Mafia foncière dans la commune de Toffo: des vautours ruinent l’État central, 600 ha volés

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(La prompte réaction de Talon souhaitée pour préserver l’intérêt public)

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Le Bénin, pays d’Afrique de l’Ouest, reconnu pour ses progrès fulgurants en matière de développement ces dernières années, est-il aussi l’asile des délinquants et autres criminels ? En dépit de la traque lancée par le Président Patrice Talon depuis avril 2016 contre les faussaires, il y a bien des faits qui pousseraient le citoyen lambda à répondre par l’affirmative à la question sus évoquée.

Dans la branche de la gestion des ressources foncières, les citoyens sont victimes d’une mafia foncière. Pire, l’État central lui-même est aussi victime des grosses manœuvres de ces criminels fonciers qui opèrent partout sur le territoire national. Selon les informations issues d’une investigation menée pendant des semaines par notre rédaction, un domaine de plus de 600 hectares sis dans la commune de Toffo et appartenant à l’État central a été bradé par les criminels fonciers. Le domaine en question est entré dans le patrimoine de l’État depuis l’époque de la première décennie post indépendance. Nous sommes à Agbotagon dans l’arrondissement de Damè, commune de Toffo dans le département de l’Atlantique. Dans cette localité, les intérêts de l’État central sont foulés aux pieds par des criminels fonciers qui n’ont que faire des textes réglementaires de la République. En effet, en 1967 et plus précisément le 31 août, l’ancien Président de la République feu Christophe Soglo a cosigné le décret N°289 PR/MDRC/SNDR déterminant le périmètre de mise en valeur de Agbotagon et fixant la consistance des travaux avec son ministre de l’agriculture. Ce décret prévoit au dernier alinéa de son article 2 qu’un périmètre de près de 1600 hectares de même que les travaux qui y sont menés sont déclarés d’utilité publique. Ce vaste domaine est réparti comme suit : la plantation de 630 hectares de palmeraie sélectionnés ; la création de pistes de desserte internes d’une emprise de 12 mètres ; la création d’un bloc de cultures vivrières de 600 hectares ; le reboisement de 130 hectares ; la création d’une zone d’extension du village. Ainsi, en application du décret présidentiel, du 17 avril 1968 au 28 avril 1968, il y a eu des plantations de palmiers sur le domaine. Après ça, l’arrêté N°211/MDRC/D-COOP portant création de la coopérative de Agbotagon a été pris par le ministre de l’Agriculture. Cet arrêté datant du 28 décembre 1970 est venu faire la répartition des choses. Selon nos informations dûment attestées par une documentation crédible, l’État avait constitué un capital social de 36.900.000F en son temps pour les besoins de cause. En dépit de tout, des individus ont pris le domaine comme une propriété privée.

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Le plus gros crime foncier du Dahomey au Bénin…

À Agbotagon dans l’arrondissement de Damè, l’État central a été simplement volé. Ce vaste domaine de plus de 600 hectares a été morcelé et mis en vente par des criminels fonciers au grand dam de l’État. Mais qui sont-ils, ces criminels fonciers plus forts que l’État ? Ou alors, est-ce l’État qui serait devenu faible à tel point de laisser des délinquants s’emparer de ses biens sans broncher ? Ou enfin, l’État lui-même ne sait-il pas qu’il est victime de vol ? Quoi qu’il en soit, le décret présidentiel et les arrêtés ministériels sus évoqués, et qui ont déclaré d’utilité publique les 1600 hectares ainsi que les travaux qui s’y mènent n’ont pas suffi pour dissuader les criminels fonciers. Cinquante-cinq (55) ans après la signature de ce décret, l’État n’a plus ses droits de propriété sur l’ensemble des 1600 hectares situés à Agbotagon. Les résultats de notre investigation sont clairs. Il a été malheureusement constaté la vente de plus de 600 hectares dans ce périmètre déclaré d’utilité publique. La zone vendue est appelée Zone de culture annuelle (ZOCA) où il a été pourtant interdit d’entreprendre une culture pérenne. Mais qui sont ceux qui sont les acquéreurs de ces plus de 600 hectares amputés des 1600 hectares ? Pour répondre à cette question, l’équipe d’investigation du journal Le Potentiel s’est rendue plusieurs fois sur les lieux avec des constats affligeants. De nos recoupements, il ressort qu’une partie énorme du domaine bazardé a été achetée par les enfants et épouses d’un des anciens présidents de la coopérative d’aménagement rural (CAR) de Agbotagon. Aussi, est-il apparu que les acquéreurs dans leur grande majorité ne sont détenteurs d’aucun titre de propriété. Ces acquéreurs ne disposent même pas de convention. Certains ont de simples décharges. Pour ceux qui affirment détenir des conventions, il a été impossible pour notre équipe d’enquête de vérifier ces propos. Ces acquéreurs ayant refusé de nous fournir ces pièces. Au fond, le dossier sort de l’entendement. Ce crime foncier laisse sans voix et montre que les criminels fonciers ont atteint des dimensions incroyables dans leur forfaiture. Sinon, comme oser voler plus de 600 hectares à l’État central. Les détournements de fonds publics devenus monnaie courante ne sont plus le crime le plus grave au Bénin. Ils sont désormais remplacés par le vol de terre appartenant à l’État central lui-même. Aussi comique que cela puisse paraître, le fait est grave. Le courage sur lequel ces criminels ont bâti leur vol de terre à l’État cryogénise même les esprits les plus vifs. Sans commune mesure, les acquéreurs du vaste domaine bradé ont même érigé des temples de divinités sur les parcelles. Et là-dessus, l’État central a tout intérêt à sortir le grand jeu le plus rapidement que possible afin de rétablir son autorité sur le domaine. La passivité ne peut être de mise dans ce dossier. Le Chef de l’État Patrice Talon qui est sur la première ligne au front de la lutte contre les faussaires devra donner le ton pour que toute la puissance publique se déploie pour préserver l’intérêt public. Il s’agira de tout faire pour remettre dans le patrimoine de l’État les plus de 600 hectares bradés à Agbotagon. Le ministre de l’Agriculture ainsi que le préfet de l’Atlantique devront actionner le mécanisme aussi bien pour un contrôle général du fonctionnement des CAR, mais aussi pour que les occupants illégaux de ce domaine répondent de leur acte. Auteurs, complices et bénéficiaires de ce gros crime foncier devront être traduits devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) pour subir la rigueur de la loi. Ce qu’ils ont fait est préjudiciable à l’État, et donc à nous tous. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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