Santé sexuelle et reproductive de la femme au Bénin: IPAS et AJJB éclairent les étudiants sur le cadre juridique

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Repousser les barrières sociales et religieuses qui empêchent l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive des femmes et des jeunes filles est une affaire de tous. Convaincue qu’aucune force ne serait de trop pour atteindre cet idéal, l’Association des Jeunes Juristes du Bénin (Ajjb) avec l’appui technique et financier de IPAS Afrique Francophone a mobilisé une quarantaine d’étudiants afin de les sensibiliser sur le cadre juridique des droits de la santé sexuelle et reproductive au Bénin. C’était à Bénin Royal Hôtel à Cotonou ce 7 décembre 2022.

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Le cadre juridique des droits de la santé sexuelle et reproductive est impopulaire et méconnu au Bénin. Pourtant, nul ne doit se prévaloir de la méconnaissance d’une loi, quand bien même il en est le bénéficiaire privilégié. Il va donc de soi que quelqu’un se charge de sa vulgarisation non seulement pour le devoir d’informer, mais surtout pour avertir et aguerrir toutes les couches sociales concernées. En endossant cette lourde responsabilité vis-à-vis des jeunes étudiants de l’Université d’Abomey Calavi, l’Ajjb et Ipas Afrique Francophone veulent faire de ceux-ci des relais au sein de leur communauté respective, car « la recrudescence des violences sexuelles sur les mineurs, la survenance des grossesses non désirées les avortements clandestins et les conséquences tragiques qui s’en suivent dans la plupart des cas préoccupent chaque acteur de la société. », va préciser Adam Issiakou, président de l’Association.

Faire connaître le droit pour « lutter contre la mort »

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A cause des pesanteurs sociales, culturelles et religieuses, la loi 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et de la reproduction est très décriée et soupçonnée à tort de légaliser l’avortement. À celle-ci s’ajoute la loi 2021-11 du 20 décembre 2021 relative aux infractions commises à raison du sexe qui lutte contre tout type de harcèlement. Ces textes juridiques méconnus et voire mal interprétés bénéficient pourtant selon Dr Raphaël Totonon, épidémiologiste et l’un des communicateurs de la séance, d’une base constitutionnelle (article 2 et 9 de la constitution) et sont en cohérence avec le Programme d’action du gouvernement, et les engagements de l’État à l’international (ODD3 et ratification du Protocole de Maputo).
Par ailleurs le spécialiste en santé publique souligne que contrairement aux raisons qui suscitent les oppositions à ces lois et plus particulièrement à celle qui élargit les conditions d’accès à l’avortement sécurisé, il est question de « lutter contre la mort ». Et pour cause, l’avortement clandestin constitue la troisième cause de décès maternel après les hémorragies et l’éclampsie puerpérale. Les insuffisances nées de l’application de la loi de 2003 ont révélé que moins de 20 % des porteuses de grossesses non désirées ont réellement accès à l’avortement médicalisé, ce qui oblige le reste à opter pour des voies qui mettent en danger leur santé et leur vie.
De plus, à moins d’une décennie de l’échéance des ODD des Nations unies, le Bénin connaît un taux de mortalité maternelle qui se situe à 391 décès sur 100 000 naissances vivantes (Enquête de démographie et de santé 2018) alors que l’objectif cible est de 70 décès pour le même nombre de naissances. Il existe encore un grand gap à rattraper.

Des étudiants désormais mieux outillés prêts à poursuivre la sensibilisation

Sur trois cents candidatures reçues par l’Ajjb pour participer à cette sensibilisation une quarantaine a été sélectionnée pour l’étape de Cotonou. Après deux communications et des échanges très nourris qui témoignent du grand intérêt des participants pour la thématique, l‘Ajjb et Ipas Afrique Francophone peut se satisfaire du succès que sa démarche a suscité.
Les participants quant à eux sont surpris de la richesse et de la profondeur du cadre juridique de la santé sexuelle et reproductive au Bénin. Ils sont surtout admiratifs de l’initiative qui leur a permis de sortir de la confusion qui se crée autour de l’interprétation de ces textes de loi. « Cette formation m’a permis d’explorer l’écosystème de la santé sexuelle et reproductive au Bénin. Au cours de mes lectures, j’avais une compréhension superficielle de ces lois, je n’avais pas une explication aussi approfondie des experts », confie Nadine Béhanzin, étudiante en sciences du langage.
Pour d’autres, il n’est point de doute, ce message sera partagé dans leur entourage. « Sachant que l’avortement peut ôter la vie aux femmes et aux jeunes filles, je m’engage à être un ambassadrice pour porter la bonne information à toutes les oreilles », promet Viviane Dogbali, étudiante en droit privé.
Alain Azoassi, juriste de formation et responsable projet dans une ONG de la place a également compris qu’il n’est pas question d’autoriser l’avortement médicalisé à tout-va, mais que les conditions d’accès sont allégées et encadrées afin de réduire la prévalence des avortements clandestins et risqués. À l’en croire, il mettra en œuvre sous peu une campagne de restitution à l’endroit des cibles analphabètes et aux jeunes en apprentissage dans les zones périphériques de Cotonou. C’est d’ailleurs un défi que les organisateurs entendent relever très prochainement.
Notons que ces sensibilisations se poursuivront à Bohicon le 10 décembre puis à Porto Novo le 13 décembre.

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