Dans un souci de renforcement du système partisan béninois, les députés ont apporté des amendements à la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin.
La nouvelle mouture de la loi comporte des innovations qui induisent une restructuration profonde dans le jeu politique. Ainsi, pour être éligibles au partage des sièges, les partis doivent obtenir 20% des suffrages dans chacune des circonscriptions électorales du pays (soit 1/5ème des suffrages). Le défaut des 20% dans une circonscription élimine le parti de l’attribution des sièges. Chaque candidat à l’élection présidentielle doit être porté par au moins 15% du collège des parrains provenant de 3/5e des circonscriptions électorales législatives soit, par excès, 15 circonscriptions sur les 24. Ce nouvel attelage des seuils renferme une directive claire. Il s’agit désormais pour les acteurs politiques et conséquemment pour les partis politiques de développer un leadership et des appuis politiques partout au Bénin. La contrainte des 20% est un seuil éliminatoire. Le législateur a davantage mis la pression sur les acteurs et les partis politiques en énonçant clairement que le défaut d’obtention des 20% dans une seule circonscription électorale sur les 24 exclut d’office le parti politique de la scène d’attribution des sièges. Le challenge est assez osé et oppose aux élans individualistes l’impératif de devoir s’ouvrir aux autres pour avoir des appuis politiques partout sur le territoire national. Avec ce dispositif, les aventures solitaires garantissent presque systématiquement un échec électoral et une mort politique pour les acteurs politiques et les partis politiques. La raison commande désormais d’aller vers de grands regroupements politiques à ancrage national afin d’espérer recueillir un maximum de voix dans toutes les régions du pays pour se retrouver dans les cercles de pouvoir d’État, le parlement et les conseils communaux et municipaux. Ce Code exige de ceux qui aspirent à diriger le Bénin entier d’avoir un leadership et des appuis politiques dans tout le pays. Cette logique transparaît aussi dans la prescription qui oblige les candidats à l’élection présidentielle d’être portés par au moins 15% du collège de parrain provenant des ⅗ des circonscriptions électorales, soit, par excès, 15 circonscriptions électorales. Sans appuis politiques sur l’ensemble du territoire national, il est presque impossible à tout candidat à l’élection présidentielle d’obtenir ces parrainages. Ici encore, les aventuriers politiques ne pourront plus livrer le spectacle désolant auquel ils avaient habitué le peuple à chaque élection présidentielle. Les futurs candidats à l’élection présidentielle devront aussi développer un leadership politique assez fort dans toutes les régions du pays avant de se retrouver à la tête du pays. Celui qui incarne le pouvoir d’État doit être représentatif, car issu d’un parti lui-même bien présent sur tout le territoire national. Les députés sont tenus de parrainer des candidats de leur parti ou des candidats de la même obédience politique. Ces partis sont déjà représentatifs. Le candidat à l’élection présidentielle se doit d’être l’émanation des partis politiques. Quand on regarde les grands pays d’Afrique, d’Europe ou d’Amérique, on se convainc de l’utilité de la grandeur et de l’envergure des partis ainsi que de leur présence partout sur le territoire national.
En Afrique et en particulier dans la sous-région ouest-africaine, les cas du Ghana et du Nigeria sont des exemples. Dans ces pays, les grands partis constitués depuis des décennies, sont encore en place et animent la vie politique ; assurant ainsi la stabilité et l’unité nationale. Dans ces pays, particulièrement au Nigeria et au Ghana, il est difficile de dire qu’un parti est de telle ou telle région. La question des partis ethniques ou régionalistes est réglée dans ces pays. Avec le nouveau Code électoral adopté par le parlement le 5 mars 2024, le Bénin vient de se lancer à vive allure dans sa dynamique de grands regroupements politiques. En s’efforçant de développer un leadership dans toutes les régions, les acteurs politiques et les partis travailleront et contribueront ainsi à l’unité nationale, la stabilité politique et à l’équilibre du développement. Le code électoral modifié sonne le glas à l’émiettement des partis politiques et à la transhumance politique.
B. K. S