Exposition collective à l’espace artistique ‘’Le Centre’’: « Kàn xoxo nù », entre tradition et modernité
L’espace artistique et culturel ‘’Le Centre’’ a repris ses activités en ce mois de janvier 2022 à travers une exposition d’œuvres qui allient tradition et contemporanéité. Le vernissage de ladite exposition s’est déroulé le 21 janvier 2022 en présence d’artistes, d’acteurs culturels, des usagers du centre et autres visiteurs et ce, dans le strict respect des mesures barrières liées à la Covid.
Pour relancer ses activités réduites depuis plusieurs mois à cause du contexte pandémique et des mesures gouvernementales, l’équipe du ‘’Centre’’ a décidé de présenter au public une nouvelle exposition intitulée « Kàn xoxo nù » qui signifie « c’est au bout de l’ancienne corde ». Avec des œuvres issues de sa collection et quelques productions récentes d’artistes invités pour l’occasion, cette exposition présente des univers visuels traditionnels et modernes à travers divers médiums comme la photographie, le dessin, la sculpture et la vidéo. Chaque artiste a, de son point de vue, essayé de matérialiser sa conception des liens entre tradition et contemporanéité. Audace Aziakou, Sébastien Boko, Éric Bottero, Catherine de Clippel, Asquith Cortex S., Uche James Iroha, Yvon Ngassam, Nazanin Pouyandeh et Sarah Trouche sont les artistes dont les œuvres sont exposées dans le cadre de cette exposition prévue pour se tenir du 21 janvier au 20 mars 2022.
Dans la première salle d’exposition cohabitent les photographies de : Catherine de Clippel essentiellement axées sur le culte vodoun, mais prises à diverses époques et celles de Uche James Iroha qui présentent des modèles en tenues traditionnelles, mais photographiés dans un environnement moderne puis les sculptures de casque-moto et vidéo de Yvon Ngassam qui créent un dialogue entre les masques guélèdè et les zémidjan. La deuxième salle, quant à elle, présente les œuvres des artistes Éric Bottero, Nazanin Pouyandeh et Asquith Cortex S. Les œuvres d’Asquith Cortex S. mettent en superposition deux univers. Son œuvre Doto gbo azon tché de la série « Infirmière » est un dialogue entre médecine moderne et traditionnelle. Tout comme lui, Eric Bottero s’intéresse aussi à la médecine en illustrant « une interprétation onirique des croyances du vodoun et une allégorie du monde du Big Pharma » à travers l’installation Pharmacie vodoun/sérum. À travers une peinture sur toile, Nazanin Pouyandeh présente à la fois des modèles, mais aussi des objets symboliques qui font échos à la culture africaine.
Axées sur les masques Egungun, les œuvres de Sébastien Boko et Audace Aziakou sont exposées dans la troisième salle d’exposition. Les photographies d’Audace Aziakou révèlent le volet esthétique des masques Egungun. « Tout le monde ne voit pas souvent ce côté. On est souvent fixé sur la danse, tout ce qui est cérémonie, etc. Mais il y a le savoir-faire que les artisans apportent généralement à ces masques qu’on ne perçoit pas », a-t-il expliqué. Issue de la série « Terre », la sculpture L’habitat de l’invisible s’inspire de la forme des costumes Egungun dont Sébastien Boko supprime de nombreux éléments pour ne laisser place qu’à l’esprit. Dans la dernière salle, la tenture contemporaine Feminist Tapistery et une vidéo issues du corpus d’œuvres Didé de Sarah Trouche dialoguent avec une tenture traditionnelle de l’Atelier Yèmadjè datant du début du XXe siècle intitulée Nu ta do nu min.
Selon les explications de Marion Hamard, directrice générale du ‘’Centre’’, la question de la tradition a souvent été abordée par les artistes en résidence : soit d’un point de vue intellectuel, philosophique et/ou plastique. « L’idée est de commencer l’année par la présentation de ces œuvres de notre collection qui racontent des fragments de notre histoire et qui sont en lien avec quelques productions récentes des artistes invités tels que Asquith Cortex S., Audace Aziakou et Sébastien Boko», a fait savoir la directrice du Centre. À l’en croire, le plus important pour Le Centre, c’est de pérenniser les actions initiées depuis des années au profit des jeunes artistes.
Louis Tossavi