Garde à vue de Maître Enoch Chadaré au détour de l’affaire 2,5 tonnes de cocaïne/CRIET : le PS Mario Mètonou démonte l’argument d’une violence sur l’avocat

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(Séverin Quenum relève un couac dans la décision de boycott des audiences par les avocats)

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L’Ordre des avocats du barreau du Bénin est mécontent. Ce collège d’hommes en toge l’exprime d’ailleurs à travers un boycott de toutes les audiences devant toutes les juridictions sur l’ensemble du territoire national du lundi 8 au mercredi 10 novembre 2021. Le motif : interpellation et placement en garde à vue de Maître Enoch Chadaré au détour d’une affaire de découverte de 2,575 tonnes de cocaïne dans un entrepôt sis au PK10 dans la commune de Sèmè Podji. Alors que l’ordre des avocats dénonce une violation des textes et une atteinte à l’honorabilité de la profession d’avocat, le Procureur Spécial de la Cour de Répression des Infractions économiques et du Terrorisme (Criet), Mario Mètonou a donné de la voix pour clarifier les contours de cette affaire et mettre fin à la polémique. Les faits, objets de la fronde des avocats remontent au mois de septembre dernier. « Le mercredi 29 septembre 2021, un peu après quinze heures, les agents de la police républicaine qui venaient de découvrir 2,575 tonnes de cocaïne dans un entrepôt sis au PK10 route de Porto-Novo ont fait venir sur les lieux, le propriétaire dudit entrepôt aux fins d’identification et de constatations contradictoires. Ce dernier s’est présenté sur les lieux à bord de son véhicule et avait en sa possession tous ses téléphones portables étant entendu qu’en ce moment-là il n’était pas encore en état d’arrestation. Ayant reçu des informations très précises sur les propriétaires de la cargaison : un cartel très violent aux méthodes expéditives, j’ai ordonné la mise en place d’un double cordon de sécurité autour des lieux», a rappelé le Procureur Spécial de la CRIET. Sur les lieux, précise Mario Mètonou, l’équipe a été renforcée par des militaires armés en raison de la crainte légitime suscitée par ce cartel, mais aussi en raison de ce que plus tôt dans la journée, le groupe avait dépêché à deux reprises des individus sur les lieux avec de fortes sommes d’argent pour tenter de corrompre les agents en charge de l’enquête. « Le premier émissaire s’est présenté avec quinze millions (15 000 000) francs CFA, le second avec vingt-six millions (26 000 000) francs CFA. Les offres ayant été rejetées et les émissaires interpellés, il était à craindre une réaction violente de la part des propriétaires de cette énorme quantité de drogue.», lit-on dans la déclaration de presse du Procureur Spécial de la Criet. Selon Mario Mètonou, « c’est dans ce contexte que le chef de l’équipe d’intervention a aperçu au loin un individu en pleine altercation avec ses hommes. Celui-ci venait de franchir le premier cordon de sécurité et forçait le deuxième en dépit de l’opposition des forces de l’ordre. Le chef d’équipe s’est rapproché de lui pour lui signifier qu’il ne pouvait rester sur les lieux. Pour toute réponse, il lui a opposé une violence d’abord verbale, puis physique. L’intéressé soutenait qu’il était conseil juridique du propriétaire de l’entrepôt et avait à ce titre le droit d’être sur les lieux. Il a été sorti du périmètre de sécurité ». Curieusement, poursuit le Procureur Spécial, une fois près de son véhicule, l’intéressé qui se révélera plus tard être Maître Enoch Chadaré, a entrepris de filmer l’opération en cours. « Cette attitude a achevé de semer le doute sur ses réelles motivations, ce d’autant plus que celui qu’il prétendait assister et qui à cette hauteur de la procédure n’était même pas encore interpelé, avait formellement indiqué n’avoir sollicité les services d’aucun avocat. C’est ainsi qu’il a été conduit au commissariat d’Ekpè pour les besoins de l’enquête. Saisi téléphoniquement ce même jour par Maître Michel Ahoumenou, j’ai su que la personne en cause était un avocat en l’occurrence Maître Enoch Chadaré. J’ai ordonné qu’il soit mis sous convocation pour la suite de l’enquête. Ce qui a été fait dès la fin des opérations d’identification et de sécurisation de l’entrepôt», a expliqué le Procureur Spécial Mario Mètonou. À l’en croire, depuis son départ, Maître Enoch Chadaré n’a jamais répondu à la convocation qui lui avait été remise pour le 4 octobre 2021. Or, rappelle le Procureur Spécial, le chef de l’équipe d’intervention a formellement déposé plainte contre maître Enoch Chadaré et a été entendu sur procès-verbal d’enquête régulier. La procédure suit d’ailleurs son cours. Par ailleurs, Mario Mètonou précise que tant à l’enquête préliminaire que depuis l’ouverture de l’information judiciaire, Maitre Enoch Chadaré ne s’est pas constitué aux côtés de celui qu’il prétendait assister le jour des faits. « Il semble avoir été plutôt dépêché sur les lieux par le sieur Philippe Assah dont il est le conseil habituel. Ce dernier est activement recherché dans le cadre de la récente enquête relative à la découverte d’une nouvelle cargaison de 780 kilogrammes de cocaïne qui paraît avoir un lien avec la première saisie de 2,575 Tonnes», a dit pour conclure le Procureur Spécial de la Cour de Répression des Infractions économiques et du Terrorisme (Criet). Il en résulte que les violences supposées exercées sur Maître Enoch Chadaré telles que dénoncées par l’Ordre des avocats du Bénin sont étrangères de la hiérarchie judiciaire ayant supervisé l’affaire des 2,5 tonnes de cocaïne. Dans la même veine, l’Exécutif béninois par la voix du ministre de la Justice, Séverin Quenum a réagi ce mardi 9 novembre. Selon le Garde des Sceaux, le boycott des audiences décidé par les avocats est de nature à perturber le bon fonctionnement du service public de la justice. À mot à peine voilé, le ministre de la Justice regrette cette décision de boycott prise par l’ordre des avocats du barreau du Bénin sans aucune concertation préalable avec sa chancellerie sur les préoccupations qui la motivent. Par ailleurs, le ministre de la Justice rassure les justiciables des dispositions prises afin d’assurer le fonctionnement continu du service public de la justice. Le gouvernement béninois réaffirme par ailleurs son engagement à lutter contre la criminalité transnationale organisée conformément aux lois et règlements en vigueur.
R. H.

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