Réforme du secteur de la décentralisation au Bénin : SE, un fauteuil d’enfer et de mort dans les mairies

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Ils sont pris en tenaille de partout et de tous les côtés dans les mairies au Bénin. Les Secrétaires exécutifs (SE) frôlent chaque jour la mort. La réforme a induit une séparation des fonctions techniques et des fonctions politiques. Les hommes hyper puissants d’hier dans le système de la gouvernance locale sont devenus faibles. Les maires et certains cadres et autres élus communaux sont rangés dans un couloir précis. Les Secrétaires exécutifs ont pris du pouvoir. Ils sont dans des relations fonctionnelles et collaboratives avec les maires. En tant que patron de l’administration communale, les Se ont le droit de regard sur tout ce qui sort ou entre dans les mairies. Les magouilleurs patentés de l’ancien système n’ont plus d’issue pour leurs sales affaires.

La réforme a rendu incontournables les Se dans la gestion des mairies. Conséquence, dans la plupart des mairies, les Secrétaires exécutifs sont devenus la cible à abattre. Au-delà des chicanes posées par les ”puissants d’hier” devenus faibles avec les réformes, ces Secrétaires exécutifs (Se) doivent apprendre à composer avec le contexte spirituel local. Des faits d’armes au sein de plusieurs mairies prouvent qu’être Se, c’est faire le choix d’un combat de vie ou de mort. C’est accepter se mettre à dos toute la clique de personnes qui hier profitait des failles du système de gestion des ressources locales pour s’en mettre plein les poches. Les Secrétaires exécutifs sont pris à parti par presque tous les acteurs de la chaîne de la gouvernance locale. Les plus puissants sur cette chaîne étant des maires et des préfets. Des suspensions abusives, des pressions, des menaces, des attaques spirituelles… C’est la tasse de thé servie aux Se dans plusieurs communes du Bénin depuis l’opérationnalisation de la réforme. «Je dois gagner mes marchés même si je n’ai ni le profil ni la compétence ».

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Ces pratiques malsaines qui sont devenues des habitudes au sein des collectivités territoriales depuis 2003 ont été stoppées par la réforme. Et puisque ce sont les Se qui sont garants du bon fonctionnement des communes, ils sont confrontés à l’inimitié des ennemis du développement local. Dans le Zou, les Collines, l’Atacora, l’Atlantique, l’Ouémé et bien d’autres, il y a bien de communes qui offrent des faits à réflexion. Des Se menacés par des maires, leurs adjoints et des conseillers ; le mépris des textes par certains maires qui écartent les Se pour prendre langue et donner directement des instructions aux cadres pourtant placés sous l’autorité hiérarchique des Se ; l’émission des mandats pour des primes de sevrage au profit d’anciennes autorités de la commune par certains cadres sur instruction des maires et au mépris des textes ; des actes suspects de préfets ayant des accointances politiques avec les élus communaux pour torpiller le travail des Se…

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Le fauteuil de Se ressemble bien à un espace de stage en enfer au sein des mairies. Pis, il n’est toujours pas évident que la Cellule de suivi et de contrôle de la gestion des communes censée assurer la sécurité administrative et fonctionnelle des Se soit du bon côté. Cette cellule peut parfois aussi être victime de manipulation de la part des autorités communales qui cherchent les moyens de se débarrasser des Se ”têtus” soucieux uniquement du respect des textes et du développement des communes. Par extension, les responsables des affaires domaniales, les Personnes responsables des marchés publics (Prmp) et autres cadres techniques qui reçoivent instruction des Se sont tous en danger.

Ce tableau de faits hideux ne favorise en rien le développement souhaité des communes. Le Chef de l’État, Patrice Talon, qui a pensé insuffler une nouvelle dynamique dans la gouvernance locale n’aura aucun résultat satisfaisant si ces faits ne sont pas vite corrigés. Déjà, cet environnement hostile à la paix d’esprit est la cause des démissions de certains Secrétaires exécutifs ou le refus de certains Se tirés au sort de prendre service.

Malheureusement, des cas de maladie et de décès de Se font davantage remettent au goût du jour la méchanceté des ”puissants d’hier” avides de pouvoir et d’argent à tout prix et au mépris des règles. L’urgence d’une évaluation s’impose pour maintenir les équilibres souhaités au sein de l’administration communale dans les 77 communes.

B. K. S

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