Journée mondiale de lutte contre le paludisme dans l’Atacora : À Tanguiéta-Matéri-Cobly, MSF et les populations unissent leurs forces contre le paludisme

Le département de l’Atacora , situé à l’extrême nord-ouest du Bénin, s’étend sur 20 499 km² et compte 384 villages. Classé troisième département le plus vaste du pays, l’Atacora est sévèrement touché par un paludisme endémique, principale cause de morbidité et de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans.

Face à cette situation alarmante, Médecins Sans Frontières (MSF), organisation médicale humanitaire internationale, a lancé un projet dans le département pour apporter une assistance médicale en synergie avec la politique nationale de santé communautaire.

Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, MSF a organisé, le vendredi 25 avril 2025, une grande mobilisation à la maison des jeunes de Cobly. Autorités, journalistes, agents de santé et communautés locales étaient réunis pour renforcer la sensibilisation sur les gestes de prévention et les réflexes à adopter face à la maladie. En amont, une équipe de journalistes a sillonné les zones sanitaires de Tanguiéta, Matéri et Cobly pour constater les réalisations de MSF sur le terrain.

Ensemble contre le paludisme, un appel à la mobilisation générale

Chaque 25 avril, la communauté internationale se mobilise pour rappeler l’urgence de l’éradication du paludisme, maladie infectieuse transmise par les piqûres de moustiques anophèles. En Afrique subsaharienne, le fléau reste massif, et l’Atacora n’est pas épargné.

À Cobly, la Journée mondiale du paludisme a été marquée par un engagement collectif impulsé par MSF et ses partenaires. Objectif : soutenir la vision nationale « Zéro paludisme d’ici 2030 ». « La prévention est le médicament du pauvre », a souligné Viviane Kpéra, du programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), rappelant l’importance d’un engagement communautaire, politique et financier.

Tuo Songoufolo, Coordinateur du Projet Atacora , a détaillé les interventions de MSF : prise en charge gratuite des enfants de 0 à 5 ans et des femmes enceintes dans les structures sanitaires de Cobly, Matéri et Dassari, avec transferts des cas graves vers l’hôpital de Tanguiéta.

La population a été invitée à adopter des comportements préventifs simples mais efficaces : adhésion aux campagnes de chimio-prévention saisonnière, vaccination des enfants contre le paludisme, désherbage autour des habitations, élimination des eaux stagnantes, utilisation systématique des moustiquaires imprégnées, amener immédiatement sans tarder l’enfant qui a un corps chaud au Centre de santé

« Le paludisme est une maladie grave mais évitable, soignable et guérissable. Respectons les consignes de santé », a insisté Tuo Songoufolo.

Dr Charles Tolno, Responsable Médical MSF, a lancé un appel vibrant :
« Restons mobilisés et solidaires. En réinventant nos stratégies et en ravivant nos efforts, nous pouvons construire un avenir sans paludisme pour nos enfants. »

Un message partagé par Dr Doumitou Moutouama, Directeur Départemental de la Santé, et Dr Mohamed Bawa Cissé, représentant du préfet de l’Atacora , qui ont réaffirmé leur soutien total à MSF.

Projet Atacora, des actions humanitaires concrètes au service des populations

Lancé en 2023, le projet Atacora de MSF repose sur deux piliers à savoir, la prévention et la prise en charge gratuite du paludisme pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes à Tanguiéta, Matéri et Cobly et la préparation et la réponse aux urgences humanitaires et sanitaires dans les neuf communes du département.

Les premiers résultats sont probants. Entre 2023 et 2025, plus de 15 000 enfants et plus de 1000 femmes enceintes ont bénéficié de soins gratuits contre le paludisme.

Parallèlement, 6 953 enfants ont été dépistés pour la malnutrition, révélant 528 cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) et 966 cas de malnutrition aiguë modérée (MAM).

852 patients atteints de paludisme grave ont été référés vers l’hôpital Saint-Jean de Dieu à Tanguiéta. MSF a aussi contribué à la collecte de 196 poches de sang pour les besoins transfusionnels d’urgence.

À ces actions médicales s’ajoutent des réalisations structurelles : réhabilitation d’infrastructures sanitaires (douches, toilettes, maternités) ; aménagement d’espaces pour la gestion sécurisée des déchets biomédicaux.

« En cas de conflit, de catastrophe naturelle ou de blessure, MSF assure aussi les premiers soins et les évacuations si besoin », a précisé Evariste Bogninou, infirmier-chef de poste à Matéri.

Des témoignages émouvants de bénéficiaires

Sur le terrain, les bénéficiaires saluent unanimement l’action de MSF.

« Lorsque mon enfant souffrait gravement du paludisme, il a été pris en charge gratuitement au centre de santé de Dassari puis transféré à Tanguiéta où il a guéri. Je remercie infiniment MSF », témoigne Bédari Maïmouna, mère de famille à Dassari.

La lutte contre le paludisme dans l’Atacora est désormais l’affaire de tous. Avec l’engagement de MSF, des autorités et des communautés, l’espoir d’un futur sans paludisme renaît.

Aristide Agbonagban