À moins de 3 ans de la présidentielle 2026 : Talon, une trahison dans le rang de ses soutiens

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En avril 2016, Patrice Talon s’installe dans le fauteuil douillet et tant convoité au palais de la Marina. L’homme venait de battre à plate couture le système politique en place avec un projet de société fondé sur la rupture et le nouveau départ. Si les Béninois étaient séduits par la trame du discours du nouvel homme fort, c’est bien en raison des fermes engagements liés à une lutte implacable contre la corruption, les détournements, la mauvaise gestion, l’impunité et les autres formes de vices. Toutes choses qui étaient apparues, à l’heure du diagnostic comme des handicaps au développement tant souhaité. À l’épreuve de l’exercice du pouvoir d’État, Patrice Talon, a su envoyer des signaux forts et démontrer qu’il avait effectivement une aversion pour la mauvaise gestion des ressources publiques.

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Son premier mandat a été mis à profit pour poser les bases solides afin de vaincre le mal incurable de l’impunité suite à la mauvaise gouvernance. Réformes, lois, décrets, textes réglementaires, tribunaux spécialisés, déploiement des moyens matériels et humains, etc. Patrice Talon a sorti les grands moyens pour assumer, au prix d’une impopularité dans le milieu politique souillé, sa lutte contre les actes de mauvaise gestion des deniers publics. La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) est aujourd’hui l’un des symboles forts de cette lutte sans merci enclenchée par le Président de la République, Patrice Talon. Les Béninois, pour certains, dubitatifs au début, ont dû se rendre compte de la noblesse de cette lutte féroce. Face à la transformation fulgurante du pays grâce à la sécurisation des ressources mobilisées, les Béninois reconnaissent la pertinence des actions de lutte contre la corruption. Le Chef de l’État, lui-même avait battu campagne en 2021 sur la base des acquis.

Ses soutiens les plus convaincus tapis au sein des partis politiques et déployés à des postes de responsabilité avaient pompeusement annoncé qu’il fallait maintenir le cap. Un maintien de cap des réformes structurelles pour le développement, mais surtout aussi en matière de lutte contre la corruption, les détournements, les magouilles, la fraude, etc. Le discours est passé dans l’opinion et le peuple a fait le choix de la continuité lors de l’élection présidentielle en 2021. Talon, une trahison dans le rang de ses soutiensLa fin de toute chose vaut mieux que son commencement, nous enseigne les saintes Écritures. Autour du Président de la République, il y a bien des hommes et femmes.

Patrice Talon et ses fidèles soutiens sont embarqués à bord d’un navire forgé par des valeurs communes en matière de gouvernance. Malheureusement, aux encablures de la rive, l’osmose attendue entre le chef et ses lieutenants est en panne. La panne décelée concerne les valeurs de saine gestion des ressources de l’État. Le goût prégnant des cadres, directeurs généraux et directeurs techniques des sociétés et offices d’État et des ministères pour la mauvaise gestion sonne comme une trahison au sein même du navire Rupture. À moins de 3 ans de la fin du second et dernier quinquennat du président Patrice Talon, tout semble indiquer que les co-gestionnaires du pouvoir d’État n’ont plus la  »peur du chef ». Patrice Talon fait-il encore peur dans son propre camp? Non, est-on tenté de répondre.

Les cadres, directeurs généraux et directeurs techniques des sociétés et offices d’État et des ministères ont-ils encore peur devant les structures de dissuasion et de lutte contre la mauvaise gestion ? Non, va-t-on encore répondre. Dans les sociétés et offices de l’État, les ministères et même dans les institutions et autres structures publiques, la peur des représailles  »talonniennes » est vaincue. Plus aucun gestionnaire des ressources matérielles et financières de l’État n’a peur d’être inquiété. Tout se passe comme si la mauvaise gestion était légalisée.

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Devenue presque la règle, la mauvaise gestion dans les sociétés et offices de l’État, les ministères et même dans les institutions et autres structures publiques rappelle tristement la sombre époque qui alimentait l’indignation populaire sous les régimes précédents. Des anomalies de plus 130 milliards FCFA dans la passation des marchés publics ; des manœuvres impropres avec l’argent public à la CENA ; des frais de mission fantoches dans plusieurs ministères ; un réseau mafieux de trafic des ordres de mission avec plusieurs pertes d’argent au sein des institutions; des actes domaniaux signés en toute opacité par des maires dans certaines communes ; des soupçons graves de mauvaise gestion au sein de certaines institutions ayant coûté par exemple le poste à certains agents par exemple…

Ces quelques exemples non exhaustifs témoignent de la grippe de la mauvaise gestion qui se propage en cette fin de mandat sous le régime de la rupture. Les Béninois, interloqués, se demandent si c’est réellement sous le régime Talon que la mauvaise gestion est redevenue un sport favori. Le comble, c’est l’assurance des fautifs. Selon nos sources, ces cadres, directeurs généraux, techniques et autres responsables coupables de détournement se disent déjà à tort ou à raison, que la page Talon est tournée et qu’ils ont comme parrains des prétendants au fauteuil présidentiel en 2026. En clair, ils ne peuvent pas être inquiétés, affirment-ils. Mais, c’est un pari risqué. Le président de la République Patrice Talon est encore bien assis dans son fauteuil présidentiel et jouit des pleins pouvoirs liés à la fonction. Ce discours d’assurance qui traduit un choix délibéré de siphonner allègrement les caisses de l’État doit rapidement être combattu par une réaffirmation de l’autorité de l’État incarnée par Patrice Talon .

Ce n’est surtout pas le moment pour le chef de l’État de fléchir dans la lutte contre la mauvaise gestion. Des audits corsés doivent être diligentés dans les structures publiques pour certifier les comptes et les pratiques. Les résultats des audits déjà disponibles doivent être confiés aux juridictions compétentes pour indiquer le chemin de croix aux auteurs de gabegie financière et autres magouilles. Les fins de règne n’ont jamais été tranquilles. Entre fidélité aux valeurs prônées par le chef, trahison et défiance à l’autorité, les soutiens du Président Talon laisseront vraisemblablement apparaître leur vraie face. Il revient au chef de l’État de maintenir le cap de la fermeté avec sa politique de  »zéro impunité ». Les magouilleurs de l’heure qui trahissent les engagements de bonne gouvernance, s’ils ne sont pas traqués et punis aujourd’hui, le Président Talon sera malheureusement seul à devoir subir les critiques.

Le comble, ce sont les mêmes fraudeurs qui seront les premiers à accuser le régime Talon de régime corrompu et de régime tolérant sur les faits d’impunité. Le chef de l’État sait désormais à quoi s’en tenir s’il ne veut pas que la période qui annonce la fin de mandat s’accommode à la mauvaise gestion et ternisse l’image de marque de sa Rupture.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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