Enfants apprentis au Bénin : les âmes démunies exposées aux problèmes de santé

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Au Bénin, le système d’apprentissage est la seule voie d’accès à la connaissance pour les enfants mineurs qui se pose en alternative à la scolarisation ou par faute de moyens. Malheureusement, les enfants pendant l’apprentissage sont sujets à plusieurs formes de maltraitance. À la longue, cela peut avoir un impact négatif sur leur santé aussi bien physique que mentale. Pour comprendre ce phénomène, votre rédaction s’est rapprochée des spécialistes de la santé des enfants.

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Il était environ 15h 15 quand nous sommes descendus dans un atelier de mécanique moto. L’atelier est situé dans la vons longeant les rails au quartier Lobozounkpa, commune d’Abomey-Calavi. Sous un soleil de plomb, trois garçons apprentis s’affairent, tous couchés, sous une motocyclette à trois roues. Les clés mécaniques en main, les enfants recherchent une panne technique. Le plus petit des trois jeunes apprentis mécaniciens, âgé seulement de 10 ans, se cogne la tête contre l’engin en tentant de se redresser. Il retient toute sa douleur. Vêtu d’un t-shirt et d’une culotte dont le coton est fatigué et usé jusqu’au fond, son corps frêle montre toute sa situation d’apprentissage. Son nom : Anicet Lokossou. Comme lui, plusieurs enfants de son âge, subissent les affres de l’apprentissage sous nos cieux. Sous la pluie, le soleil, ces petites filles et garçons en âge de scolarisation sont exploités dans les ateliers. « Je dors à l’atelier ici avec mes collègues. On ouvre l’atelier à 7h et on ferme à 20h ». Cela équivaut à 14 heures de travail en journée pour Anicet. « Il m’est impossible de garer même une moto, car je suis encore petit et je ne possède pas cette force. Mais, parfois je suis tenté de le faire tout seul et ça pèse », affirme Anicet, l’air inquiet de sa situation. Plus loin, dans un atelier de couture du même quartier, nous avons rencontré, Marc un apprenti couturier. L’adolescent estime que son patron ne respecte pas les exigences de son contrat. « Il m’a dit qu’après la signature du contrat, j’aurai un repos toute la journée du mercredi, et un repos de 3 heures environ les après-midis. Depuis la signature du contrat, rien n’est fait », se désole Marc.

Le châtiment corporel, pain quotidien des enfants apprentis

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Les enfants mis en condition d’apprentissage sont les plus exposés aux châtiments corporels après une quelconque bévue. « Dans l’après-midi, à la pause, il me faut parcourir une longue distance pour aller manger à la maison. Cela fait que j’accuse de retard pour revenir à l’atelier. Et, mon patron me frappe. En ce moment, il m’arrive d’abandonner l’apprentissage », raconte Eric, apprenti couturier.Interrogés, certains patrons d’atelier continuent d’estimes que le châtiment corporel est nécessaire. « Quand bien même, tu ne veux pas frapper les apprentis, ils font une connerie pour te sortir de tes gonds. Je suis obligé de les frapper. C’est interdit, mais il le faut », avoue Monsieur Jonas, un patron d’atelier de couture. Pourtant, la loi n°2015-08 du 08 décembre 2015 portant code de l’enfant en République du Bénin interdit les formes de châtiments corporels en son article 119. « Toutes les formes de châtiments corporels sont interdites à l’école, dans les centres d’apprentissage professionnels et des structures d’accueil ». Une loi, qui n’est pas du tout respectée par les maîtres d’apprentissage. Conséquence, le châtiment corporel continue de fait partie du système d’apprentissage.

Les enfants apprentis sont exposés aux risques sanitaires

Les enfants apprentis sont exposés à des risques multiples et variés pour leur santé et leur sécurité. À en croire, Dr Midete Jean Patrice, Médecin-Pédiatre à l’hôpital de zone de Djidja-Abomey-Agbangnizoun, ces risques sont liés aux métiers ou à l’environnement de travail. « Le métier de vulcanisateur par exemple nécessite beaucoup d’efforts, ce qui favorise la survenue des hernies et des troubles musculo-squelettiques avec des déformations chez l’enfant. Les métiers de mécanicien ou de peintre exposent les enfants apprentis à l’huile à moteur et à certaines substances chimiques qui engendrent des maladies de peau et même des cancers ». Aussi, le manque d’attention à l’égard des enfants apprentis peut engendre pour ces derniers des accidents de travail avec des blessures graves voire mortelles. Approché, Romuald Assoclé, médecin généraliste regroupe les conséquences sanitaires sous deux ordres. « Sur le plan physique, la maltraitance de l’enfant peut favoriser des fractures. On frappe l’enfant jusqu’à ce que surviennent des légions osseuses ». Il peut y avoir aussi « les entorses, les infections de la peau, des hématomes ». Sur le plan psychologique, ces enfants sont souvent anxieux. Ils sont assujettis à la dépression et des troubles de sommeil. La conséquence de toutes les atteintes se résume aux problèmes de croissance, car « ils ne dorment pas bien, vivent dans la saleté, dans l’incurie ; ils sont mal habillés, ont les cheveux mal entretenus. » Le Médecin-Pédiatre Dr Midete Jean Patrice recommande aux patrons de respecter la loi n° 2015-08 du 08 décembre 2015 portant Code de l’enfant en République du Bénin qui réglemente le travail des enfants et interdit l’apprentissage avant 14 ans.

Médard CLOBECHI

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