Organisation des missions dans les structures publiques : l’argent de l’État, otage d’un réseau mafieux
Les pratiques qui tranchent avec la décence dans la gestion des affaires publiques ont toujours cours dans les structures et institutions publiques du Bénin. Au nombre de celles-ci, figure le trafic des ordres de mission. Le coût de cette pratique est lourd à porter par le contribuable public nargué par un réseau de mafieux tapis dans les Administrations, les ministères, les institutions publiques, etc. En dépit des efforts de régulation à travers l’opérationnalisation de la plateforme du Système d’Encadrement des Missions Officielles (Semo), des fraudes sont perpétuelles dans l’administration publique et dans les institutions. Il s’agit dans les faits d’un marché noir de faux ordres de mission ou des missions fictives animé par des acteurs mus par des intentions sulfureuses. Dans cette affaire, l’État saigne. Tant ses caisses sont vidées sans aucune base légale. Au bout de quelques mois d’investigation, l’équipe de rédaction du journal Le Potentiel s’est rendu compte qu’il existe des faits de détournement des frais de missions réalisées ou non. Les victimes ne sont rien d’autre que des chauffeurs conducteurs de véhicules administratifs, des agents de sécurité commis comme gardes du corps des personnalités dans les institutions ou administration et bien d’autres agents sous ordres. Les champions de détournement des frais de mission usent de plusieurs stratégies. Les mis en cause seraient des »chefs » ayant un certain pouvoir et influence. Ces derniers vont programmer les chauffeurs et gardes du corps sur des missions sans que les concernés ne soient informés. Dans les administrations, ministères et institutions publiques, ces »chefs » vont remplir toutes les formalités en toute clandestinité et illégalité pour prouver que lesdites missions ont été effectuées pour ensuite empocher les frais de mission en lieu et place des chauffeurs et gardes du corps. Par ailleurs, dans ce marché noir des missions, la pratique révèle qu’ils sont nombreux à se retrouver sur des missions sans jamais s’y rendre. Par magie les faussaires parviennent quand même par des manières alambiquées à obtenir des ordres de mission visés arrivée et départ pour aller prendre de l’argent dans les caisses de l’État. Le clou de l’affaire est la pratique qui consiste pour les acteurs sulfureux à trafiquer les cachets de plusieurs unités de commissariats et même de la police des frontières juste pour viser les ordres de mission avec des noms fictifs de fonctionnaires fantômes. La suite, les sous sont décaissés et les réseaux d’agents mafieux s’engraissent les dents allègrement. Ne jamais quitter son bureau, mais détenir des ordres de mission visés arrivée et départ. Cette pratique prend de l’ampleur et profite bien aux fossoyeurs de l’économie nationale. L’équipe de rédaction du journal Le Potentiel a d’ailleurs réussi à collecter un quantum de spécimen de faux ordres de mission ou des missions non effectuées. La rédaction se réserve le droit de les publier pour permettre aux lecteurs de se délecter de ce type d’informations dans les tout prochains jours. Si la vertu peine à prendre le pas sur le vice, le trafic des ordres de mission met aussi au goût du jour les faiblesses du système de contrôle. Le gouvernement doit renforcer le système de contrôle avec plus de rigueur sur la plateforme du Système d’Encadrement des Missions Officielles. En parallèle, les faussaires tapis dans l’Administration, les structures, ministères devront être traqués pour être sanctionnés à la hauteur de leurs forfaitures. En cela, la Brigade économique et financière (Bef) doit déclencher une opération d’interpellation dans les institutions, ministères et autres structures concernés. L’heure de faire rendre gorge est arrivée et les faussaires ne pourront pas y échapper.
Brivaël Klokpê Sogbovi