qui pourrait poser des problèmes de soutenabilité. Le deuxième élément qui est fondamental c’est que j’arrive à mobiliser des ressources avec une cohérence entre la durée de l’investissement et du projet mais j’ai une mauvaise gouvernance dans l’exécution du projet et donc ça veut dire qu’il faut également continuer les efforts pour plus de transparence dans les procédures de passation de marché et dans toute la gouvernance qui entoure l’exécution des projets financés par les ressources >> a conclu Romuald Wadagni.

Abbas T.

SWEDD

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